« Terminé, barre et machines! » pour la frégate anti-aérienne Jean Bart

« Terminé, barre et machine! ». C’est sur ces mots que prendra fin, ce 4 mars, Toulon, la carrière opérationnelle de la frégate anti-aérienne [FAA] « Jean Bart », à l’issue d’une ultime mission au cours de laquelle elle a dans un premier été été déployée en Méditerranée orientale, où elle a notamment formé un « Surface Action Group » avec la frégate légère furtive La Fayette, intégré le groupe de réponse littorale expérimental britannique LRG-X et participé à un exercice avec les forces égyptiennes.

Puis, durant trois mois, le « Jean Bart » a été engagé dans dans l’opération européenne Agenor, qui vise à sécuriser le détroit d’Ormuz, avant d’intercepter un boutre transportant trois tonnes de produits stupéfiants en mer d’Arabie, dans le cadre de la Force opérationnelle combinée 150 [ou CFT-150].

Puis, sur le chemin du retour, la frégate a connu un passage mouvementé à Djibouti, où trois de ses marins ont dû être évacués par hélicoptère pour être ensuite rapatriés en France, où ils ont été admis à l’hôpital d’instruction des armées [HIA] Bégin. L’État-major des armées n’a donné aucun détail sur ce qu’il leur est arrivé… Quoi qu’il en soit, le navire a ensuite servi de plastron au détachement de commandos marine affecté aux Forces françaises stationnées à Djibouti [FFDJ].

À noter également que le « Jean Bart » a conduit un « passex » avec le navire d’assaut amphibie espagnol SPS Castilla, actuel navire amiral de l’opération anti-piraterie européenne Atalanta, à laquelle le vaisseau de la Marine nationale a brièvement contribué.

En clair, le programme de la dernière mission du Jean Bart aura été chargé, alors qu’il aurait dû être retiré du service depuis quelques années déjà. Normalement, il aurait dû être remplacé, comme la frégate anti-aérienne Cassard, par l’une des quatre unités prévues par le programme de frégate de défense aérienne [FDA] Horizon. Seulement, ce dernier n’en comptera finalement que deux [les FDA « Forbin » et « Chevalier Paul »].

Les capacités du « Jean Bart » ont bien été modernisées, avec l’ajout de nouvelles fonctionnalités et de capteurs dernier cri, comme le radar de veille SMART-S. Et ce navire s’est par ailleurs illustré à plusieurs reprises, notamment lors de l’opération Harmattan, en Libye, son fanion ayant été décoré de la Croix de la valeur militaire avec palme et l’Association Old Crows [AOC] lui ayant décerné le prix qu’elle attribue chaque année pour distinguer une unité de l’Otan dans le domaine de la guerre électronique.

Seulement, après des années d’activités intenses, le « Jean Bart » a dû faire l’objet, comme le « Cassard », du reste, de mesures « palliatives » pour rester opérationnel. Comme l’avait expliqué l’amiral Christophe Prazuck, alors chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], en 2017, il fallait « surveiller et réparer les fissures dans les coques et les chaises de lignes d’arbres » de ces deux navires. Ce qui devait coûter « une centaine de millions d’euros dans le projet de Loi de programmation militaire. »

Quoi qu’il en soit, deux ans après le « Cassard », la frégate Jean Bart ne fera donc plus partie de l’ordre de bataille de la Marine nationale. Durant ses 30 ans de service, ce navire aura parcouru plus d’un million de nautiques [1.852.000 km], soit plus de 45 fois le tour de la Terre. Il sera remplacé par la frégate multimissions – Défense aérienne [FREMM DA ou FREDA] « Lorraine », qui a été mise à l’eau à Lorient en novembre dernier.

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