Méditerranée orientale : La Turquie met en garde la Grèce, l’UE et Israël via une note diplomatique

Le 15 mars, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a fini par se dire « sérieusement préoccupé » par les divergences entre certains alliés et la Turquie, en raison du comportement de cette dernière. Or, le même jour, la presse turque a rapporté qu’Ankara venait d’adresser une note diplomatique à la Grèce, l’Union européenne [UE] ainsi qu’à Israël pour les mettre en garde contre tous travaux dans les eaux relevant du plateau continental qu’elle revendique en Méditerranée orientale.

Plus précisément, pour la Turquie, d’éventuels travaux ne peuvent être lancés sans son autorisation préalable. Pour cela, elle s’appuie sur l’accord qu’elle a conclu sur ses frontières maritimes avec le gouvernement d’union nationale libyen [GNA], en novembre 2019.

Pour rappel, cet accord permettrait à la Turquie d’augmenter la surface de son plateau continental de 30% en faisant fi de la Grèce, de l’Égypte et de la République de Chypre. L’objectif était de donner un vernis juridique aux visées turques sur les importants gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale tout en torpillant les projets gaziers d’Athènes, de Nicosie et du Caire.

La note diplomatique turque a été émise alors que, après avoir lancé le projet de gazoduc EastMed,  la Grèce, Israël et la République de Chypre ont récemment décidé l’installation du plus long câble électrique sous-marin du monde [plus d’un millier de kilomètres] afin de relier leurs réseaux électriques respectifs. Or, la Turquie estime qu’un tel câble passerait par le plateau continentinal qu’elle revendique…

Seulement, la validité de l’accord conclu par Ankara et le GNA est discutable juridiquement.

« Ce protocole d’accord turco-libyen sur la délimitation des juridictions maritimes en Méditerranée enfreint les droits souverains des pays tiers et ne respecte pas le droit de la mer », avait ainsi fait valoir l’UE en décembre 2019.

En outre, le GNA n’étant pas soutenu par le Parlement libyen élu en juin 2014, le texte ne pouvait être ratifié… Peut-être le sera-t-il maintenant que la Libye a un nouveau Premier ministre, en la personne d’Abdelhamid Dbeibah, qui a obtenu la confiance des députés, contrairement à Fayez al-Sarraj, son prédécesseur.

Quoi qu’il en soit, la mise en garde d’Ankara est survenue alors que doit se ténir, à Athènes, ce 16 mars, un réunion des diplomates grecs et turcs pour évoquer les tensions en Méditerranée orientale. Histoire de donner le ton, la Turquie a dit souhaiter que la Grèce « abandonne son comportement provocateur et intransigeant le plus tôt possible. »

« La Grèce veut transformer les questions gréco-turques en un problème entre la Turquie et l’UE et entre la Turquie et les États-Unis mais […] nous ne l’acceptons pas » et « cela ne va conduire nulle part », a par ailleurs prévenu Hulusi Akar, le ministre turc de la Défense, qui a également critiqué les récents achats d’armements effectués par Athènes auprès de la France.

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