Paris envisage d’apporter une aide militaire au Mozambique, aux prises avec l’État islamique en Afrique centrale

En octobre 2017, le groupe jihadiste Ahlu Sunnah wal Jamaa [les « adeptes de la tradition du prophète], encore appelé « al-Shabab » [qui n’a rien à voir avec l’organisation somalienne du même nom, liée à al-Qaïda, ndlr] lança une insurrection armée dans la province de Cabo Delgado, où d’immenses réserves de gaz naturel venaient d’être découverte, au point de laisser espérer le Mozambique de devenir l’un des premiers producteurs au niveau mondial.

Seulement, Maputo tarda à réagir, se réfugiant alors dans le déni. Mais des renforts militaires finirent par y être envoyés et il fut fait appel à des sociétés militaires privées [SMP], dont la russe Wagner et la sud-africaine Frontier Services Group.

Cependant, cela ne freina nullement les activités d’Ahlu Sunnah wal Jamaa, qui multiplia les attaques contre les forces de sécurité, la population locale et les expatriés. Puis le groupe fit allégeance à l’État islamique [EI ou Daesh] et prit le nom « État islamique d’Afrique centrale » [ISCAP].

« Le noyau de l’ISCAP est formé d’islamistes venus s’installer en Tanzanie après avoir été chassés du Kenya en 2015. Puis, chassés de Tanzanie en 2017, ils ont pris pied dans le nord du Mozambique et se sont agrégés avec les groupes locaux comme Ansar Al-Sunna », explique ainsi Thierry Vircoulon, chercheur associé à l’IFRI.

En août, l’ISCAP s’est emparé de Mocimboa da Praia, qu’il avait déjà occupé quelques mois plus tôt. Or, le port de cette localité est stratégique dans la mesure où il est essentiel pour ravitailler les installations du site offshore d’Afungi.

Puis, un mois plus tard, l’ISCAP a débarqué sur les îles de Metundo et Vamizi, ce qui le met en position de menacer le trafic maritime au large de Cabo Delgado. Et, depuis, la situation s’est encore dégradée, de plus en plus d’attaques étant menées dans les environs du site d’Afungi. Ce qui a d’ailleurs récemment incité le groupe français Total, fortement impliqué dans les projets gaziers du Mozambique, à évacuer son personnel.

Début décembre, le coordinateur de la lutte contre le terrorisme au département d’État, Nathan Sales, fit savoir que les États-Unis venaient de proposer d’aider le Mozambique, soulignant la nécessité de mettre en place une coopération internationale pour mettre fin au conflit.

Par ailleurs, devant les députés, le 12 janvier, la ministre des Armées, Florence Parly, a évoqué la situation de Cabo Delgado, laquelle fait l’objet d’échanges avec son homologue portugais, João Cravinho, le Mozambique étant une ancienne possession du Portugal.

« Ce qui se passe au nord est très inquiétant », avec « la montée en puissance d’un mouvement terroriste qui se réclame de Daesh », a dit la ministre. « Et donc, a-t-elle poursuivi, nous sommes en train de voir comment nous pouvons appuyer, par de l’entraînement et de la formation, les forces armées » du Mozambique.

« Nous souhaitons pouvoir le faire avec nos partenaires européens », a ensuite précisé Mme Parly. En outre, a-t-elle rappelé, « nous disposons de forces qui sont positionnées dans le sud de l’océan Indien, à la Réunion et à Mayotte pour pouvoir y contribuer le cas échéant. »

Les forces évoquées par la ministre sont les FAZSOI, c’est à dire les les Forces armées dans la zone sud de l’Océan Indien. Elles sont notamment constituées par le 2e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa], du détachement de Légion étrangère de Mayotte [DLEM], du Bâtiment de soutien et d’assistance outre-Mer [BSAOM] Champlain, de deux frégates de surveillance [le Nivôse et le Floréal] et de deux patrouilleurs, à savoir le « Malin » et l’Astrolabe [qui, toutefois, appartient aux TAAF]. Enfin, ces moyens sont complétés par deux avions de transport CASA CN-235.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]