La force aérienne suisse est désormais prête à assurer la police du ciel 24 h sur 24, 7 jours sur 7

En février 2014, la force aérienne suisse avait été sous le feu des critiques pour ne pas avoir été en mesure d’intervenir pour escorter un Boeing B-767 de la compagnie Ethiopan Airlines, alors détourné par son co-pilote vers l’aéroport de Genève. L’avion civil avait été alors pris en charge par des Eurofighter italiens, puis par deux Mirage 2000 français.

Un porte-parole expliqua alors que les pilotes de chasse suisse n’étaient disponibles que « pendant les heures de bureau », c’est à dire de 8h à 12h, puis de 13h30 à 17h. « C’est pour cela que nous avons des accords avec les pays voisins pour assurer la police aérienne en dehors des heures d’ouverture de nos aérodromes militaires », avait-il souligné, avant de préciser que la couverture radar de l’espace aérien suisse était quant à elle permanente.

Cela étant, une posture permanente de sûreté aérienne exige d’avoir suffisamment d’avions de combat disponibles… mais aussi le personnel qualifiés adéquat pour les mettre en oeuvre, c’est à dire, au-delà des pilotes, des mécaniciens, des techniciens, des pistards, des contrôleurs, des pompiers, etc… Ce qui ne se fait pas en un claquement de doigts, d’autant plus que, à l’époque, la force aérienne suisse ne pouvait compter que sur une petite trentaine de F/A-18 Hornet qui manquaient alors de potentiel.

Cependant, et alors qu’un projet visant à « garantir la disponibilité opérationnelle du service de police aérienne en dehors des heures de travail normales » lui avait été demandé dès 2009, la force aérienne suisse a lancé le programme PA24 en 2015 afin d’atteindre cet objectif en quatre étapes, « avec deux avions armés prêts à décoller en l’espace de 15 minutes au maximum. »

Le premier palier a donc été atteint en 2016, avec deux avions prêts à être engagés depuis la base aérienne de Payerne, du lundi au vendredi, de 8 h à 18 h, pendant 50 semaines. Puis ce dispositif a été étendu à 52 semaines l’année suivante. En 2019, la période d’alerte est passée de 6 h à 22 h sur 52 semaines. Enfin, la dernière étape sera franchie le 31 décembre prochain. L’annonce vient d’en être faite par le département fédéral de la Défense, de la protection de la population et des Sports [DDPS].

« En 2020, le projet PA24 a déjà permis de réaliser 15 hot missions et 290 live missions, contribuant ainsi grandement à la sécurité de l’espace aérien et à l’application de la souveraineté sur l’espace aérien suisse », a fait valoir le DDPS.

Les « hot missions » sont des décollages en alerte pour intercepter des aéronefs ayant commis de graves infractions aux règles de la circulation aérienne. Quant aux « live missions », il s’agit de contrôles ponctuels d’avions d’État étrangers qui ne peuvent survoler la Suisse qu’avec une autorisation diplomatique.

Pour atteindre l’objectif fixé par le projet PA24, il a fallu investir 30 millions de francs suisses, notamment pour les infrastructures, et créer une centaine de postes supplémentaires. Et il a bien fallu former et entraîner les recrues, ce qui a pris du temps.

Sur son blog « Des ailes et des hélices« , le chroniqueur aéronautique suisse Pascal Kümmerling, explique ainsi que la mise en oeuvre de ce plan a exigé une « réorganisation en ce qui concerne le personnel de la base » de Payerne car « pour assurer le bon déroulement d’une patrouille de F/A-18 Hornet de jour comme de nuit et les week-ends, il était impératif d’augmenter le nombre du personnel au sol et ceci afin d’assurer un tournus de celui-ci. » En outre, poursuit-il, « ce personnel requiert une formation particulière, dont la moyenne est de trois ans. »

L’enjeu pour la force aérienne suisse sera, à l’avenir, de remplacer les F/A-18 Hornet quand ils arriveront au bout de leur potentiel. Et c’est l’objectif du plan Air 2030, qui vise à acquérir entre 30 et 40 nouveaux avions de combat. Plan qui a été adopté à une très courte majorité, lors d’une votation organisée en septembre dernier.

Pour le moment, la force aérienne suisse s’attache à augmenter la disponibilité de ses avions affectés à la police aérienne.

« Comme en raison des nouveaux horaires de la PA24 du personnel technique sera désormais disponible 24 h sur 24 pour l’état d’alerte, notamment des mécaniciens sur avions, des travaux de maintenance supplémentaires pourront être effectués sur la flotte de F/A-18 en dehors des heures ordinaires d’exploitation. Grâce à cette synergie la disponibilité de la flotte sera continuellement améliorée, ce qui profite à l’instruction et à la disponibilité opérationnelle des Forces aériennes », explique le DDPS.

Photo : © DDPS

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