Le Royaume-Uni pourrait se contenter de 48 avions F-35B, au lieu des 138 prévus

D’ici quelques jours, le gouvernement britannique dévoilera les conclusions de la revue stratégique de défense et de sécurité, qu’il mène depuis plusieurs mois afin de prendre en compte, notamment, le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne [Brexit]. Si plusieurs rumeurs concernant l’avenir des forces britanniques ont circulé, on peut être certain de deux choses.

La première est que l’accent sera résolument mis sur les technologies dites de « rupture ». Ainsi, le chef d’état-major de la défense britannique, le général Sir Nicholas Carter, qui devrait être maintenu à son poste, a évoqué à plusieurs reprises la « robotisation » de la British Army, allant jusqu’à estimer que cette dernière pourrait compter 30.000 robots à l’horizon 2030, ce qui lui permettrait de réduire ses effectifs.

« Nous concentrerons notre investissement sur les nouvelles technologies qui révolutionneront la guerre – l’intelligence artificielle, les drones, les armes à énergie dirigée et bien d’autres », a par ailleurs affirmé Boris Johnson, le Premier ministre britannique, lors de la dernière conférence de Munich sur la sécurité, en février dernier.

La seconde certitude est que le Royaume-Uni va augmenter significativement ses dépenses militaires. En septembre 2020, M. Johnson a en effet annoncé un effort supplémentaire de 16,5 milliards de livres sterling [18,5 milliards d’euros] pour les quatre prochaines années. Un effort qui doit s’ajouter aux 7,6 milliards de livres sterling déjà prévus. Au total, la hausse du budget alloué aux forces britanniques devrait atteindre +15%, ce en ferait la plus forte depuis plus de 30 ans.

Pour autant, cet investissement conséquent n’évitera pas une réduction de format des forces britanniques. A priori, la messe est dite pour la British Army, qui devrait supprimer 12.500 postes [10.000 d’ici 2024 et 2.500 autres d’ici 2030]. Ce qui se traduira par la disparition de deux brigades blindées ou celle de 23 unités de la taille d’un bataillon. Au niveau capacitaire, la modernisation de 600 blindés Warrior serait annulée et les moyens d’artillerie pourraient être remplacés par des drones kamikazes [ou munitions téléopérées] et la priorité serait donnée à la précision des feux. Le nombre de chars Challenger 2 serait divisé par deux, selon les derniers bruits de coursive.

Quant à la Royal Navy, elle devrait être la grande gagnante des arbitrages en cours. Cependant, elle aura à faire face à des ruptures temporaires de capacité. Si elle aura de nouveaux navires, « un tiers de ses frégates et la moitié de ses sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] devront être retirés du service pour des raisons de sécurité avant que leurs remplaçants ne soient prêts, à cause de retards », écrit en effet le Sunday Times, dans son édition du 7 mars.

Actuellement, sur les 7 SNA que met en oeuvre la Royal Navy, 4 appartiennent à la nouvelle classe Astute et trois sont de type « Trafalgar ».

Mais la question qui va se poser est de savoir le nombre d’avions de combat qui seront mis à sa disposition pour armer ses deux porte-avions, à savoir les HMS Queen Elizabeth et le HMS Prince of Wales. Pour le moment, le Royaume-Uni a commandé 48 F-35B c’est à dire la version STOVL [Short Take-off Vertical Landing / décollage court et atterrissage vertical] de l’appareil développé par Lockheed-Martin [en coopération avec BAE Systems, ndlr]. Et, a priori, selon le Sunday Times, il ne serait pas question d’aller plus loin, c’est à dire de commander les 90 appareils qu’il était prévu d’acquérir pour la RAF et la Fleet Air Arm.

« Une commande de 90 autres avions de combat F-35 Lightning II doit être annulée au profit du Tempest, construit dans le Lancashire, tandis que 24 [Eurofighter] Typhoon [parmi les] plus âgés seront retirés prématurément », croit en effet savoir le journal britannique.

En clair, la priorité irait donc au programme Tempest qui, présenté en 2018, vise à développer un « système de systèmes » reposant sur un appareil de 6e génération. L’Italie et la Suède l’ont par ailleurs récemment rejoint. Une réflexion identique est en cours aux États-Unis, où l’US Air Force avait initialement prévu de se procurer 1.763 F-35A pour remplacer ses F-16 et ses A-10 Warthog, ainsi qu’une partie de ses F-15. L’idée serait d’acquérir des chasseurs-bombardiers de génération 4,5 et de hâter la mise en service du NGAD [Next Generation Air Dominance], dont un démonstrateur a déjà volé.

En outre, la RAF devrait tirer un trait sur 11 avions de renseignement [dont ses cinq Sentinel R1] ainsi que sur ses 14 C-130J Hercules Mk4 [la version allongée, ndlr]. Une rupture temporaire de capacité pourrait concerner ses appareils d’alerte avancée pendant deux ou trois ans, les six E-3D Sentry devant a priori être retirés du service avant l’arrivée des E-7 Wedgetail [Boeing 737 AEW&C], dont la commande serait réduite de cinq à trois exemplaires, selon le Sunday Times. Enfin, les avions gouvernementaux BAe-146 seraient remplacés par des appareils loués et il serait question de réduire la flotte d’hélicoptères de manoeuvre de 41%.

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