Un ancien d’Airbus va prendre les commandes du groupe français d’armement terrestre Nexter

Jusqu’en décembre dernier, la holding KNDS, formée par Krauss-Maffei Wegmann [KMW] et Nexter et détenue à parts égales par Wegmann & Co Gmbh et Giat Industries, était dirigée par l’allemand Frank Haun et le français Stéphane Mayer. Et son conseil de surveillance comptait sept membres. Une telle organisation avait été mise au place pour donner le temps aux deux groupes de consolider leur rapprochement.

Désormais, et alors que le programme MGCS [Main Ground Combat System], c’est à dire le char franco-allemand du futur, donnait lieu aussi à quelques tiraillements, notamment en raison de l’arrivée de Rheinmetall, la gouvernance de cette structure a donc été simplifiée, ses deux actionnaires étant tombés d’accord pour en confier la direction au seul Frank Haun, alors Pdg de KMW. Dans le même temps, un conseil d’administration devait être mis en place sous la présidence de Philippe Petitcolin, l’ex Pdg de Safran.

Quant au Pdg de Stéphane Mayer, il ne devait pas être reconduit dans ses fonctions. Dans un communiqué publié conjointement à l’époque par Bruno Le Maire et Florence Parly, respectivement ministres de l’Économie et des Armées, l’action et les résultats de ce dernier à la tête de Nexter avaient été salués.

« Il a en particulier tenu ses engagements au service de la modernisation des armées, notamment sur le programme Scorpion. Sous sa direction, le groupe Nexter a su investir, innover et renouer avec la croissance, en France comme à l’export. Sa visibilité sur l’avenir est assurée avec six années d’activité en carnet de commande », avaient en effet souligné les deux ministres.

Reste que M. Mayer a donc dû s’effacer et laisser la place de président du Conseil des Industries de Défense Françaises [CIDEF] à Éric Trappier, le Pdg de Dassault Aviation. « Si je me retrouve président du CIDEF, c’est parce qu’on a dit à Stéphane Mayer d’aller faire autre chose », a confié ce dernier lors d’une audition au Sénat, le 10 mars.

Quoi qu’il en soit, le successeur de M. Mayer n’avait pas été nommé au moment de l’annonce de la réorganisation de la gouvernance de KNDS. C’est désormais chose faite.

En effet, via un communiqué, Nexter a annoncé que son prochain directeur général sera Nicolas Chamussy, actuellement conseiller spatial d’Airbus, après avoir été le chef de cabinet de l’allemand Tom Enders – à l’époque où ce dernier était le Pdg d’Airbus – et membre du Comité Exécutif d’Airbus Defence & Space. Ce n’est donc clairement pas un spécialiste de l’armement terrestre qui a été désigné…

Par ailleurs, outre ses fonctions à la tête de Nexter, M. Chamussy rejoindra également le comité exécutif de KNDS en tant que responsable des opérations [production, chaîne d’approvisionnement et achats].

Diplômé de l’École Polytechnique [1987], de l’École Nationale Supérieure de Techniques Avancées [ENSTA] et de l’Institut d’Études Politiques de Paris [1992], M. Chamussy a d’abord travaillé dans un laboratoire de l’US Air Force avant de rejoindre la Direction générale de l’armement [DGA]. En 1996, il a été nommé responsable du secteur de l’énergie à la direction du Budget au ministère de l’Économie et des Finances. Puis, trois ans plus tard, il a entamé une nouvelle carrière dans l’industrie en occupant plusieurs postes de direction au sein d’Airbus [ex-EADS], en particulier dans les domaines de l’espace [Astrium] et de la défense [Cassidian].

Dans un communiqué dans lequel ils disent se « réjouir » de la nomination de M. Chamussy, M. Le Maire et Mme Parly rappellent « l’importance stratégique » de Nexter pour la France en général et l’armée de Terre en particulier, en raison notamment de son implication dans le programme SCORPION. Importance qui est « matérialisée par la détention à son capital d’une action spécifique qui permet à l’État d’assurer la protection des actifs les plus sensibles. »

Si le texte des deux ministres évoque le programme SCORPION, il ne dit ne rien, en revanche, sur le projet MGCS… En outre, il y est souligné que l’évolution de la gouvernance de KNDS vise à « faire progresser l’efficacité et l’intégration du groupe tout en préservant dans la durée l’équilibre franco-allemand » et que la nomination de M. Chamussy « vient ainsi renforcer l’équipe de direction de la société, menée par son directeur général Frank Haun, sous la supervision du conseil d’administration présidé depuis le 1er mars par Philippe Petitcolin. »

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