Le constructeur naval russe USC propose un porte-avions doté de catapultes et… d’un tremplin

Les intentions de la marine russe en matière de porte-avions sont difficiles à cerner, d’autant plus que, historiquement, cette dernière n’a jamais fait des capacités aéronavales une priorité.

Cependant, ces dernières années, il lui a été prêté l’intention de remplacer l’unique bâtiment de ce type qu’elle met en oeuvre, à savoir le « croiseur lourd de transport d’avions Amiral Kouznetsov ». Ainsi, le projet 23000E Shtorm avait été dévoilé en 2015. Plus récemment, le bureau d’études Nevsky, filiale du constructeur naval United Shipbuilding Corporation [USC], a présenté un nouveau concept, appelé « UMK Varan ».

Ce dernier était assez orginal dans la mesure où il consisterait à construire un porte-avions en configuration CATOBAR [Catapult Assisted Take-Off But Arrested], c’est à dire doté de catapultes et de brins d’arrêts, alors que les aéronefs embarqués de l’aviation navale russe ont besoin d’un tremplin pour décoller de l’Amiral Kouznetsov [qui en configuration STOBAR].

Dans le détail, l’UMK Varan aurait la capacité de transporter jusqu’à 24 avions, six hélicoptères et 20 drones… D’un déplacement de 45.000 tonnes, pour une longueur de 250 mètres, il bénéficierait d’un « haut degré d’automatisation » et de « systèmes robotisés ».

Cela étant, ce concept ne sera a priori pas retenu. En effet, Alexei Rakhmanov, le directeur général du groupe USC, a évoqué un tout autre projet auprès de la chaîne de télévision Zvezda, qui appartient au ministère russe de la Défense [et ce qui donne un vernis officiel aux propos qu’il a tenus].

Ainsi, M. Rakhmanov a évoqué le projet « Lamantin » qui, imaginé par le même bureau d’études Nevsky, vise à développer et construire un porte-avions ayant à la fois la configuration STOBAR et CATOBAR. Ce navire serait à propulsion nucléaire et utiliserait des catapultes électromagnétiques, en plus, donc, d’un tremplin.

« Je suis convaincu que la mise en œuvre de ce projet de porte-avions et de son groupe aérien peut mener à une percée technologique de plus de 10 ans dans de nombreux segments de l’économie et de l’industrie, que ce soit dans la construction navale, l’aéronautique, le génie mécanique, la technologie nucléaire, l’informatique, la production d’armes ou encore la métallurgie », a fait valoir le responsable d’USC.

Si l’industrie navale russe maîtrise la propulsion nucléaire, il en va tout autrement des catapultes, surtout si elles doivent être électro-magnétiques… En tout cas, le concept d’une double configuration [STOBAR et CATOBAR] n’est pas nouveau en Russie : c’était en effet celui du projet de porte-avions « Oulianovsk« .

Sur le papier, ce navire devait avoir un déplacement de plus de 70.000 tonnes et la capacité d’embarquer plus d’une soixantaine d’aéronefs. Il devait être doté de quatre réacteurs nucléaires KN-3, de deux catapultes  » Manyak » et d’un tremplin de 60 mètres, incliné à 12°. Enfin, il était question de l’armer assez lourdement, avec des missiles de croisière P-700 Granit et des missiles surface-air Buk. SA construction débuta en novembre 1988… Mais l’effondrement de l’Union soviétique en eut raison : il fut démantelé quatre ans plus tard, alors qu’il était construit à 20%.

Photo : Projet de porte-avions Oulianovsk

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