Une milice chiite a abattu un hélicoptère militaire Mil Mi-17 afghan

Dans la soirée du 18 mars, un hélicoptère Mil Mi-17 de l’armée nationale afghane s’est écrasé dans un district de la province de Wardak [centre du pays], avec « quatre membres d’équipage et cinq membres des forces de sécurité » à son bord, selon le ministère afghan de la Défense. Tous les occupants y ont laissé la vie.

Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour connaître la cause de la chute de cet appareil. « Notre hélicoptère a été abattu », a en effet indiqué, le lendemain, Ashraf Ghani, le président afghan, qui a ensuite assuré que les responsables seraient « sérieusement punis. »

Par le passé, le mouvement taleb afghan a affirmé, à plusieurs reprises, avoir abattu des hélicoptères. Comme en août 2011, quand un CH-47 Chinook transportant des Navy Seal américains fut touché par des tirs de roquettes alors qu’il volait à l’est de Kaboul. Mais dans le cas du Mil Mi-17, il n’y est pour rien. Tout comme d’ailleurs la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique [EI-K], principalement implanté dans les provinces de Nangarhar et de Kounar.

En effet, le 20 mars, le ministère afghan de la Défense a affirmé que, sur « la base de son enquête et de preuves », l’hélicoptère a été « abattu par la milice d’Alipoor dans le district de Behsud.

La milice en question s’appelle le « Front de la résistance » [Jabha-ye Moqawamat]. Ce groupe armé a été créé vers 2015 par Ghani Alipoor [ou Alipur/ Alipor], alias « commandant Shamsher », en réaction à l’inaction des autorités afghanes face aux exactions et aux attentats commis contre la minorité des Hazaras [principalement de confession chiite, nldr] par l’EI-K et le mouvement taleb.

Depuis, cette organisation a pris de l’ampleur, notamment grâce au recrutement de miliciens chiites afghans ayant combattu en Syrie après avoir été recrutés par l’Iran. Et elle s’en prend désormais aux forces de sécurité afghanes, en particulier dans la province de Wardak. Visiblement, ce « Front de la résistance » est bien armé…

Selon le média local TOLOnews, qui cite une « source sécuritaire de haut niveau », l’hélicoptère aurait été touché par une « arme à guidage laser ». Est-ce une façon d’accuser l’Iran d’avoir fourni des armes à ce groupe armé?

A priori, selon la vidéo obtenue par TOLOnews et montrant la chute de l’appareil, tout laisse supposer qu’un missile à infrarouge a été utilisé étant donné qu’il a atteint le Mil Mi-17 au niveau de son rotor c’est à dire une « partie chaude ».

Or, les missiles de type MANPADS [Man-portable air-defense systems] sont généralement dotés d’un tel système de guidage, comme le Stinger, par exemple, qui fut largement répandu en Afghanistan par les services américains pour aider les « moudjahidines » à faire face aux troupes soviétiques.

Cependant, en 2010, l’Iran avait affirmé avoir mis au point le Qaem, décrit par le ministre iranien de la Défense de l’époque, Ahmad Vahidi, comme étant un missile léger à « guidage laser, […] capable de détruire des cibles aériennes à basse altitude, en particulier des hélicoptères de combat. » Cela étant, le Startreak britannique et le RBS-70 suédois sont aussi à guidage laser.

Quoi qu’il en soit, le Jabha-ye Moqawamat doit s’attendre à une vive réaction. « Le ministère de la Défense se vengera de l’attaque à tout prix », a affirmé Fawad Aman, son porte-parole.

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