La Marine nationale expérimente un moyen alternatif de transmission haute fréquence

Pour les transmissions à longie distance, on utilise généralement des systèmes haute fréquence [ou à ondes courtes] qui ont le désavantage de ne pas être très discrets, en plus d’être inaccessibles dans certains endroits du monde. Pour y remédier, on peut avoir recours aux satellites de télécommunications. Mais comme le souligne l’Agence de l’innovation de Défense [AID], ce sont des « ressources rares, réservées à des usages ciblés » et pas toujours accessibles aux latitudes élevées, en particulier pour les petites unités de la Marine nationale.

D’où l’intérêt du projet DRMC@ST, qui, porté par l’opérateur TDF [ex-TéléDiffusion de France], vise à démontrer le potentiel de la radiodiffusion numérique à la nord DRM [Digital Radio Mondiale] pour les applications maritimes, via la station d’émission de forte puissance [150 kW, antennes rotatives de 80m et de 180 tonnes, ndlr]installée à Issoudun.

Aussi, ce projet bénéficie du soutien du pôle d’innovation « Orion » de la Direction générale de l’armement [DGA] « Techniques navales », de l’AID, via l’Innovation Défense Lab] et, bien évidemment, de la Marine nationale, son Centre d’expertise des programmes navals [CEPN] étant chargé de conduire des expérimentations.

« L’idée est de ne pas saturer les moyens de communication par satellite [de la métropole vers le théâtre d’opération], tout en assurant une discrétion pour les bâtiments récepteurs et une simplicité d’installation [récepteur radio de faible taille avec antenne fouet] », explique l’AID.

Le projet DRMC@ST permettrait ainsi de transmettre, d’une manière fiable est discrète des fichiers numériques [fichiers, images, textes, etc] à une début plus élevé par rapport aux moyens utilisés par la Marine nationale et les autres armées, lesquelles pourraient être intéressés par les résultats des expérimentations en cours pour leurs transmissions entre la métropole et les théâtres extérieures où elles sont engagées.

En outre, cette solution aurait l’avantage d’être complémentaire des moyens HF existantes et des services de télécom par satellites, tout en étant simple d’emploi.

Déjà, DRMC@ST a prouvé son efficacité pour les applications civiles, notamment lors de la Mini-Transat 2019. Reste à en faire de même pour les transmissions militaires. Pour cela, deux navires de la Marine nationale ont chacun été doté d’une station de réception, constitué d’un ordinateur et d’un récepteur radio numérique. Les tests, effectués entre Toulon et la région Indo-Pacifique, sont actuellement en cours. Leurs résultats seront présentés en avril prochain.

Dans le détail, il s’agit de transmettre à ces deux unités de la Marine, via DRMC@ST, des fichiers de situation et prédiction météo au format GRID, des images satellite de météo, des fichiers voix selon un format numérique de type ogg ou mp3, des photographies aériennes de navires, représentatives d’opérations de surveillance [navires pollueurs, narcotrafic, pêche illégale etc] ainsi que des fichiers chiffrés au format ACID ou encore des fichiers texte.

« Les opérateurs à bord sont chargés d’exploiter les stations de réception, de rendre compte de la qualité et du niveau de réception perçu et de restituer les stations de réception », précise l’AID.

Et d’ajouter : « Cette expérimentation est particulièrement innovante car elle repose sur la complémentarité entre des moyens militaires et civils existants, la simplicité de déploiement du système de réception, et la possibilité d’une expérimentation en grandeur réelle dans des régions du globe très éloignées et durant des périodes relativement longues. »

Photo : TDF

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