La marine italienne pourrait transformer le porte-aéronefs Garibaldi en base spatiale flottante


Étant donné que la vitesse de rotation de la Terre est la plus élevée au niveau de l’équateur, c’est donc au plus près de ce parallèle qu’un lancement de fusée sera optimisée. D’où l’installation du Centre spatial guyanais à Kourou. Cependant, pour des lanceurs aux dimensions réduites, d’autres solutions émergent en Europe.

Ainsi, en décembre dernier, Thomas Jarzombek, le coordinateur pour les affaires aéronautiques et spatiales du gouvernement allemand, a évoqué l’idée d’installer une base pour les lancements spatiaux dans le nord de l’Allemagne. Plusieurs solutions ont été avancées : agrandir l’aéroport régional de Nordholz, utiliser celui de Rostock-Laage, en mer Baltique, ou bien encore installer une plate-forme flottante en mer du Nord, comme l’envisage de le faire l’américain SpaceX.

Actuellement, sous l’égide du ministère allemand de l’Économie, un programme de micro-lanceurs, capables de mettre sur orbite des charges utiles de quelques kilogrammes, est en cours. Trois entreprises du secteur sont en lice, dont HyImpulse Technologies, Rocket Factory Augsburg et Isar Aerospace Technologies.

Le Royaume-Uni a également des ambitions dans ce domaine. À la fin des années 1960, l’industrie aérospatiale britannique avait développé la fusée « Black Arrow » qui, surnommée « The Lipstick Rocket » en raison de son apparence, mit sur orbite le satellite scientifique Prospero X-3 au cours de son quatrième et ultime vol, en 1971, après avoir été lancée depuis la zone interdite de Woomera, en Australie. Désormais, c’est en Écosse que Londres entend faire décoller des lanceurs spatiaux, plus précisément à l’extrême-nord des îles Shetland.

Mais l’une des solutions sans doute la plus intéressante vient d’Italie, puissance spatiale de premier plan, avec le lanceur léger Vega [Vettore Europeo di Generazione Avanzata]. En effet, la Marina Militare envisage de transformer le porte-aéronefs « Guiseppe Garibaldi » en plate-forme de lancement.

Ce navire de 14.000 tonnes, entré en service en 1985, doit être prochainement remplacé par le porte-aeronefs Trieste, deux fois plus imposant.

Comme le souligne Rivistia Marittima [.pdf], la revue officielle de la Marine italienne, « l’hypothèse envisagée d’utiliser le Garibaldi comme plate-forme de lancement a une valeur stratégique considérable » pour l’Italie car celui procurerait une « capacité d’accès autonome à l’espace ».

Et d’expliquer que le pays serait ainsi en mesure de décider par lui-même le moment de mettre ses satellites en orbite, sans de préoccuper des « priorités fixées par l’Union européenne » et sans avoir à attendre « la fenêtre d’assignation [et de partage] de la seule base de lancement actuellement utilisable, à savoir la base française de Kourou. »

En réalité, faire d’un navire une plateforme de lancement n’est pas vraiment neuve. Dans les années 1960, la Marina Militara avait en effet transformé le croiseur « Garibaldi » pour lui permettre de tirer des missiles balistiques américains Polaris, dans le cadre du traité « Multilateral Nuclear Force » [MNF] de l’Otan.

Mais ce projet n’alla pas plus loin, en raison du Traité de non-prolifération [TNP], l’Union soviétique ayant exigé l’abrogation du MNF pour le signer.

Par la suite, l’Italie, qui avait toujours des ambitions en matière d’armement nucléaire, lança son propre programme de missile balistique qui, appelé Alfa, fut confié à la Marina Militare. Officiellement, il s’agissait de conduire des recherches sur la propulsion à propergol solide à des fins civils et militaires. Mais, Rome ayant signé le TNP sous la pression des États-Unis, ce projet s’arrêta après trois essais réussis réalisés entre 1975 et 1976 depuis le polygone de tir de Salto di Quirra [Sardaigne]. Cependant, il permit à l’industrie aérospatiale transalpine d’acquérir des savoir-faire qu’elle utilisera pour mettre au point les propulseurs d’appoint de la fusée Ariane ainsi que le lanceur Vega.

Cela étant, avoir une idée est une chose. Et la réaliser en est une autre. Sur ce point, Rivistia Marittima ne dit rien sur le coût de la transformation du Garibaldi en base spatiale flottante. Mais comme le fait remarquer Forbes, le simple fait d’évoquer une telle hypothèse est « révélateur des priorités spatiales » de l’Italie.

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