La Royal Air Force veut revendre cinq avions espions Sentinel R1 et deux E-3D Sentry en pièces détachées

En 2010, à l’issue d’un examen stratégique de défense et de sécurité [SDSR – Strategic Defence and Security Review], le gouvernement britannique confirma le retrait des avions de patrouille maritime Nimrod MR2 et… renonça à acquérir les Nimrod MRA4 qui devaient alors leur succéder. Et cela en vue d’une économie de 2 milliards de livres sterling.

Seulement, cette politique à courte vue fit que les forces britanniques furent privées d’une capacité pourtant essentielle pour garantir la sécurité des approches de la base de Faslane, laquelle abrite les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la Royal Navy. Et elles furent donc contraintes de faire appel à l’Otan. Depuis, des P-8A Poseidon ont été commandés auprès de l’américain Boeing afin de remédier à ce déficit capacitaire.

La leçon a-t-elle été assimilée? Certains, outre-Manche, craignent que ce ne soit pas le cas. En effet, le ministère britannique de la Défense [MoD] a décidé de se débarrasser des cinq avions de renseignement Sentinel R1, acquis pour un milliard de livres sterling dans les années 2000.

Il s’agit d’avions de type Global Express équipés par Raytheon UK de plusieurs capteurs, dont le radar ASTOR et le Ground moving target indicators, qui permet d’identifier des positions ennemies.

Ces appareils ont connu plusieurs théâtres d’opérations : Afghanistan à partir de 2008, Libye en 2011, Mali en 2013 [en soutien à l’opération française Serval] et Levant, en 2015. En outre, ils ont été sollicités, en 2014, pour participer aux opérations de recherche de 223 écolières enlevées par Boko Haram ou encore pour cartographier les dégâts causés par les inondations dans les sud de l’Angleterre.

Cela étant, la SDSR de 2010 avait déjà prévu le retrait de ces cinq Sentinel R1 dès qu’ils ne seraient plus utiles aux opérations en Afghanistan… Finalement, celle de 2015 plaida pour réduire la flotte à quatre unités, reportant la date de fin de service à la prochaine décennie.

Mais si ces avions ont pu être sauvés plusieurs fois, il en ira cette fois autrement étant donné que la Defense Equipment Sales Authority du MoD a publié un avis pour annoncer qu’elle cherche des entreprises intéressées par le démantèlement de ces cinq Sentinel R1 et celui de deux appareils d’alerte avancée E-3D Sentry pour en récupérer les pièces. « Ces avions ne sont pas destinés à être réutilisés », insiste-t-elle.

Si les six E-3D Sentry de la Royal Air Force [qui n’en comptera donc bientôt plus que quatre] seront remplacés par cinq Boeing 737 AEW&C « Wedgetail », les Sentinel R1 n’ont aucun successeur à ce jour, malgré leurs capacités présentées comme étant uniques.

Pour Howard Wheeldon, consultant chez Wheeldon Strategic Advisory, ce retrait des Sentinel R1 pour des raisons budgétaires [leur modernisation aurait été trop coûteuse, est-il avancé], est une erreur.

« Le fait que les Sentinel aient demandé une mise à niveau de leurs capacités n’aurait pas dû être la cause de leur retrait prématuré. La capacité ISTAR [Intelligence, Surveillance, Target Acquisition, & Reconnaissance] reste l’un des éléments les plus importants de la puissance aérienne et il est inacceptable de la perdre », a estimé M. Wheeldon auprès de Defense News. « Je pese que le Royaume-Uni va probablement le regretter. L’absence d’une capacité aussi importante, sans perspective de remplacement, est dangereuse et malavisée », a-t-il conclu.

Signe que ces avions sont encore utiles : l’un d’eux était en mission au-dessus de l’Irak le 22 décembre, dans le cadre de l’opération Shader.

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