Une embuscade fait une trentaine de tués dans les rangs des Forces armées maliennes

Lors d’une audition parlementaire, en novembre dernier, le commandant de la force Barkhane, le général Marc Conruyt, s’était montré prudent, en évoquant les résultats obtenus face aux organisations jihadistes, et en particulier contre l’État islamique au grand Sahara [EIGS] dans la région dite des trois frontières, car situées aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

L’EIGS « a été affaibli dans le Liptako malo-nigérien, même s’il convient de garder une forme de prudence sur l’évaluation que nous faisons de cet ennemi », avait-il en effet affirmé. Et de noter que « si celui-ci conserve une capacité de nuisance et de régénération, il semble davantage à la portée des forces partenaires sahéliennes. » En outre, il avait également estimé que l’ennemi le « plus dangereux » était alors le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM], lié à al-Qaïda.

Quoi qu’il en soit, et après les renforcement de Barkhane, décidé à l’issue du sommet de Pau, en janvier 2020, les forces armées sahéliennes n’avaient plus subi d’aussi lourdes pertes que par le passé face aux organisations jihadistes.

Et, depuis le début de cette année, plusieurs attaques terroristes d’ampleur ont été mises en échec. Comme cela fut le cas le 24 janvier dernier, où deux assauts « complexes » furent simultanément menés par les jihadistes contre les camps de Boulikessi et de Mondoro. Là, la réaction des Forces armées maliennes [FAMa], appuyées par Barkhane, avait permis d’infliger de lourdes pertes aux assaillants.

Puis, le 4 février, le GSIM revendiqua une attaque contre le camp de Boni, conduite avec un blindé repeint aux couleurs de la Mission des Nations unies au Mali [MINUSMA]. Les frappes effectuées dans la foulée par Barkhane neutralisèrent une vingtaine de jihadistes.

Cela étant, les attaques contre les camps militaires ne constituent le seul mode opératoires des groupes jihadistes. Ainsi, le 15 mars, la relève montante du poste de sécurité de Tessit, localité située à une soixantaine de kilomètres d’Ansongo, est tombée dans une embuscade tendue par une centaine d’hommes armés, circulant à moto et à bord de pick-ups, à la hauteur de Tassit, sur l’axe Lellehoye-Tessit. Le convoi se trouvait alors à une vingtaine de kilomètres de sa destination.

Depuis le premier communiqué publié par l’état-major malien pour informer de cette embuscade, le bilan n’a cessé d’être revu à la hausse. Ce 17 mars, il est ainsi fait état de 33 tués et de 14 blessés parmi les soldats maliens. Quant aux pertes infligées par ses derniers à leurs assaillants, elles s’éleveraient à 20 tués.

Selon la même source, deux hélicoptères de Barkhane [des Tigre?] étaient « sur zone » pour y appuyer les FAMa. Et une compagnie a immédiatement été envoyés sur les lieux de l’embuscade pour une opération de « ratissage ».

Par ailleurs, sur les réseaux sociaux, il est fait état de frappes aériennes contre un groupe terroriste effectuées dans la localité d’Intidaghmen, situé à environ 40 km au sud de Tessit. Il est probable que le groupe visé soit celui qui a été l’origine de l’embuscade.

La région où cette dernière a eu lieu passe pour être une zone d’influence de l’EIGS. Cependant, elle lui est contestée par le GSIM qui, pour rappel, fut soupçonnée d’avoir également tendu une embuscade à une unité des FAMa dans le secteur de Segou, en juin 2020 [24 tués, ndlr]. Reste que ce mode opératoire, qui suppose de disposer de bons renseignements pour savoir quand attaquer, a souvent été celui de la branche sahélienne de l’État islamique, notamment au Niger.

Au Niger, justement, des hommes armés s’en sont pris à des habitants des localités de Chinégodar et de Darey-Daye alors qu’ils revenaient du marché hebdomadaire de Banibangou. Et, le même jours, d’autres villages ont été attaqués. Bilan : au moins 58 personnes y ont laissé la vie. « Ces individus ont lâchement et cruellement procédé à l’exécution ciblée des passagers. Au village de Darey-daye, ils ont tué des personnes et incendié des greniers » à céréales, a confié un témoin à l’AFP.

Photo : FAMa – Archive

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