Mme Parly : « Je souhaite que l’on puisse en faire davantage pour mieux protéger nos militaires » au Sahel

Depuis maintenant deux mois, il est question d’une nouvelle évolution du dispositif militaire français au Sahel, après le renforcement de Barkhane, décidé après le sommet de Pau qui avait réuni la France et les pays du G5 Sahel [Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad], le 13 janvier 2020.

Ces renforts ont ainsi permis d’accentuer l’effort sur la région dite des trois frontières [située aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger] et de réduire les capacités de l’État islamique au grand Sahara [EIGS] qui, jusqu’alors, multipliait les attaques d’envergure contre les armées locales dans cette zone. En outre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM, JNIM ou RVIM], qui fédère plusieurs groupes jihadistes, a également été visé, plusieurs de ces cadres ayant été éliminés.

Dans le même temps, l’accent a été mis sur la « sahélisation » et « l’européanisation » des opérations. Il s’agit de faire monter en puissances les forces du G5 Sahel, tant quantativement que qualitativement, et d’accroître la coordination entre-elles.

À ce titre, le détachement de forces spéciales européennes « Takuba », intégré à Barkhane, aura une importance particulière puisqu’il sera chargé d’accompagner les armées locales au combat. L’Estonie, la République tchèque, la Suède et l’Italie y participent [ou sont sur le point de le faire].

Enfin, au printemps dernier, la « Coalition pour le Sahel » a été lancée par l’Union européenne et les pays du G5 Sahel, sur la base de quatre piliers : rétablissement de la sécurité, renforcement des capacités des forces régionales, aide au développement, appui à la gouvernance.

Cependant, les autorités maliennes seraient désormais prêtes à négocier avec certains groupes jihadistes du GSIM. Interrogé récemment sur ce point par RFI, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], a répondu qu’il s’agissait d’un « choix des politiques, à commencer par les politiques maliens ».

Et d’ajouter : « Si on veut […] s’entendre avec quelqu’un qu’on a combattu, il faut être capable de choisir le bon partenaire avec lequel s’entendre, celui qui est représentatif, qui est légitime. Et donc ça posera un jour la question d’un accord politique qui se fera avec des gens qui à un moment ou à un autre ont été des ennemis de la force Barkhane, ont été les ennemis de la force armée malienne. »

C’est donc dans ce contexte, qui plus est marqué par la mort de cinq militaires français en moins d’une semaine, que la ministre des Armées, Florence Parly, a sous-entendu que l’effectif de Barkhane pourrait être revu à la baisse dans les semaines à venir.

« Au sommet de Pau de janvier 2020, le président avait décidé [un] renfort de 600 militaires. […] Cela a produit des résultats importants. Un bilan sera tiré prochainement lors d’un sommet avec les chefs d’État africains du G5 Sahel. Nous serons probablement amenés à ajuster le dispositif : un renfort, par définition, c’est temporaire. Mais la décision en revient au chef des Armées », a en effet déclaré Mme Parly, dans les colonnes du quotidien Le Parisien, ce 4 janvier.

En novembre, il avait été avancé qu’une réduction du format de Barkhane serait rendu possible grâce à la montée en puissance du détachement Takuba. Seulement, ce dernier ne sera pleinement opérationnel qu’à partir de l’été prochain. À cette époque, la ministre s’était dit « très optimiste sur le fait que nous allons maintenant changer de braquet » grâce à cet apport européen….

Cela étant, un ajustement, qu’il soit à hausse ou à la baisse, peut aussi être capacitaire. Sur ce point, tirant les enseignements de l’opération Bourrasque, conduite en octobre dernier, le général Marc Conruyt, le commandant de Barkhane, a estimé, devant les député, qu’il était important de « développer la plus grande agilité tactique et interarmées [au sol et dans les airs], la vitesse et la surprise [gages de supériorité] et l’efficacité du caractère multi milieux de nos opérations, qui permet de synchroniser les différents effets que nous sommes capables de produire. »

En outre, après les deux attaques commises ces derniers jours avec des engins explosifs improvisés [IED] contre Barkhane, des mesures spécifiques pourraient être prochainement annoncée. C’est, là aussi, ce qu’a laissé entendre Mme Parly

Dans l’entretien qu’elle a donné au Parisien, la ministre a d’abord souligné que Barkhane n’avait « cessé de s’adapter à la configuration du terrain, aux modes opératoires des groupes terroristes. » C’est ainsi que, par exemple, il avait été décidé en 2017 de déployer à nouveau des VBCI [Véhicules Blindés de Combat d’Infanterie] au Mali. Puis, a-t-elle ajouté, « cette adaptation va continuer » et « je souhaite en faire davantage pour mieux protéger nos militaires ». Aussi, « nous sommes en train de travailler aux évolutions de la force Barkhane dans les prochains mois », a-t-elle conclu.

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