L’actualisation « législative » de la Loi de programmation militaire prévue en 2021 n’aura pas lieu

Votée par le Parlement en 2018, la Loi de programmation militaire 2019-25 prévoit, à son article 7, une « actualisation » devant être « mise en oeuvre avant la fin de l’année 2021 », afin de « consolider la trajectoire financière et l’évolution des effectifs jusqu’en 2025. »

Et le texte d’ajouter que cette actualisation devait permettre « de vérifier la bonne adéquation entre les objectifs fixés […], les réalisations et les moyens consacrés » ainsi que « l’amélioration de la préparation opérationnelle et de la disponibilité technique des équipements. » Un autre enjeu était également de préciser le montant du budget des armées pour les années 2024 et 2025, en « prenant en compte la situation macroéconomique » et « l’objectif de porter l’effort national de défense à 2 % du produit intérieur brut en 2025. »

Et cet exercice devait reposer sur les conclusions de la Revue stratégique actualisée, rendues en janvier. Seulement, il n’aura pas lieu. Ou, du moins, les parlementaires n’auront pas leur mot à dire. C’est en effet ce qu’a indiqué la ministre des Armées, Florence Parly, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 19 février.

Pour rappel, cette Revue stratégique actualisée a confirmé les tendances observées en 2017, notant qu’elles se sont même amplifiées, avec une frontière entre guerre et compétition tendant à s’effacer, sous l’effet des « stratégies hybrides », qui consistent à mener des actions en-dessous du seuil du conflit ouvert afin d’atteindre des objectifs stratégiques. Outre la menace terroriste, on assiste à un regain de la prolifération d’armes de destruction massive, une remise en cause du droit international ou encore à une extension des champs de conflictualité.

« De cette analyse de la Revue stratégique, nous tirons toutes les conclusions nécessaires pour agir en conséquence, ajuster notre effort et mieux orienter nos moyens », a assuré la ministre. « Et, au regard de ces conclusions, qu’avons-nous constaté? Eh bien que la Loi de programmation militaire, ses ambitions et ses priorités conservent toute leur pertinence », a-t-elle ajouté.

« Le président de la République a réaffirmé de nouveau avec force que les engagements pris seront tenus et que nous continueront à mettre en oeuvre à l’euro près la Loi de programmation militaire que vous [les députés] avez votée à une très large majorité », a poursuivi Mme Parly. Aussi, « dans ce contexte, a-t-elle continué, il n’est pour l’instant pas prévu de procéder à une actualisation législative de la Loi de programmation militaire. »

La précédente LPM [2014-19] prévoyait également une actualisation avant la fin de l’année 2015. Et le Parlement y avait été associé… Mais le contexte était différent, après les attentats de janvier 2015, le lancement de l’opération Sentinelle et l’émegence de l’État islamique organisé en proto-État, au Levant.

S’i n’y aura pas d’actualisation « législative » de la LPM en cours, des « ajustements » seront toutefois effectués. La ministre a ainsi parlé « d’accélérer sur certaines ambitions ».

« En cohérence avec les analyses de l’actualisation de la Révue stratégique, nous allons améliorer notre capacité à détecter les menaces et à attribuer les agressions, notamment dans les nouveaux espaces de conflictualité […] Cela passe par le renforcement de nos capacités à collecter et à exploiter la multitude de données à des fins de cyberdéfense ou bien encore de renseignement. Pour cela, nous aurons besoin d’infrastructures de stockage sécurisées et également d’algorithmes performants basés sur l’intelligence artificielle », a expliqué Mme Parly.

Il est également question d’accentuer l’effort sur la protection contre les risques et menaces NRBC [Nucléaire – Radiologique – Biologique – Chimique] et la lutte anti-drone. Enfin, a également dit la ministre, « nous allons renforcer la préparation opérationnelle de nos armées afin qu’elles puissent s’entraîner mieux pour faire face de manière plus complète et plus agile à l’ensemble des menaces, y compris dans la perspective de conflits de plus haute intensité. »

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