Les forces américaines cherchent des points d’appui en Arabie Saoudite, près de la mer Rouge

La semaine dernière, la diplomatie américaine a indiqué qu’elle allait passer en revue les dernières ventes d’armes autorisées par l’administration Trump, et notamment celles concernant les Émirats arabes unis [F-35, drones MQ-9B] et l’Arabie Saoudite [3.000 bombes GBU-39 SDB].

Il s’agit de « faire en sorte que les ventes d’armes par les États-Unis répondent à nos objectifs stratégiques », a expliqué un porte-parole du département d’État, décrivant une « mesure de routine administrative typique de la plupart des transitions. »

Or, du temps de l’adminstration Trump, des élus du Parti démocrate au Congrès ont régulièrement tenté de bloquer les contrats d’armement signés par Riyad et Abu Dhabi… Qu’en sera-t-il maintenant qu’un des leurs, à savoir Joe Biden, est à la Maison Blanche?

Si ce dernier a qualifié le royaume saoudien de « paria » lors des primaires du Parti démocrate, le département d’État a cependant condamné l’attaque dont Riyad a été la cible, le 26 janvier dernier. Et de rappeler l’engagement de Washington « à aider notre partenaire, l’Arabie saoudite, à se défendre contre les attaques sur son territoire. »

En attendant, l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, cherche de nouveaux points d’appui en Arabie Saoudite, donnant sur la mer Rouge. Trois sites l’intéressent plus particulièrement : le port de Yanbu, par ailleurs plusieurs fois visé par des missiles tirés depuis le Yémen, et les bases aériennes de Tabuk et de Taëf.

Le chef de l’US CENTCOM, le général Kenneth McKenzie, a expliqué qu’il s’agissait de se donner des « options ». Options « qui sont toujours une bonne chose pour un commandant », a-t-il confié au Wall Street Journal alors qu’il se trouvait à Yanbu.

D’après lui, des troupes, des avions et divers équipements militaires ont été envoyés sur ces trois sites en 2020 afin de voir comment ils pourraient être utilisés pour « transférer des actifs dans et en dehors de la région ». D’autres emprises sont à l’étude mais le général McKenzie a refusé de les identifier.

Le porte-parole de l’US CENTCOM, le capitaine de vaisseau Bill Urban, a expliqué par la suite que ces études avaient été lancées après les attaques contre les installations pétrolières situées dans l’est de l’Arabie Saoudite, en septembre 2019.

Pour rappel, ces attaques, commises avec des missiles et de drones, avaient été revendiquées par les rebelles Houthis, actifs au Yémen… Mais tout porte à croire que l’Iran en a été le responsable.

« Ce sont des mesures de planification militaire qui doivent permettre de disposer d’un accès temporaires à des installations en cas d’urgence. Il ne s’agit pas d’une extension de l’empreinte américaine dans la région en général et en Arabie Saoudite en particulier, » a souligné le capitaine de vaisseau Urban, dans un courriel évoqué par l’Associated Press.

A priori, a rappelé cette dernière, cette initiative semble faire partie du « Western Sustainment Network », évoqué par le général McKenzie lors d’auditions parlementaires. C’est un « nouveau système logistique conçu pour éviter les points d’étranglement maritime », a expliqué Becca Wasser, du Center for a New American Security.

Pour rappel, les forces américaines avaient quitté les bases qu’elles occupaient en Arabie Saoudite en 2003. En juillet 2019, et alors que les tensions dans le golfe Persique allaient crescendo, le président Trump ordonna l’envoi d’unité sur la base aérienne Prince Sultan, au sud de Riyad.

Cela étant, avec le canal de Suez, le détroit de Bab el-Mandeb et sa proximité avec les zones en crise, la mer Rouge est une région stratégique. D’où la volonté de la Russie d’y disposer d’un point d’appui pour ses navires à Port-Soudan. Un accord en ce sens a d’ailleurs été signé avec Khartoum.

Or, il se trouve justement que la base de Taëf se trouve juste en face de Port-Soudan.

En tout cas, ce futur point d’appui russe au Soudan n’a pas été évoqué par le général McKenzie. En revanche, il a fait observer que les eaux du golfe Persique seraient « contestées en cas de conflit armé avec l’Iran. » Aussi, a-t-il ajouté, il faut « regarder les endroits où vous déplaceriez vos forces lorsqu’elles entrent sur le théâtre après avoir été dans une zone contestée. Et la partie occidentale de la péninsule arabique présente ces opportunités », a-t-il dit, selon des propos rapportés par Defense One.

En clair, l’idée est de pouvoir disposer de points de repli en cas de conflit, les emprises américaines disséminées à Bahreïn, au Koweït et aux Émirats arabes unis [voire au Qatar] étant à la portée des missiles iraniens. « Nous explorons simplement des possibilités ici, rien de plus que cela et nous travaillons en étroite collaboration avec nos hôtes saoudiens », a-t-il conclu.

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