Le char turc Altay T1 aura un moteur sud-coréen

Cela fera bientôt 14 ans que le développement du char turc Altay T1 a commencé, sous la houlette d’Otokar. Et si les délais avaient été tenus, son entrée en service aurait dû avoir lieu, au plus tard, en 2020. Or, il n’en a rien été et il n’est pas encore certain que ce soit le cas cette année. Et pour cause : ce programme butte sur un obstacle de taille : il lui manque un moteur.

Au début des années 2010, Ankara avait envisagé une coopération avec le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries. Mais les dicussions n’aboutirent pas. Puis, en 2015, un contrat de 100 millions de dollars fut notifié au motoriste Tomosan pour mettre un moteur. Seulement, ayant signé à cette fin un accord avec la société autrichienne AVL List GmbH, le projet fut annulé en raison d’un embargo sur les armes décrété par Vienne à l’égard de la Turquie.

Nullement découragées, les autorités turques s’adressèrent au motoriste britannique Perkins, partenaire de l’américain Caterpillar. Mais là encore, cela ne donna rien. En 2017, elles lancèrent un appel d’offres destinés aux industriels locaux pour un milliard de dollars. Il était alors demandé à ces derniers de concevoir un moteur avec un « maximum de composants locaux et un minimum de technologie étrangère ». Et ce fut BMC qui remporta la mise avec le BATU. Qui plus est, l’industriel se vit confier la production des chars en 2019.

Mais en attendant les premiers prototypes, les allemands MTU et RENK furent à leur tour sollicités pour founir un moteur de 1.500 cv et une transmission HSWL 295 TM. Sauf que, en raison des opérations militaires turques dans le nord-est de la Syrie, Berlin y mit son veto. D’où l’impasse dans laquelle se trouvait encore le programme Altay T1 en novembre 2020.

À l’époque, la piste sud-coréenne était avancée pour la fourniture de moteurs et de systèmes de transmission. Ce qui était assez logique étant donné que l’Altay T1 s’inspire du char K2 Black Panther produit en Corée du Sud. Finalement, selon un responsable de BMC, un accord vient d’être trouvé avec Doosan et S&T Dynamics, deux sous-traitants de Hyundai Rotem.

« Ces [accords] sont le résultat d’une entente stratégique entre nos entreprises et nos pays », a confié ce cadre turc à Defense News. Cependant, les détails n’ont pas été précisés.

Cela étant, rien ne dit que l’Altay est tiré d’affaire pour autant, dans la mesure où la transmission des chars K2 Black Panther, fournie par S&T Dynamics n’a pas été à la hauteur des attentes de la DAPA, l’agence sud-coréenne de l’armement. Au point que cette dernière l’a fait remplacer par un modèle fourni par Renk pour les modèles suivants. Quant au moteur, Doosan aurait pris l’engagement de le « dégermaniser », c’est à dire que les composants allemands qu’il recèle seront retirés. Cela afin de contourner les restrictions imposées par Berlin en matière de licences d’exportations.

Quant au moteur BATU, Ismail Demir, le président des industries turques de défense, a récemment confié que son développement est toujours en cours et que les premiers prototypes seraient installés à bord des premiers chars d’ici quelques mois.

Pour rappel, le programme Altay est scindé en deux phases. Celle appelée T1 concerne la production de 250 exemplaires. Et celle dite T2 prévoit le développement d’une version plus avancée de ce char. À terme, Ankara prévoit d’en produire 1.000 exemplaires.

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