La British Army va changer de visage pour anticiper les crises et mener des opérations « en dessous du seuil »

Au regard des indiscrétions distillées dans la presse d’outre-Manche, on s’attendait à ce que la British Army fût profondément remaniée à l’occasion de la revue stratégique de défense, qui était alors en cours d’élaboration.

« Nous ne pouvons plus tenir pour acquise la supériorité des forces occidentales. Nos ennemis ont infiniment plus d’options. […] Nous nous retrouvons constamment confrontés dans une ‘zone grise’ – des actions agressives en dessous du seuil de conflit ouvert », a encore répété Ben Wallace, le ministre britannique de la Défense, dans les colonnes du quotidien « The Telegraph », le 21 mars, soit à la veille de la publication de cette revue, intitulée « La défense à l’ère de la compétition. »

Et, comme attendu, la British Army va changer de visage et verra son effectif une nouvelle fois réduit : d’ici 2025, elle ne comptera plus que 72.500 engagés, les réservistes étant appelés à intervenir sur le territoire national, en appui aux autorités civiles. Dans le même temps, elle va accroître sa capacité à contrer les actions menées en-deçà du seuil de déclenchement d’un conflit, comme l’avait précédemment expliqué M. Wallace.

Pour cela, la British Army sera profondément réorganisée afin qu’elle soit « plus légère, plus meurtrière, plus agile et mieux adaptée aux menaces actuelles et futures. » En conséquence, son ordre de bataille reposera notamment sur 7 brigades de combat [deux lourdes, deux légères, une dédiée aux frappes dans la profondeur, une dite d’aviation de combat et une aéromobile].

Appelées Brigade Combat Team [BCT], comme celles de l’US Army, elles seront « plus autonomes » et « capables de répondre à la demande en s’appuyant sur leurs propres unités de logistique et de soutien au combat.  »

Pour l’intervention rapide, une « Global Readiness Force » sera créée, avec la 1ère Brigade d’aviation de combat, activée en 2020, la 16e Brigade d’assaut par air et une unité d’infanterie. Elle devra être « prête à répondre aux crises émergentes, du secours humanitaire à la réponse aux crises et à la guerre. »

La 3eme Division d’Infanterie, « capable de mener une bataille multi-domaines », restera la composante principale de la British Army tandis que la 1ere Division d’Infanterie devra être en mesure « d’opérer de manière indépendante ou dans le cadre de déploiements multilatéraux. » Enfin, la 6eme Division se concentrera « sur le cyberespace, la guerre électronique, les opérations d’information et les capacités non conventionnelles conçues pour la guerre et es opérations menées en dessous du seuil » de déclenchement d’un conflit.

Parmi les nouveautés intéressantes, le document évoque la création d’un « régiment de Rangers » qui, composé de quatre bataillons, fera partie d’une nouvelle brigade d’opérations spéciales « capable d’opérer discrètement dans des environnements à haut risque et d’être rapidement déployable à travers le monde. »

Il est aussi question de former une Brigade d’assistance aux forces de sécurité, dont la mission consistera à accompagner les forces armées des pays partenaires et alliés. « Ces unités d’assistance aux forces de sécurité, déployées régulièrement dans le monde entier, contribueront à la prévention des conflits et à la résilience à un stade précoce », est-il expliqué.

Au niveau capacitaire, cela se traduira par le retrait de 77 chars de combat Challenger 2, les 148 restants devant être portés au standard « Challenger 3 ». La modernisation des blindés Warrior sera abandonnée et leur retrait se fera à mesure que seront mis en service les blindés de combat d’infanterie Boxer partir de 2025. Quant au programme de blindés de reconnaissance Ajax, lancé en 2014 et qui a pris du retard, il est confirmé.

En matière d’artillerie, il est question d’investir 250 millions de livres sterling dans un système de lance-roquettes multiple, qui devra à la fois être précis et de longue portée. En outre, une enveloppe de 800 millions de livres servira à financer un nouvel obusier de 155 mm. Le document évoque un investissement dans la « défense aérienne » des unités terrestres, afin de fournir un « système de plateformes connectées avec de nouvelles capacités à courte et moyenne portée.

S’agissant de l’aéromobilité, un nouvel hélicoptère de transport moyen remplacera les 20 Puma et les 5 Bell 212 et les AH-64 Apache seront modernisés.

Par ailleurs, des investissements sont également prévus pour accroître les capacités de la British Army dans les domaines du cyberespace et de la guerre électronique.

Et la robotisation fera aussi partie des priorités. « La collaboration homme-machine jouera également un rôle de plus en plus important dans la manière dont la British Army produira des effets », est-il avancé dans le document. « Nous veillerons à ce que nous soyons en mesure de relever les défis de l’avenir avec la création d’un nouveau bataillon d’expérimentation, issu du Yorkshire Regiment, qui dirigera les essais des technologies de pointe et leur traduction en termes capacitaires », explique le document à ce sujet.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]