Rheinmetall s’attend à recevoir un contrat pour moderniser les chars Challenger 2 britanniques

Ce n’est que la semaine prochaine que l’on saura comment se déclinera la revue stratégique que vient de publier Londres au niveau des capacités que devront posséder les forces armées britanniques. Jusqu’à présent, beaucoup de rumeurs ont circulé… Mais sans doute s’agissait-il de prendre la température avant de confirmer ou d’infirmer certaines décisions.

Pour le moment, il est acquis que la dissuasion britannique, qu repose exclusivement sur quatre sous-marins nucléaire lanceurs d’engins [SNLE] de la Royal Navy, verra le nombre de ses armes nucléaires augmenter de 40%. Mais il est attendu que la British Army fasse les frais des nouvelles orientations de Londres en matière de défense.

En août dernier, et alors que, à la Chambre des communes, le Comité de la Défense venait d’annoncer le lancement d’une mission parlementaire sur les flottes de blindés de la British Army, la presse avança qu’il était question de retirer du service la totalité des chars Challengers 2 actuellement en dotation. Même chose pour les 388 véhicules de combat d’infanterie « Warrior ». Et cela, afin de réaliser, notamment, des économies en s’épargnant de les moderniser comme il était jusqu’alors prévu.

Qu’en sera-t-il exactement? Lors de la présentation des résultats de l’année 2020 du groupe qu’il dirige, Armin Papperger, le Pdg de l’allemand Rheinmetall, a vendu la mèche en disant [dixit les médias d’outre-Rhin] que le ministère britannique de la Défense [MoD] devrait annoncer dans les prochains jours la notification d’un contrat de 750 millions d’euros pour la modernisation des Challenger 2.

Cependant, cette annonce devant être faite le 22 mars, un porte-parole de Rheinmetall a corrigé le tir en affirmant que M. Papperger avait été mal compris. Il a déclaré que « Rheinmetall était convaincu que RBSL [la co-entreprise que forme le groupe allemand avec BAE Systems Land, ndlr] signerait le contrat de modernisation du Challenger 2 dans un proche avenir », que « RBSL était toujours en discussion avec le MoD » et « attendait avec impatience un résultat positif » à l’issue des négociations.

Bref, dans un cas comme dans l’autre, la British Army gardera ses chars. Reste à savoir exactement combien… Quant à la modernisation envisagée, elle consisterait à leur intégrer une nouvelle tourelle dotée d’un canon à âme lisse de 120 mm et de leur installer une nouveau système de visée ainsi qu’un un système de contrôle de tir informatisé. Le coût de ce programme avait initalement été évalué à 1,5 milliard de livres sterling. Ce qui laisse supposer que le nombre de Challenger 2 sera drastiquement réduit.

D’une manière générale, et comme l’a souligné le rapport qu’a fini par publier, la semaine passée, la Chambre des communes, les blindés ont été négligés depuis maintenant une trentaine d’années. Et quand des programmes d’acquisition sont lancés, ils prennent vite du retard, comme c’est le cas pour le remplacement des véhicules blindés de reconnaissance, lancé en 2014 avec une enveloppe de 5,3 milliards de livres sterling [programme Ajax, ndlr]

« L’histoire récente des véhicules blindés de combat de l’armée britannique est déplorable. Ce rapport révèle une triste histoire de procrastination bureaucratique, d’indécision militaire, de mauvaise gestion financière et d’une ineptie générale, qui ont continuellement entravé les tentatives de rééquiper correctement la British Army au cours de deux dernières décennies », a écrit le comité de la Défense.

« Si l’armée britannique devait combattre un adversaire équivalent [comprendre : la Russie] en Europe de l’Est au cours des prochaines années, alors qu’ils restent sans aucun doute parmi les meilleurs au monde, nos soldats seraient forcés de se battre avec une combinaison de véhicules blindés obsolètes, la plupart d’entre eux ayant au moins 30 ans ou plus, avec une faible fiabilité mécanique, très largement vulnérables face à des systèmes de missiles et d’artillerie plus modernes et manquant de façon chronique de défense aérienne adéquate », ont dénoncé les députés.

Seulement, il est régulièrement avancé, outre-Manche, que les façons de faire la guerre ont changé et que, en conséquence, il fallait mettre l’accent sur le cyber, l’espace et, plus généralement, sur les armes de rupture. « La guerre traditionnelle reste une possibilité réelle et effrayante. Et on doit y être pleinement préparés », fait valoir le rapport, pour qui la situation dans laquelle se trouvent les blindés de la British Army est devenue « totalement inacceptable » et doit en conséquence être « rapidement réformée. »

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