Des drones MALE MQ-9B SkyGuardian pour les forces aériennes marocaines?

Après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan, c’est au tour du Maroc de normaliser ses relations, dans le cadre d’un accord négogié par les États-Unis. Il s’agit d’un nouveau succès diplomatique à mettre au crédit du président Trump qui pourrait en obtenir un cinquième si l’Arabie Saoudite emprunte la même voie.

« Une autre avancée HISTORIQUE aujourd’hui! Nos deux GRANDS amis, Israël et le Royaume du Maroc, ont accepté de normaliser complètement leurs relations diplomatiques – un grand pas en avant pour la paix au Moyen-Orient! », a ainsi écrit M. Trump, dans un message diffusé via Twitter.

Mais pour lever les dernières réserves de Rabat, la diplomatie américaine a sorti un atout : la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, laquelle est contestée par le Front Polisaro, une organisation qui, soutenue par l’Algérie, y a proclamé la République arabe sahraouie démocratique [RASD].

Depuis une quarantaine d’années, ce territoire fait l’objet d’un conflit, « gelé » en 1991 grâce à une médiation des Nations unies qui permit d’instaurer un cessez-le-feu et une zone tampon, avec la promesse – non tenue à ce jour – d’organiser un référendum d’autodétermintion. Cela étant, en novembre, la trêve a été rompue, avec une opération militaire lancée par Rabat pour lever le blocus d’un poste-frontière avec la Mauritanie.

« La proposition sérieuse, crédible et réaliste du Maroc sur le plan d’autonomie est la seule base pour une solution juste et pérenne afin d’assurer paix et prospérité! », a donc estimé M. Trump. « Le Maroc a reconnu les Etats-Unis en 1777. Il est donc approprié que nous reconnaissions leur souveraineté sur le Sahara occidental », a-t-il fait valoir.

« Le Polisario et le gouvernement sahraoui condamnent dans les termes les plus forts le fait que le président américain sortant Donald Trump attribue au Maroc ce qui ne lui appartient pas », ont réagi les indépendantistes sahraouis. La décision du président américain « ne change rien à la nature juridique de la question sahraouie car la communauté internationale ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental », ont-ils continué. « Elle constitue une violation flagrante de la charte des Nations unies […] et des textes fondateurs de l’Union africaine [UA] et freine les efforts de la communauté internationale visant à trouver une solution pacifique au conflit entre la République sahraouie et le royaume du Maroc », ont-ils ajouté.

Mais outre la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, les États-Unis ont également accepté de livrer quatre drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9B Sky Guardian pouvant être armés. Selon l’agence Reuters, qui s’appuie sur les confidences faites par trois responsables américains, les négociations seraient bien avancées. Et la notification d’un possible contrat devrait être faite au Congrès incessamment sous peu.

Cette vente potentielle n’est a priori pas liée à la reconnaissance d’Israël par le Maroc. En effet, les forces armées royales marocaines sont déjà de très bonnes clientes de l’industrie américaine de l’armement. En juin dernier, Rabat a signé une commande portant sur 24 hélicoptères d’attaque AH-64E Apache pour un montant non précisé, après celles concernant les chars Abrams et 24 avions de combat F-16 « Viper ».

Qui plus est, les États-Unis et le Maroc ont encore renforcé leur coopération militaire avec la signature d’un accord lors d’une visite à Rabat de Mark Esper, l’ex-patron du Pentagone, en octobre.

Par le passé, les Forces armées royales marocaines ont pu se procurer quatre drones MQ-1 Predator non armés dans les années 2000. Ces appareils ont ensuite rejoints par quatre Harfang d’occasion [et développés sur la base du Heron israélien] vendus par la France.

Cependant, il n’était jusqu’alors pas possible à Rabat d’acquérir des drones armés auprès des États-Unis, en raison de leur interprétation stricte des règles – non juridiquement contraignante – du Régime de contrôle de la technologie des missiles [RCTM]. Or, en juillet, l’administration Trump a décidé d’assouplir les restrictions qui s’imposaient aux industriels américains afin de ne plus laisser le champ libre à leurs homologues chinois.

Pour rappel, le MQ-9B « SkyGuardian » [ou « Sea Guardian »] est le dernier né de la gamme des MQ-9 du constructeur américain General Atomics. Pouvant mettre en oeuvre des missiles AGM-114R Hellfire, il est doté d’un radar à ouverture synthétique Lynx [ou d’un radar de surveillance maritme SeaVue], d’une boule optronique Wescam MX-20 et d’une nacelle Sage 750 qui permet d’identifier et de suivre les émissions radars. Son endurance peut être supérieure à 40 heures. Le Royaume-Uni, la Belgique, l’Inde, Taïwan et les Émirats arabes unis en ont commandé [ou sont sur le point de le faire].

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]