Terrorisme/Sahel : Liée au GSIM, la katiba Macina tente de s’implanter au Sénégal

Avec plus de 90% de musulmans au sein de sa population [mais adhérant en majorité à l’islam soufi, structuré en confréries, le Sénégal n’a jusqu’alors pas été visé par les organisations jihadistes qui sévissent au Mali. Et le pays est même considéré comme étant un « pôle de stabilité » dans la région.

Cependant, s’il n’a pas connu d’attentat sur son sol, le Sénégal est exposé à la menace jihadiste. En premier lieu, les nombreux expatriés qu’il accueille peuvent constituer autant de cibles pour les groupes terroristes, contre lesquels ses troupes sont engagées, notamment au sein de la MINUSMA [Mission des Nations unies au Mali, nldr]. En outre, pour les islamistes radicaux, le soufisme est une hérésie, ce qui en fait donc une cible… D’ailleurs, des individus qui envisageait de commettre des attaques dans les villes saintes de Touba et de Tivouane auraient été arrêtés en 2015 avant leur passage à l’acte.

Cela étant, les courants extrémistes fond peu à peu leur nid. « Depuis les années 1990, ils ont développé leur terreau idéologique en tenant de nombreuses mosquées, y compris celles des universités de Dakar et de Saint-Louis », s’inquiétait Bakary Sambe, directeur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique, au sujet des salafistes, dans un article paru en février 2016 dans les colonnes de Jeune Afrique.

Ainsi, à la même époque, il était estimé qu’une petite trentaine de jeunes sénégalais avaient rejoint les rangs de la branche libyenne de l’État islamique. Et la vigilance des autorités avait permis de démanteler une cellule comptant 29 individus ayant eu le projet d’instaurer un « califat » en Casamance, avec des ramifications en Gambie, en Guinée et Guinée-Bissau. Disciple de l’imam Alioune Ndao [qui sera acquitté en juin 2018] et « cerveau » de ce projet qui aurait été approuvé par l’EI, Matar Diokhané a été condamné à 20 ans de prison pour « actes de terrorisme. »

Reste que, ces dernières années, des affaires liées à la mouvance jihadiste tendent à devenir plus fréquentes au Sénégal. La dernière en date remonte en janvier. Selon le quotidien sénégalais Libération, une cellule lié au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM/JNIM], actif essentiellement au Mali, a été démantelée dans la localité frontalière de Kidira, située sur l’axe Dakar-Bamako.

D’après le quotidien, quatre hommes ont été interpellés par la gendarmerie sénégalaise, dont un boutiquier qui avait été placé sous surveillance il y a deux ans, en raison de ses liens avec la katiba Macina du prédicateur Amadou Koufa. Pour rappel, cette organisation, apparue en 2015, fait partie du GSIM.

Ce commerçant est soupçonné d’avoir recruté de jeunes sénégalais [probablement des Peuls] pour le compte de la katiba Macina. Il aurait même hébergé l’un des trésoriers du groupe terroriste malien. Lui et ses trois comparses ont été « mis à la disposition du procureur », qui a ouvert une information judiciaire pour « association de malfaiteurs », « apologie du terrorisme » et « actes d’appui au terrorisme. »

Ces interpellations confirment l’évaluation faite par l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions prises à l’encontre d’al-Qaïda et de l’EI dans son dernier rapport.

« La Katiba du Macina continue de déstabiliser le Burkina Faso. Des phénomènes comparables pourraient se produire dans les secteurs de Kayes, près de la frontière malo-sénégalaise, où le nombre d’attaques a doublé en 2020, et de Sikasso, près de la frontière avec la Côte d’Ivoire, où les atteintes à la sécurité se multiplient, alimentées par l’instabilité au Burkina Faso », indique l’équipe de l’ONU.

Et d’ajouter : « Des éléments du GSIM, soutenus par des influenceurs islamistes radicaux, se sont implantés au Sénégal le long de la route de Kayes à Kaffrine, à Bakel, dans la réserve du Ferlo et dans la zone d’extraction aurifère de Saraya. » Ce qui veut dire que les jihadistes s’installent peu à peu dans le nord-est et le sud-est du pays.

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