Pourquoi le Rafale paraît bien placé pour s’imposer en Croatie

Quel modèle d’avion le gouvernement croate va-t-il choisir pour moderniser son aviation de combat, qui repose actuellement sur des MiG-21 à bout de souffle? Désormais, il a toute les cartes en main… ou presque. Pour rappel, deux options sont considérées.

La première porte sur l’achat d’appareils neufs. Si elle est retenue, la commission chargée d’examiner les propositions reçues dans le cadre de l’appel d’offre a recommandé le F-16 Viper du constructeur américain Lockeed-Martin. Quant à la seconde, elle consisterait à acquérir des avions d’occasion. Et là, le Rafale F3R s’imposerait face au F-16 Block 30 proposé par Israël.

Évoquées en décembre dernier, les informations concernant cette finale entre le F-16 Viper et le Rafale F3R n’ont pas été démentie depuis. Un choix aurait déjà dû être annoncé… Mais il faudra encore patienter…

En effet, l’année 2020 ayant été particulièrement éprouvante pour la Croatie, avec deux tremblements de terre importants qui sont venus s’ajouter à la crise sanitaire causée par la pandémie de covid-19, le Premier ministre croate, Andrej Plenković, a annoncé, la semaine passée, que son gouvernement reporterait toute décision relative à l’achat de nouveaux avions de combat à une date ultérieure.

Le président croate, Zoran Milanović, s’est invité dans le débat en affirmant que, s’il comprenait la position de son Premier ministre, il ne fallait pas tergiverser trop longtemps sur ce dossier. Faute de quoi, a-t-il prévenu, les offres ne seraient plus valables. « L’achat d’avions de combat n’est peut-être pas le problème numéro un du gouvernement actuellement, mais il est certainement le numéro deux », a-t-il dit. Et de plaider pour la décision soit annoncée en mars, voire en avril au plus tard.

Après une première procédure s’étant soldée par un échec [des F-16 d’occasion devaient être acquis auprès d’Israël mais les États-Unis firent capoter l’affaire, ndlr], l’aviation de combat croate n’a plus le temps d’attendre, les huit MiG-21 qu’elle met encore en oeuvre devant arriver au bout de leur potentiel en 2024. Faute de quoi, Zagreb sera sans doute contraint de se tourner vers l’Otan pour assurer la surveillance de son espace aérien. Ou.. trouver une autre solution.

« Selon des informations non officielles, ce n’est qu’en cas de la signature d’un contrat cette année que la France peut garantir la livraison de six avions en 2024 et de six autres en 2025 », croit savoir le quotidien Jutarnji list. Ce serait la même chose pour Lockheed-Martin… à condition d’adapter les cadences de production.

En outre, livrer des avions est une chose. Encore faut-il que le client puisse être en mesure de les utiliser. En clair, il faut du temps pour former les pilotes et les techniciens. « Par conséquent, l’une des solutions est que l’État avec lequel le contrat sera signé envoie un certain nombre d’appareils à la base de Pleso, d’où ils surveilleront l’espace aérien croate pendant un certain temps », estime Jutarnji list.

Dans ces conditions, l’offre française ne manque pas d’atouts. En premier lieu, elle est moins onéreuse que celle faite par Lockheed-Martin. Selon les chiffres qui circulent dans la presse croate, les 12 Rafale F3R auraient été proposés au prix de 930 millions d’euros tandis qu’il en coûterait 1,6 milliard de dollars pour les F-16 Viper. À noter que le suédois Saab aurait consenti un rabais significatif pour son Gripen C/D neuf… Mais Zagreb a fait savoir qu’il n’était pas question de réévaluer les offres reçues.

Cela étant, comme le souligne le quotidien Vecernji list, le choix de l’avion de combat sera dicté avant tout par des considérations politiques. Et « cela inquiète les Américains car ils comprennent qu’il est très important pour la Croatie de trouver un ancrage politique fort au sein de l’Union européenne », estime-t-il, d’autant plus que Zagreb veut intégrer la zone euro d’ici 2024 et… que la France est une puissance militaire de premier rang en Europe.

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