Mme Parly n’a pas de certitude sur ce que décidera l’administration Biden au sujet du soutien américain à Barkhane

Pour la seconde fois en quatre ans, le Congrès des États-Unis a une nouvelle fois dérogé à la loi [Section 903(a) du « National Defense Authorization act »] en confirmant la nomination de l’ex-général Lloyd Austin à la tête du Pentagone. En effet, ce dernier devait impérativement obtenir une dérogation étant donné que la législation américaine impose qu’un militaire en retraite doit avoir quitté le service depuis au moins sept ans avant de prétendre à occuper de telles fonctions.

« Le contrôle civil de l’armée est un principe fondamental de notre république. Nous ne voulons absolument pas qu’une carrière militaire de haut niveau devienne une condition préalable tacite aux postes de direction civile au sein du ministère de la Défense », le sénateur républicain Mitch McConnell.

Reste maintenant à voir les décisions que prendra Lloyd Austin au sujet de l’implication américaine au Sahel, laquelle est indispensable à l’opération Barkhane.

« Je peux confirmer que l’engagement américain à nos côtés est considérable. Ces derniers mois, il a augmenté et son apport est vraiment primordial, notamment en matière de renseignement et de ravitaillement en vol », a en effet récemment souligné le général Marc Conruyt, le commandant de la force Barkhane, lors d’une audition parlementaire.

Pourtant, en janvier 2020, ce soutien semblait compromis… du moins discuté, l’administration Trump souhaitant revoir la posture et le niveau d’engagement de ses forces armées en Afrique, la lutte contre les organisations terroristes n’étant plus l’une des priorités principales. Cela avait conduit la ministre française des armées, Florence Parly, a faire le voyage à Washington pour plaider la cause de l’opération Barkhane.

« Nous avons passé beaucoup de temps et d’énergie pour obtenir un soutien qui nous était contesté au début de l’année 2020. Puis, au fil des mois, ce soutien nous a été rendu mais avec des conditions puisque l’administration sortante [celle de M. Trump, ndlr] avait l’ambition de se faire payer [ou rembourser?] pour l’ensemble des éléments qui étaient mis à notre disposition », s’est rappelé Mme Parly, lors d’une audition au Sénat, le 20 janvier. Puis, a-t-elle continué, « finalement, nous avons obtenu que le soutien américain puisse être rétabli dans les termes initiaux. »

En 2014, année du lancement de Barkhane, le président Obama avait signé un mémorandum afin de débloquer, en invoquant l’article 506 du Foreign Assistance Act de 1961, une enveloppe de 10 millions de dollars pour financer une partie du soutien américain aux opérations françaises au Sahel.

Ce soutien concerne plus particulièrement le renseignement. Dans ce domaine, a relevé Mme Parly, ‘ »l’imbrication avec nos forces est plus forte que jamais, notamment dans le cadre de la mise en oeuvre du commandement conjoint mis en place à Niamey. » Ce qui fait, a-t-elle poursuivi, « nous bénéficions d’une masse d’informations au travers des moyens de renseignement et des capteurs américains qui sont sur la zone. »

Ce soutien, dont Paris souhaiterait qu’il soit plus important encore, va-t-il se poursuivre avec la nouvelle administration américaine? La partie n’est pas jouée d’avance… d’autant plus que, selon une source française citée par le Journal du Dimanche, la semaine passée, Lloyd Austin n’ayant « pas la fibre particulièrement européenne », il n’est « pas un interlocuteur naturel et empathique pour nous. »

En attendant, Mme Parly n’a aucune garantie sur la poursuite du soutien à Barkhane à la faveur de l’alternance politique à Washington.
« À ce stade, je n’ai évidemment aucun élément permettant de dire ce que sera l’attitude de la nouvelle administration américaine », a-t-elle dit. Et « cela fera partie des premiers sujets que nous aborderons avec nos nouveaux interlocuteurs : dans quelles conditions ce soutien […] pourra être reconduit et éventuellement amplifié », a-t-elle conclu.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]