L’État-major des armées écarte l’éventualité de déployer des chars Leclerc au Sahel

En 2013, lors de l’opération Serval, il fut question, pendant un temps, d’envoyer au moins quatre chars Leclerc au Mali, où il s’agissait alors de déloger les jihadistes des villes passées sous leur coupe. Mais ce projet ne se concrétisa pas, les AMX-10RC et les VBCI étant alors suffisants.

Puis, en 2016, le général Jean-Pierre Bosser, alors chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] remit sur le tapis la question d’un envoi de chars Leclerc au Sahel, l’objectif avancé étant de « renforcer » de la force Barkhane. L’engagement des Leclerc au Yémen par les Émirats arabes unis lui avait visiblement des idées… Mais, là encore, cette proposition resta sans suite. D’autant plus qu’elle n’aurait pas été sans conséquence du point de vue logistique.

Cela étant, les moyens alloués à Barkhane évoluent en permanence. En réalité, ils dépendent de l’état de la menace. Ainsi, en 2017, il avait été décidé de déployer à nouveau des VBCI au Sahel, trois ans après les en avoir retirés. On peut également citer l’envoi de Lance-roquettes unitaires [LRU] pendant quelques semaines, en 2016.

Pour autant, le général Bosser ne renonça pas à son idée. Deux ans plus tard, il refit cette proposition. « Concernant le char Leclerc, je souhaitais qu’il soit déployé dans la bande sahélo-saharienne, car il offre un meilleur contrôle du terrain, une meilleure vision de nuit ainsi qu’une meilleure capacité de tir en roulant. Je considère que si nous devons un jour faire face à un raid de Toyota, le char Leclerc, avec l’hélicoptère de combat, sera la meilleure réponse. Je n’ai donc pas changé d’avis », avait-il expliqué à l’occasion d’une audition parlementaire.

Depuis, son successeur, le général Thierry Burkhard, n’a pas repris cette proposition à son compte [sauf erreur…]. Et le char Leclerc ne sera vraisemblement jamais engagé au Sahel. Interrogé sur cette éventualité par un député lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le général Stéphane Mille, sous-chef « Opérations » à l’État-major des armées, l’a catégoriquement écartée.

« Sur le char Leclerc, l’hypothèse de son déploiement au Mali n’est pas à l’ordre du jour », a répondu le général Mille. « En effet, nous avons engagé les armées maliennes dans la voie de la réactivité, de la mobilité et de la légèreté en formant les ULRI [Unités légères de reconnaissance et d’intervention, ndlr], qui sont équipées de pickups et de motos », a-t-il continué.

Et, a-t-il ajouté, « puisqu’on a coutume d’opposer protection et mobilité, je note que depuis leur engagement, cela n’a pas occasionné de difficultés particulières. L’utilisation éventuelle du char Leclerc n’est donc pas étudiée. » D’autant plus que les AMX-10 RC et les VBCI sont toujours à l’oeuvre dans le Sahel.

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