Dotée de nouveaux pouvoirs, la garde-côtière chinoise fait une incursion dans les eaux des îles japonaises Senkaku

En janvier, la Chine a adopté une loi autorisant ses gardes-côtes à faire usage de la force, même sans sommation, dans les eaux placées « sous juridiction chinoise ». Étant donné les différends territoriaux impliquant Pékin, cette formule n’a manqué de susciter quelques interrogations… Une réponse vient d’être sans doute apportée, ce 8 février.

En effet, Tokyo a indiqué avoir protesté auprès de Pékin après une nouvelle incursion de deux navires du Corps de garde-côtes des Forces de police armées chinoises [PAPCGC] dans eaux de l’archipel Senkaku, les 6 et 7 février.

« Nous avons protesté vigoureusement par les voies diplomatiques, tant à Tokyo qu’à Pékin, en exigeant fermement qu’ils cessent immédiatement leurs manœuvres pour tenter d’approcher les navires de pêche japonais, et qu’ils quittent rapidement les eaux territoriales », a expliqué Katsunobu Kato, le porte-parole du gouvernement japonais, précisant que des navires de la garde-côtière nippone avaient demandé « à plusieurs reprises » à leurs homologues chinois de « partir », tout « en assurant la sécurité des bateaux de pêche. » Et d’insister : « Le Japon ne tolérera jamais de tels mouvements. »

L’archipel Senkaku [ou Diaoyutai] fait l’objet d’une dispute territoriale entre le Japon, Taïwan et la Chine depuis le début des années 1970. Mais les tensions ont pris une nouvelle ampleur en 2010, avec l’envoi récurrent de navires et d’avions militaires chinois dans ses environs.

Ce qui a parfois donné lieu à des incidents, comme en 2013, quand le radar de contrôle de tir d’une frégate de type 053 chinoise « verrouilla » un bâtiment japonaise, en encore comme en 2016, quand deux F-15 nippons eurent une rencontre « musclée » avec deux Su-30 chinois.

Ces tensions au sujet de cet archipel ont d’ailleurs conduit Tokyo à créer une « brigade de déploiement rapide amphibie » afin d’être en mesure, le cas échéant, d’en reprendre la possession de vive force si, d’aventure, la Chine venait à s’en emparer.

Évidemment, maintenant que le corps des gardes-côtes chinois est autorisé à faire usage de la force dans les eaux censées relever de sa compétence, on peut s’attendre à ce qu’un incident sérieux survienne un jour ou l’autre. D’autant plus que, l’an passé, un châlutier japonais a été chassé des eaux des îles Senkaku par deux de ses navires…

Quoi qu’il en soit, dans sa réponse à la protestation qui lui a transmis son homologue japonais, le gouvernement chinois a expliqué ce qu’il entendait par les eaux sous « juridiction chinoise ».

« Les îles Diaoyu sont un territoire chinois inhérent. Les activités de la Garde côtière chinoise dans ces eaux font partie des mesures légitimes et légales pour préserver la souveraineté, conformément à la loi », a répondu Wang Wenbin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse donnée ce 8 février.

« Inhérent » veut dire « qui appartient essentiellement à un être, à une chose, qui lui est joint inséparablement »… En clair, Pékin considère donc l’archipel Senkaku comme faisant partie de son territoire. Ce qui laisse augurer d’autres incidents à l’avenir…

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