La Russie est soupçonnée de brouiller les systèmes GPS des avions de la Royal Air Force basés à Chypre

Au moment d’accorder l’indépendance à Chypre, en 1960, le Royaume-Uni négocia et obtint le maintien de deux bases militaires importantes dans le sud de l’île, à savoir celle de Dhekalia pour la Royal Navy et celle d’Akrotiri pour la Royal Air force. Ces deux emprises occupent 254 km2, soit 3% du territoire de l’île. Étant donné leur position stratégique, elles abritent des stations d’écoutes électroniques.

Actuellement, au vu des tensions régionales, la base d’Akrotiri est la plaque tournante des opérations britanniques menées en particulier contre l’État islamique [opération Shader, ndlr]. Ces derniers jours encore, l’aviation britannique a d’ailleurs été sollicitée pour frapper l’organisation jihadiste dans le nord de l’Irak.

Ainsi, pour la première fois, le 11 mars, un Eurofighter Typhoon a tiré un missile de croisière Storm Shadow [ou SCALP] contre des positions tenues par Daesh au sud-ouest d’Erbil. Deux raids ont ensuite été menés les 12 et 13 mars par la RAF, dans le même secteur.

Cela étant, les opérations de la RAF ont récemment été perturbées par le brouillage des signaux de géolocalisation par satellite [GPS] dans les environs d’Akrotiri. C’est ce qu’affirment les quotidiens The Times et The Telegraph, en citant des sources du renseignement militaire britannique.

Ces dernières ont ainsi confié au premier qu’un « État hostile a régulièrement tenté d’interférer avec les communications par satellite des avions de transport A400M qui venaient de décoller d’Akrotiri.

Quant au second, s’appuyant sur une source du ministère britannique de la Défense, il affirme que des « avions de la RAF au départ de Chypre ont vu leurs signaux GPS brouillés par une action hostile. » Et d’ajouter que les avions en question ainsi affectés « seraient des Typhoon, des F-35B, des A400M et des Voyager » [avion-ravitailleur A330 MRTT, ndlr].

Pour le moment, ce brouillage des signaux GPS n’a donné lieu à aucun incident. Mais il n’en reste pas moins qu’il peut être dangereux pour la navigation aérienne… Pour la défense britannique, il ne fait guère de doute que les forces russes déployées en Syrie en sont les responsables… car ce sont les seules, dans la région, à disposer d’une telle capacité.

Cependant, il n’a pas pu être établi si le brouillage des signaux a été effectué depuis la Syrie ou s’il est le fait d’agents russes présents à Chypre.

Cela étant, en 2019, la base russe de Hmeimim, en Syrie, avait été accusée d’être indirectement à l’origine de la perte des signaux GPS alors régulièrement constatée en Israël, ce qui affectait la circulation aérienne. Selon toute vraisemblance, il ne n’agissait pas d’une action délibérée, les forces russes cherchant à l’époque à se protéger des attaques de drones tout en cherchant à affirmer leurs capacités en matière de guerre électronique face à la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

Quoi qu’il en soit, pour Londres, le brouillage des signaux GPS dans les environs d’Akrotiri est typique des actions « en-deçà du seuil » d’un conflit armé que peut mener la Russie. Reste que, a fait valoir un responsable britannique, il y a quand même une « confrontation ».

Pour rappel, la revue stratégique, dévoilée cette semaine par le grouvernement britannique, estime que la Russie représente la « menace directe la plus aiguë contre le Royaume-Uni. »

Ce n’est pas la première fois que la Russie est accusée de brouiller les signaux GPS. Elle l’a ainsi été à plusieurs reprises par la Norvège et la Finlande. En outre, en mer Noire, il est régulièrement rapporté des cas de « spoofing », c’est à dire d’attaques consistant à tromper un récepteur GPS en lui envoyant de faux signaux.

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