Contre-terrorisme : Les forces spéciales américaines vont former des commandos mozambicains

Depuis octobre 2017, la province de Cabo Delgado, située dans le nord du Mozambique , est aux prises avec une insurrection jihadiste animée par un groupe ayant fait allégeance à l’État islamique [EI ou Daesh]. Se faisant désormais appeler « État islamique d’Afrique centrale » [ISCAP], cette organisation n’a depuis cessé d’amplifier ses attaques, au point de s’emparer du port de Mocimboa da Praia, stratégique pour l’exploitation des immenses réserves de gaz naturel découvertes dans la région, et de s’attaquer aux îles de Metundo et Vamizi.

Dans un premier temps, les autorités mozambicaines sous-estimèrent la gravité de la situation. Puis elles finirent par y envoyer des troupes et solliciter des sociétés militaires privées [SMP], dont Frontier Services Group [Afrique du Sud] et Wagner [Russie]. Pour autant, cela n’empêcha nullement l’ISCAP de multiplier ses attaques et de menacer l’exploitation gazière, ce qui incita d’ailleurs le groupe français Total à évacuer son personnel.

En outre, et au-delà de la question jihadiste, la Russie cherchant à étendre son influence au Mozambique, les États-Unis ne pouvaient pas s’en désinteresser. Aussi, en décembre dernier, Washington proposa à Maputo une aide dans le domaine du contre-terrorisme.

« Les États-Unis souhaitent approfondir leur amitié avec le Mozambique au moment où nous sommes tous les deux confrontés au défi du terrorisme », avait en effet déclaré Nathan Sales, alors coordinateur de la lutte contre le terrorisme au département d’État, à l’issue d’une rencontre avec Filipe Nyusi, le président mozambicain.

Même si l’administration de Donald Trump a depuis laissé la place à celle de Joe Biden, l’offre est restée sur la table. Alors que les troubles dans la province de Cabo Delgado ont déjà fait au moins 2.600 tués et 670.000 déplacés, avec, en prime, des forces mozambicaines accusées d’avoir commis des exactions par des ONG, les États-Unis ont donné le détail de l’aide qu’ils vont fournir au Mozambique.

Ainsi, le commandement américain des opérations spéciales [USSOCOM] a été sollicité pour former des commandes des forces spéciales relevant de la marine mozambicaine, dans le cadre du programme « Joint Combined Exchange Training ».

Cette formation a d’ores et déjà commencé, après une cérémonie à laquelle ont assisté le colonel Richard Schmidt, le commandant adjoint de l’USSOCOM pour l’Afrique, et le général mozambicain Ramiro Ramos Tulcidás.

« En plus de la formation, le gouvernement américain a fourni des équipements médicaux et de communication », a précisé l’ambassade des États-Unis à Maputo, soulignant que la « protection civile, les droits de l’Homme et l’implication des communautés sont au coeur de la coopération américaine et sont essentiels pour combattre efficacement l’État islamique au Mozambique. »

Par ailleurs, la situation dans le nord du Mozambique « préoccupe beaucoup » la France, comme l’a récemment déclaré Bernard Émié, le Directeur général de la sécurité extérieure [DGSE], lors d’un comité exécutif sur le contre-terrorisme, en février dernier.

Un mois plus tôt, la ministre des Armées, Florence Parly, avait évoqué une possible aide militaire française au Mozambique. « Nous sommes en train de voir comment nous pouvons appuyer, par de l’entraînement et de la formation, les forces armées » mozambicaines, avait-elle dit, lors d’une audition parlementaire. « Nous disposons de forces qui sont positionnées dans le sud de l’océan Indien, à la Réunion et à Mayotte pour pouvoir y contribuer le cas échéant », avait-elle précisé.

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