Le déploiement de 250 soldats belges au sein de Barkhane est encore loin d’être acquis

En 2015, il était question d’une participation de la Défense belge à l’opération française Barkhane, au Sahel. Finalement, deux ans plus tard, Bruxelles lança l’opération New Nero, au Niger, pays avec lequel un accord de coopération en matière de défense avait été signé en 2005. Au total, environ 300 militaires belges – dont 100 sur place – sont impliqués dans cette mission, qui a permis de former douze compagnies spéciales d’intervention des forces armées nigériennes [soit 1.575 soldats] depuis son lancement.

En outre, les forces belges sont également présentes au Mali, via la mission de formation de l’Union européenne [EUTM Mali] et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA], avec 110 militaires déployés en 2020.

Pour l’an prochain, le plan d’opérations de la Défense belge, présenté en commission le 9 décembre, évoque notamment une évolution de la mission New Nero puisque cette dernière va entrer une phase de certification des unités nigériennes formées, puis éventuellement vers un accompagnement de ces dernières sur le terrain, ce qui marquera « l’aboutissement de ce programme d’assistance militaire », selon le colonel Frédéric Givron.

La participation belge à la MINUSMA sera modulée, avec le maintien, pour six mois, du peloton « multicapteurs » actuellement inséré au sein d’une unité allemande. Environ 30 militaires belges seront en outre affectés à l’EUTM Mali.

Mais le point qui a sans doute suscité le plus de commentaires parmi les députés présents est le possible déploiement d’un « sous-groupe tactique d’armes combinées » [CATSG] fort de 250 soldats au sein de la force Barkhane, à partir d’octobre 2021 et pour une durée de trois mois. Cette éventualité avait déjà été évoquée dans l’exposé d’orientation politique [.pdf] remis par la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder, au Parlement, le mois dernier. Il y était précisé qu’un débat parlementaire serait organisé pour confirmer ou non une telle participation.

Lors de la présentation du plan d’opérations, des députés [dont certains n’était pas au fait du sujet…] n’ont pas caché leur scepticisme face à ce possible engagement. Aussi, Mme Dedonder a cherché à rassurer.

S’agissant de Barkhane, « j’entends qu’il ne faut pas se laisser aveugler par la France. Effectivement, ce n’est pas notre genre. À la Défense, chacun a une capacité de réflexion, nous sommes des gens raisonnés et raisonnables. Et on ne se laisse pas impressionner. Donc, il y aura toute une réflexion qui sera menée », a commencé par dire la ministre, soulignant que la Belgique n’était pas seulement en partenariat qu’avec la France, mais aussi [et surtout] avec l’Allemagne [MINUSMA, Afganistan, Lituanie] et les Pays-Bas.

« Sur Barkhane, très clairement, j’ai voulu vous présenter [ce projet] vraiment dans un souci de transparence. Mais, effectivement, il n’y a pas de décision aujourd’hui. Je pense que c’est prématuré. Nous avons demandé des analyses militaires complémentaires pour ne prendre aucun risque, pour pouvoir vous [les députés, ndlr] présenter une opération en vous donnant tous les éléments », a poursuivi Mme Dedonder, qui a dit vouloir des précisions sur les règles d’engagement. « Nous verrons ensuite, ensemble, s’il y a un intérêt » à ce déploimement d’un CATSG au Sahel, a-t-elle dit, avant de rappeler que d’autres pays européens étaient engagés au sein de Barkhane et du groupement de forces spéciales Takuba.

Cela étant, d’autres missions ne suscitent pas autant d’interrogations. Comme l’intégration de la frégate Léopold 1er au sein du groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions Charles de Gaulle. À cette occasion, on a eu la confirmation que la mission de ce dernier concernera la Méditerranée orientale, l’océan Indien et le Golfe persique.

Photo 1 : Mission New Nero © Défense belge

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]