Contrordre pour le porte-avions USS Nimitz, contraint de faire demi-tour et de prolonger sa mission au Moyen-Orient

Le 31 décembre, le Pentagone a annoncé que le porte-avions USS Nimitz allait pouvoir rentrer à son port d’attache, à San Diego [Californie], après plus de huit mois de mission au Moyen-Orient et dans l’océan Indien, où il a appuyé le rédéploiement des troupes américaines hors de Somalie.

Cependant, une telle annonce pouvait paraître surprenante, d’autant plus que, à quelques jours du premier anniversaire de la mort du général iranien Qassem Soleimani [le chef de l’unité al-Qods des Gardiens de la révolution, tué par une frappe américaine à Bagdad le 3 janvier 2020, ndlr], des atteintes aux intérêts américains dans la région, voire à ceux de certains de leurs alliés, étaient à craindre.

Ainsi, avant les fêtes de fin d’année, l’ambassade des États-Unis à Bagdad a été la cible de tirs de roquettes tandis que la tension entre les forces américaines et diverses milices chiites soutenues par l’Iran avaient atteint un nouveau pic. Le 23 décembre, le président Trump a d’ailleurs prévenu. « Quelques conseils amicaux de santé aux Iraniens : Si un Américain est tué, je tiendrai l’Iran pour responsable. Pensez-y », avait-il lancé via Twitter.

Et, une semaine plus tard, pour dissuader tout acte hostile, deux bombardiers B-52H Stratofortress de l’US Air Force décollèrent de la base de Minot [Dakota du Nord] pour un vol aller-retour vers le Moyen-Orient.

Il s’agissait alors d’au moins la troisième mission de cette nature effectuée en l’espace de quelques semaines par des B-52H. Selon l’US Centcom, le commandement pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, de tels vols ont pour objectif de « délivrer un message dissuasif clair à quiconque a l’intention de nuire aux intérêts américains. »

Aussi, la présence d’un groupe aéronaval dans la région pour quelques jours de plus aurait renforcé le potentiel de dissuasion des forces américaines. Mais, selon des responsables cités par le New York Times, la décision de faire revenir l’USS Nimitz aurait été prise afin d’envoyer un signal de « désescalade » à Téhéran, alors que la transition politique se prépare à Washington.

Seulement, certains responsables iraniens ont fait des déclarations hostiles aux États-Unis par la suite. Tel est le cas,, le 1er janvier, d’Ebrahim Raïssi, le chef de l’autorité judiciaire en Iran. Ce dernier a ainsi affirmé, que ceux qui étaient mêlés à la mort du général Soleimani ne seraient « nulle part en sécurité. »

« Ne pensez pas que quelqu’un comme le président de l’Amérique, qui apparaît comme un assassin ou qui a ordonné un assassinat, peut s’en tirer […] Jamais », a assuré M. Raïssi. « Ceux qui ont joué un rôle dans ce meurtre ne seront nulle part en sécurité sur cette terre », a-t-il insisté.

En juin 2020, le procureur général de Téhéran, Ali Alqassi-Mehr, avait émis un mandat d’arrêt et réclamé une notice rouge d’Interpol pour 36 personnes impliquées dans la mort du général Soleimani. Des « responsables politiques et militaires des Etats-Unis et d’autres gouvernements, ont été identifiées », avait-il assuré à l’époque. Et d’ajouter : « En tête de liste figure le président américain Donald Trump, qui sera poursuivi même après la fin de son mandat. »

La semaine passée, Téhéran a également pointé la responsabilité de la société britannique G4S, qui assure la gestion de l’aéroport de Bagdad, et impliqué l’Allemagne, où est implantée la base américaine [celle de Ramstein, ndlr] ayant servi à piloter le drone ayant tué l’ex-chef de l’unité al-Qods.

En outre, le successeur de Qassem Soleimani à la tête de l’unité al-Qods, le général Esmail Qaani, a prévenu que la riposte « pourrait se produire n’importe où », y compris aux États-Unis.

Aussi, la teneur de telles déclarations a conduit le Pentagone à revoir l’ordre donné quatre jours plus tôt à l’USS Nimitz et à son escorte.

« En raison des récentes menaces émises par les dirigeants iraniens contre le président Trump et d’autres responsables du gouvernement américain, j’ai ordonné à l’USS Nimitz de rester dans le Golfe », a justifié Christopher Miller, le secrétaire américain à la Défense, le 3 janvier. « L’USS Nimitz restera désormais en poste dans la zone d’opérations de l’US Centcom. Personne ne doit douter de la détermination des États-Unis d’Amérique », a-t-il ajouté.

Au même moment, des milliers de manifestants se sont rassemblés sur la place principale de Bagdad pour scander des slogans anti-américains et appeler à venger la mort du général Soleimani.

Photo : US Navy / Mass Communication Specialist 3rd Class Elliot Schaudt

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