La Défense belge évalue des mini-drones du constructeur chinois DJI

Le prochain concept stratégique de l’Otan, qui sera dévoilé cette année, devrait évoquer largement la Chine [ainsi que la Russie], comme l’a encore répété le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, lors d’une conférence de presse donnée à l’issue d’une réunion avec les ministres de la Défense des pays membres, le 17 février.

« Nous devons renforcer notre coopération politique et pratique avec des démocraties partageant les mêmes idées dans le mond afin de protéger l’ordre fondé sur des règles, qui est miné par des pays qui ne partagent pas nos valeurs, comme la Russie et la Chine », a ainsi déclaré M. Stoltenberg.

Ce qui ne sera évidemment pas sans conséquences dans certains dossiers, à commencer par celui de la 5G et la place que les alliés entendent donner à l’équipementier chinois Huawei dans leurs réseaux respectifs.

« La 5G va toucher tous les aspects de notre société […], tous les aspects civils mais également tous les aspects militaires. La résilience, la sécurité de ces systèmes 5G sont donc primordiales. […] Nous ne pointons pas du doigt une entreprise ou un pays ne particulier, mais nous faisons en sorte que tous les alliés prennent ce risque au sérieux », avait ainsi déclaré M. Stoltenberg, en novembre 2019.

Seulement, tous les membres de l’Otan n’affichent pas une position unanime sur le sujet. Certains, comme les États-Unis, sont sur une ligne dure, c’est à dire qu’il n’est pas question de laisser Huawei, accusé d’avoir des liens avec le Parti communiste chinois, d’installer ses équipements dans les réseaux 5G de l’Alliance. D’autres, comme la Hongrie et l’Espagne, ont déjà fait le choix de la technologie chinoise. Et puis il y a ceux qui ont adopté une législation conduisant indirectement les opérateurs de télécommunications à privilégier des solutions européennes. La France en fait partie, comme la Belgique.

Seulement, dans le domaine des mini-drones, la position des autorités belges est beaucoup moins nette.

Pour rappel, en août 2017, l’US Army avait bannit les appareils commercialisés par DJI, en avançant des impératifs de sécurité. Plus tard, les autorités américaines accusèrent le constructeur chinois de « fournir des données sur les infrastructures critiques » à Pékin et firent par de leur « force confiance » sur le fait que la politique commerciale de l’industriel visait les agences gouvernementales stratégiques afin « d’étendre sa capacité à collecter et exploiter des données sensibles sur les États-Unis ».

Or, la Défense belge a indiqué, ce 18 février, que sa Composante Air « étudie actuellement la possibilité d’intégrer un drone de type DJI Matrice 300 comme capacité supplémentaire en support des opérations et missions quotidiennes », l’idée « d’intégrer l’utilisation d’images aériennes […] dans des domaines tels que la communication, l’évaluation, l’infrastructure, la sécurité aérienne et la surveillance des bases » ayant germé au printemps 2020.

« Après une enquête interne auprès de l’état-major de notre force aérienne, il est vite apparu que plusieurs divisions au sein de notre Composante Aérienne pourraient utiliser un drone, comme celui-ci de type DJI Matrice 300, pour soutenir les opérations quotidiennes », poursuit la Défense belge.

Le choix d’un appareil chinois va à rebours de ceux récemment effectués par plusieurs forces armées de l’Otan, comme la France, qui a récemment choisi le drone ANAFI USA du constructeur Parrot. dont le prix grand public est d’environ 7.000 euros [HT] contre, un peu plus de 8.000 euros pour le DJI Matrice 300 RTK.

Photo : Jo Vanden Broeck / Défense belge

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