Les armées françaises ont fait une démonstration de force en Méditerranée orientale

« La zone Méditerranée sera le défi des prochaines années tant les facteurs de crise qui s’y conjuguent sont nombreux : contestation des zones maritimes, affrontements entre pays riverains, déstabilisation de la Libye, migrations, trafics, accès aux ressources », avait résumé le président Macron, lors de son dernier discours prononcé à l’Hôtel de Brienne, à la veille du 14-Juillet 2020.

Et, après avoir appelé à la mise en place d’une « véritable politique européenne », d’ajouter : « La Méditerranée ne peut construire une paix durable sans nous, nous ne pouvons accepter que notre avenir soit construit par d’autres puissances. »

Les semaines suivantes, la Méditerranée orientale fut le théâtre de vives tensions, causées par la présence de navires de recherches turcs dans des zones maritimes revendiquées par la Grèce et la République de Chypre. La France y avait réagi par l’envoi de Rafale B à Chypre, puis en Crète. Depuis, la Marine nationale a « ostensiblement affiché sa présence » dans cette région, avec l’envoi régulier de frégates pour prendre part à des exercices [et, plus récemment, avec le déploiement du groupe aéronaval formé autour du porte-avions Charles de Gaulle].

Mais, le 13 mars, cet intérêt pour la Méditerranée orientale s’est traduit par une démonstration de force, dans le cadre de l’exercice « Rhéa » [en référence à la mère des dieux grecs Zeus, Hades et Poseidon, ndlr], qui n’avait pas été annoncé. Lors d’une audition au Sénat, quatre jours plus tard, la ministre des Armées, Florence Parly, en a livré quelques détails.

« Les forces armées françaises ont conduit un exercice inédit de contre-terrorisme en Méditerranée, au large de la Crète », a ainsi annoncé la ministre.

Cet exercice a consisté à reprendre le contrôle d’un navire piraté par des terroristes pour en faire une « base de tir sur l’eau ». « Voilà le scénario qui a mobilisé toute la palette du haut du spectre de nos moyens terrestres, navals et aériens », a précisé Mme Parly.

« En seulement quelques heures, des commandos marine ont été projetés par avion sur zone avec une embarcation légère d’assaut. Des Rafale et des hélicoptères Caracal ont décollé de France pour rejoindre le navire sous le contrôle des terroristes, à 2000 kilomètres de nos bases, et se sont engagés directement dans sa libération », a-t-elle ajouté.

Ceci explique certains mouvements observés le 13 mars via les sites de suivi du trafic aérien, un E3F AWACS et au moins un avion ravitailleur C-135FR de l’armée de l’Air & de l’Espace [aAE] ayant été repérés dans le secteur où a été organisé l’exercice français. Ce dernier a dû impliquer un KC-130J pour le ravitaillement en vol des Caracal de l’escadron 1/67 Pyrénées.

Selon Mme Parly, cette manoeuvre « a mobilisé 450 militaires, des soldats de l’armée de Terre, des aviateurs, des bâtiments de la Marine qui opèrent régulièrement dans cette zone, ainsi que d’importants moyens de commandement et de contrôle. »

Les frégates multimissions Auvergne et Languedoc [qui a récemment participé à un exercice au large de la Sicile], le bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain [BSAM] Loire ainsi que le porte-hélicoptères amphibie [PHA] Mistral sont actuellement déployés dans la région.

« L’assaut a été bref grâce à la très forte réactivité de nos forces et à la capacité de projection de nos armées », a ensuite souligné Mme Parly, avant d’insister sur le fait que « seulement trois Nations dans le monde sont capables de conduire une telle opération. »

« Avec cet exercice au fond, nous portons un message. Sous notre vigilance française et européenne, ce message c’est que la Méditerranée ne sera jamais un espace de non-droit » et que « la France a la volonté de participer à la préservation de la sécurité et de la stabilité du bassin méditerranéen, aux côtés de ses alliés », a continué la ministre. « En projetant à longue distance ses moyens d’intervention et en mettant en œuvre son savoir-faire exceptionnel, la France montre qu’elle a les moyens de se défendre avec ses alliés », a-t-elle insisté.

Avant d’évoquer cet exercice « inédit », Mme Parly avait de nouveau évoqué la Turquie, qualifiée d' »acteur déstabilisant, ‘perturbateur’, qui a mené une politique extérieure offensive et agressive, notamment par l’organisation de campagnes de prospection gazière en Méditerranée orientale escortées par de nombreux navires de guerre » et qui « cherche à s’imposer par la force et par le fait accompli. »

Outre la Turquie, la ministre a également évoqué la Russie, qui s’est « imposée comme l’un de nos principaux compétiteurs stratégiques au Sud de la Méditerranée, au Levant et en Afrique, où elle cherche à sécuriser ses implantations. »

Photo : archive

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