Le Parlement turc prolonge l’autorisation de déployer des militaires en Libye pour 18 mois de plus

Le cessez-le-feu négocié en octobre dernier sous l’égide des Nations unies par les deux gouvernement libyens rivaux est globalement respecté. Et des discussions, menées dans le cadre Forum du dialogue politique libyen, ont été lancées en vue d’arriver à un accord sur une transition politique qui mettrait fin aux divisions. Pour autant, et malgré ces avancées, il reste encore environ 20.000 mercenaires et combattants étrangers en Libye.

Pour rappel, la Turquie, qui soutient le gouvernement d’union nationale [GNA] établi à Tripoli, y a déployé des militaires et des mercenaires recrutés parmi les groupes rebelles syriens qui lui sont favorables. L’un des enjeux pour Ankara est de préserver un accord signé en novembre 2019 au sujet de ses frontières maritimes. Accord qui appuierait ses revendications en Méditerranée orientale, avec les gisements de gaz naturel qui s’y trouveraient. Et cela, aux dépens de la Grèce, de la République de Chypre et de l’Égypte. Cette intervention turque a inversé le rapport de forces, Tripoli étant alors menacée par l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Khalifa Haftar.

Cette dernière relève du gouvernement de Tobrouk, soutenu notamment par les Émirats arabes unis, la Russie et l’Égypte, qui a menacé d’intervenir militairement dans le conflit libyen. Des mercenaires ont été déployés par la société militaire privée [SMP] Wagner auprès de l’ANL, laquelle a également reçu, entre autres, des avions MiG-29 « Fulcrum » et Su-24 « Fencer ».

Malgré l’embargo sur les armes décrété par les Nations unies, les deux rivaux ont chacun reçu des armes de la part de leurs parrains respectifs… alors que, lors de la conférence de Berlin du 14 janvier dernier, ces derniers s’étaient engagés « à redoubler d’efforts pour une suspension durable des hostilités, la désescalade et un cessez-le-feu permanent » ainsi qu’à « refréner toute activité exacerbant le conflit, y compris le financement de capacités armées et le recrutement de mercenaires. »

Ces engagements avaient été en outre confirmés par la résolution 2510 du Conseil de sécurité des Nations unis [et pour laquelle la Russie, membre permanent, s’était abstenue].

Le 15 décembre, dans une déclaration unanime, donc incluant la Russie, ce même Conseil de sécurité a de nouveau réclamé le départ de Libye des mercenaires et des combattants étrangers, dont le nombre est estimé à 20.000, « conformément à l’accord de cessez-le-feu conclu par les parties libyennes le 23 octobre, aux engagements des participants à la Conférence de Berlin et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU. »

Mais ce n’est visiblement pas le chemin qu’entend prendre la Turquie. En effet, le 22 décembre, à la demande du président Erdogan, le Parlement turc a adopté une motion prolongeant de 18 mois l’autorisation qu’il avait donnée il y a un an au sujet de l’envoi de militaires en Libye.

La motion adoptée insiste sur le fait que la situation en Libye continuer de faire peser un « risque pour la Turquie et toute la région » et que les intérêts d’Ankara en Méditerranée et en Afrique du Nord seraient « affectés négativement » dans la cas où le maréchal Haftar décidait de reprendre son offensive contre les forces du gouvernement d’union nationale. Cependant, dans le même temps, le texte assure que les autorités turques continueront de « soutenir fermement les efforts de dialogue politique en vue d’établir un compromis national. »

Quoi qu’il en soit, la Turquie et la Russie auront certainement à s’expliquer sur les violations de l’embargo sur les armes constatées par l’opération navale européenne Irini.

Fin novembre, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a en effet indiqué que de « l’imagerie spatiale et des renseignements » avaient été fournis aux Nations unies au sujet de ces violations.

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