L’actualisation de la Loi de programmation militaire sera l’un des enjeux majeurs pour les armées en 2021

Cette année, et conformément à la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, le budget du ministère des Armées sera porté à 39,2 milliards d’euros, grâce à une troisième hausse consécutive de 1,7 milliard [+4,5% par rapport à 2020]. Et cela, alors que les indicateurs économiques sont tombés dans le rouge en raison des effets de la crise sanitaire liée à la covid-19. Il devrait en être de même pour l’annuité suivante.

Les choses risquent sérieuresement de se compliquer par la suite. En effet, la LPM prévoit un budget de 44 milliards d’euros en 2023… et donc une hausse de 3 milliards. Quant aux montants prévus pour les deux annuités suivantes, ils n’ont pas été précisés. Ils le seront à la faveur d’une « actualisation » qui devra être faite d’ici la fin 2021. Assurément, ce sera l’un des dossiers les plus importants que Florence Parly, la ministre des Armées, aura à traiter cette année.

Cette actualisation « aura notamment pour objet de consolider la trajectoire financière et l’évolution des effectifs jusqu’en 2025 » et devra permettre « de vérifier la bonne adéquation entre les objectifs […], les réalisations et les moyens consacrés » ainsi que « l’amélioration de la préparation opérationnelle et de la disponibilité technique des équipements », précise l’article 7 de la LPM.

Mais dans son article 3, il est écrit que les « crédits budgétaires pour 2024 et 2025 seront précisés à la suite d’arbitrages complémentaires dans le cadre des actualisations prévues à l’article 7, prenant en compte la situation macroéconomique à la date de l’actualisation ainsi que l’objectif de porter l’effort national de défense à 2 % du produit intérieur brut en 2025. » Or, compte-tenu de la chute du PIB en 2020 [-11%], cet objectif est en passe d’être déjà atteint…

En outre, d’ici 2023, de nouvelles élections auront lieu… Et nul ne sait ce que décideront ceux qui sortiront vainqueurs des urnes.

Quoi qu’il en soit, pour le Sénat, la mauvaise situation macroéconomique que connaît actuellement la France « ne saurait justifier aucun recul par rapport à la trajectoire vers l’Ambition 2030, quand bien même l’effort national de défense serait porté à 2 % du PIB plus rapidement que prévu du fait de la récession », d’autant plus que « la dégradation du contexte stratégique rend plus que jamais nécessaire l’atteinte de l’Ambition 2030. » C’est, en tous cas, ce qu’ont soutenu les sénateurs Cédric Perrin et Hélène Conway-Mouret, dans un rapport publié lors de l’examen du projet de loi de finances initiale 2021.

L’enjeu de cette actualisation est de faire en sorte que les armées ne se retrouvent au milieu du gué. Pour l’armée de Terre, il s’agira évidemment de continuer le programme Scorpion [dont la LPM 19-25 n’en permet de réaliser que la moitié…], de traiter rapidement les obsolescences du char Leclerc et de poursuivre l’effort dans le domaine des AOA [Autres Opérations d’Armement] dites « à hauteur d’homme », qui sont le ciment des programmes dits à effet majeur [PEM]. En outre, pour M. Perrin et Mme Conway-Mouret, il faudra penser au renouvellement des Engins blindé du génie et à constituer des « stocks stratégiques » de munitions, dont le « prix tend à augmenter. »

Pour l’armée de l’Air & de l’Espace [aAE], il sera évidemment impératif de remplacer les 12 Rafale F3R dont il est question de céder à la Grèce. Ces appareils neufs ne pourront toutefois pas être livré d’ici 2025… Aussi, Mme Parly mise sur une hausse de la disponibilité des Rafale grapce au contrat RAVEL, confié à Dassault Aviation en 2019.

Outre la question du Rafale, l’aAE aura à continuer la modernisation du Système de commandement et de conduite des opérations aériennes [SCCOA], à remplacer ses derniers hélicoptères Puma, à lancer les travaux sur un futur avion cargo tactique médian [FTCM], voire sur un éventuel sucesseur de l’Alphajet, et à convertir en MRTT les trois Airbus A330 récemment commandés dans le cadre du plan de soutien à la filière aéronautique.

Enfin, s’agissant de la Marine nationale, plusieurs programmes majeurs ont déjà été lancés lors de ces deux dernières années comme ceux relatifs aux patrouilleurs océaniques, aux patrouilleurs outre-Mer, aux Bâtiments ravitailleurs de force, au Système de lutte anti-mines futur, à l’hélicoptère Guépard ou encore au sytème de drone aérien de la marine [SDAM]. En outre, le renouvellement des sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] est amorcé avec la livraison du Suffren. Et il restera à préparer la prochaine génération de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] ainsi que le porte-aviosn de nouvelle génération [PA NG], pour lequel 261 millions d’euros seront investi en 2021 pour continuer les études.

Un autre point important pour la Marine est, comme pour les autres armées d’ailleurs, la constitution d’un stock de munitions, ce qui est indispensable pour l’entraînement des équipages.

Photo : Char Leclerc © armée de Terre

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