Les États-Unis ont récupéré un système antiaérien russe Pantsir S-1 en Libye

En mai 2020, les forces loyales au gouvernement d’union nationale libyen [GNA], appuyées par des drones turcs, chassèrent les éléments de l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Khalifa Haftar de la base aérienne – stratégique – d’al-Watiya, située à seulement 140 km au sud-ouest de Tripoli, la capitale. Et, à cette occasion, un système anti-aérien russe Pantsir S1 [Code Otan : SA-22 Greyhound], quoique endommagé, fut récupéré.

Selon les commentaires faits à l’époque, ce système, monté sur un châssis de type Man-SX 45, de facture allemande, aurait été fourni par les Émirats arabes unis à l’ANL. Par la suite, la batterie en question fut transféré à Zawiya [ouest de Tripoli], puis saisie par un certain Mohamed Bahroun, le chef d’une milice soupçonnée d’avoir des liens avec des passeurs de migrants et des jihadistes.

Qu’est devenu ce système Pantsir S1 par la suite? Le quotidien britannique « The Times » a sans doute la réponse. Ainsi, selon lui, un mois après la prise de la base d’al-Watiya par les milices pro-GNA, un avion de transport C-17 Globemaster III de l’US Air Force a atterri à l’aéroport de Zuwara, à l’ouest de Tripoli. Là, il a embarqué une batterie Pantsir S1, avant de décoller en direction de la base aérienne de Ramstein. L’appareil a ensuite fait un voyage en Turquie puis, après un retour en Allemagne, il a pris la destination de Charleston, en Caroline du Sud.

Comment cette batterie Pantsir S-1 a-t-elle fini entre les mains des forces américaines? A-t-elle été acheté? Remise gracieusement par le GNA? Récupérée lors d’une opération spéciale? Le journal ne le précise pas. En tout cas, elle constitue – s’il en était encore besoin – une preuve de la violation de l’embargo sur les armes visant la Libye.

Pour rappel, le système Pantsir S1 se compose d’un radar à antenne à balayage électronique, de deux canons antiaériens capables de tirer 5.000 projectiles de 30 mm par minute, et de 12 missiles 57E6 d’une portée de 20 km et pouvant atteindre une cible évoluant entre 15 et 15.000 mètres d’altitude.

Aussi, un tel système a de quoi potentiellement intéresser le Pentagone. En novembre 2019, alors que l’ANL tentait de s’emparer de Tripoli pour y installer le gouvernement issu du Parlement élu en 2014 et replié à Tobrouk, deux drones – un MQ-9A Reaper italien et un appareil américain de type non précisé – avaient été abattus au-dessus de la capitale libyenne.

Par la suite, l’US AFRICOM, le commandement militaire américain pour l’Afrique, affirma que son drone avait été abattu par une batterie anti-aérienne russe. Et d’en attribuer la responsabilité « soit à l’Armée nationale libyenne, soit à des mercenaires russes », en l’occurrence ceux de la société militaire privée [SMP] Wagner. « Les opérateurs du système de défense ont tiré par erreur sur ce drone pensant qu’il s’agissait d’un engin du camp opposé, expliqua alors le colonel Christopher Karns.

Selon The Times, Moscou sait qu’une batterie Pantsir S1 a été récupérée par les États-Unis. Pour autant, les informations susceptibles d’être exploitées par le renseignement militaire américain auraient une valeur limitée étant donné que les systèmes exportés n’ont pas les mêmes codes d’identification que ceux utilisés par les forces russes.

Aussi, un autre raison pour expliquer l’intérêt américain pour ce système anti-aérien est qu’il s’agissait d’éviter de le voir tomber entre de mauvaises mains, en l’occurrence celle d’un chef de milice aux accointances douteuses.

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