Le sous-marin nucléaire d’attaque Émeraude s’est aventuré en mer de Chine méridionale

Le 11 novembre dernier, on apprenait que le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Émeraude et le Bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain [BSAM] « Seine » venaient de participer à un exercice avec la Royal Australian Navy, au large de Perth. « C’est la la première fois depuis très longtemps que l’on fait une incursion dans l’espace Indo-Pacifique par un sous-marin », confia le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], au président Macron, en marge de la cérémonie organisée à l’Arc de Triomphe.

Puis, quelques jours plus tard, le SNA Émeraude et le BSAM « Seine » furent annoncés à la base navale américaine de Guam, où ils firent une escale, avant de participer à un nouvel exercice de guerre sous-marine avec l’US Navy et la force navale d’autodéfense japonaise. Et, depuis, on n’avait plus de nouvelle de ces deux navires de la Marine nationale, hormis une allusion faite à leur sujet par le président Macron, lors de ses voeux aux armées, le 19 janvier.

Désormais, on en sait davantage. En effet, via Twitter, la ministre des Armées, Florence Parly, a indiqué que la mission du SNA Émeraude et du BSAM « Seine », appelée « Marianne », avait commencé en septembre dernier… et qu’elle venait de s’achever par un passage en mer de Chine méridionale, dont la quasi-totalité est revendiquée par Pékin. Pour rappel, la Cour permanente d’arbitrage [CPA] de La HAye a estimé, dans un avis rendu en 2016, que les revendications chinoises dans cette région stratégique n’avaient « aucun fondement juridique. »

« Mission Marianne : depuis septembre, un sous-marin nucléaire d’attaque ainsi qu’un bâtiment de soutien ont navigué jusqu’à 15.000 km des côtes métropolitaines dans l’océan Indien et le Pacifique. Cette patrouille hors normes vient d’achever un passage en mer de Chine méridionale. Une preuve éclatante de la capacité de notre Marine nationale à se déployer loin et longtemps en lien avec nos partenaires stratégiques australiens, américains ou japonais », a en effet déclaré Mme Parly.

« Pourquoi une telle mission Pour enrichir notre connaissance de cette zone et affirmer que le droit international est la seule règle qui vaille, quelle que soit la mer où nous naviguons », a ensuite poursuivi la ministre. « Nous entendons protéger notre souveraineté et nos intérêts », a-t-elle insisté, après avoir rappelé que la France est aussi une « nation de l’Indo-Pacifique. »

Cela étant, Mme Parly n’a visiblement pas tout dit. Ainsi, le 8 février, le ministère indonésien de la Défense a fait savoir que le SNA Émeraude et la frégate de surveillance Vendémiaire venaient de prendre part à un exercice dans le détroit de la Sonde, qui sépare les îles de Sumatra et de Java et relie la mer de Java à l’océan Indien.

« Trois navires de guerre indonésiens, à savoir le KRI Barakuda-633, le KRI Tenggiri-865 et le KRI Cakalang-852 ont été impliqués dans les exercices », a précisé Jakarta, qui, par ailleurs, négocie actuellement l’achat d’avions Rafale.

Quoi qu’il en soit, on ignore combien de temps le SNA Émeraude a passé en mer de Chine méridionale. Si elles n’ont pas encore réagi à l’annonce faite par Mme Parly, les autorités chinoises risquent fort de prendre mal la chose [et encore davantage si la composante navale de l’Armée populaire de libération n’a pas repéré le sous-marin français…].

La semaine passée, et pour la première fois depuis l’entrée en fonction de Joe Biden à la Maison Blanche, un navire américain, en l’occurrence le contre-torpilleur USS John McCain, s’est aventuré près des îles Paracel, passées sous contrôle chinois alors qu’elle font l’objet de revendications de pays riverains, dans le cadre d’une opération pour la « liberté de navigation » [FONOP].

« La Chine continuera à rester en état d’alerte et elle est prête à répondre à toutes les menaces et provocations à tout moment. Elle sauvegardera résolument sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale. Nous espérons que la partie américaine jouera un rôle constructif pour la paix et la stabilité régionales, plutôt que le contraire », a ensuite commenté le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, après avoir condamné la mission effectuée par l’USS John McCain.

Photo : Ministère des Armées

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