Le SCAF, « c’est quelque chose que vous ne pouvez faire qu’avec ceux qui tiennent parole », affirme Mme Parly

Mené dans le cadre d’une coopération entre la France, l’Allemagne et l’Espagne, le programme « SCAF » [Système de combat aérien du futur] traverse actuellement une zone de turbulence, après que la chancelière allemande, Angela Merkel, a demandé à la partie française, qui dirige ce projet, de revoir le partage des tâches au profit des industriels d’outre-Rhin. Et cela, alors que les rôles des uns et des autres ont déjà été définis.

Pour rappel, Dassault Aviation est le maître d’oeuvre pour le New Generation Fighter, c’est à dire l’avion de combat sur lequel reposera le SCAF, défini comme étant un « système de systèmes ». Airbus Defence & Space en est le partenaire principal. Dans le même temps, le groupe européen a été chargé de diriger les travaux relatifs aux effecteurs connectés, avec MBDA, ainsi que le « Cloud de combat », avec Thales. Quant aux moteurs, leur mise au point relève de Safran, assisté de MTU.

S’agissant du NGF, la position de Dassault Aviation est d’autant plus claire et ferme que le constructeur français à l’habitude de mener des projets en coopération. Comme l’a récemment rappelé son Pdg, Éric Trappier, le « but n’est pas simplement de se partager le travail mais d’être efficace. »

Cela étant, outre-Rhin, la pression est forte pour que l’Allemagne développe son propre démonstrateur du NGF. Démonstrateur qui serait forcément différent de celui que mettrait au point Dassault Aviation. En outre, cela serait de nature à mettre en péril le programme SCAF.

Ce 15 février, la ministre française des Armées, Florence Parly, devait s’exprimer devant le centre de réflexion allemand « Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik. » Et, évidemment, elle était attendue sur le SCAF.

« Je tiens à rappeler qu’en 2017, le président Emmanuel Macron et la chancelière allemande Merkel ont défini un agenda très ambitieux en matière de programmes d’armement, pour favoriser notre autonomie stratégique », a commencé par rappeler Mme Parly. « Nous nous sommes engagés dans des projets structurels à long terme tels que l’Eurodrone, le Tiger Mark III, le SCAF et le MGCS [char de combat du futur, conduit par l’Allemagne, ndlr]. L’Espagne et l’Italie se sont également engagées à nos côtés pour faire de certains de ces projets une réalité », a-t-elle ajouté.

Mais la ministre a donc surtout concentré son propos sur le SCAF, « dont nous parlons beaucoup en ce moment. »

Ainsi, a-t-elle souligné ce « n’est pas seulement un projet technologique incroyablement ambitieux, qui contribuera pour sa prochaine phase à créer 7000 emplois dans nos deux pays et à assurer la place de nos industries dans la concurrence mondiale » mais ce sera « système d’arme qui va nous permettre de faire face aux menaces auxquelles nous serons confrontés à l’avenir, de nous défendre contre des ennemis comme nous le faisons aujourd’hui avec notre Rafale contre Daesh et de dissuader ceux qui autrement nous attaqueraient, sans avoir besoin l’autorisation ou l’aide de quiconque pour le faire. »

« Non seulement [ce projet] est hautement stratégique, mais il est aussi la preuve vivante de notre confiance en l’Europe, et plus particulièrement dans la force de la relation franco-allemande », a continué la ministre. « C’est quelque chose que vous ne pouvez faire qu’avec de vrais amis, ceux qui tiennent parole, qui sont bien conscients que nos destinées nationales vont de pair avec notre identité et notre engagement européens », a-t-elle ensuite lâché.

Aussi, Mme Parly a lancé un appel à la raison. « De toute évidence, de nombreux pays et personnes espèrent que nous échouerons. Certains peuvent essayer d’ajouter des conditions ou des contraintes pour empêcher les projets d’avancer », a-t-elle dit, sans citer de noms… Mais « je suis convaincu qu’en fin de compte, la raison prévaudra, pour le bénéfice mutuel de tous », a-t-elle dit.

« Dans le passé, pour les avions de combat, l’Allemagne se rangeait du côté du Royaume-Uni tandis que la France allait seule. Mais, en 2017, nous avons fait un choix historique, un choix européen. Ce choix n’a pas été fait pour satisfaire notre seul intérêt national, mais pour conduire l’Europe à faire un pas irréversible vers une véritable défense européenne. Je pense toujours que c’est le bon choix et je peux vous assurer que je vais peser de toutes mes forces pour y arriver », a conclu Mme Parly, soulignant ainsi, non sans subtibilité, que l’industrie aéronautique française est la plus qualifiée par rapport à son homologue allemande pour conduire ce programme…

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