L’horizon semble s’éclaircir pour le drone MALE européen

Aux États-Unis, le processus pour remplacer les actuels drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper est déjà commencé. Et plusieurs industriels se sont mis en ordre de marche pour répondre aux sollicitations du Pentagone, comme Northrop Grumman et General Atomics, qui développent chacun un appareil autonome et furtif, doté d’une autonomie encore plus importante.

« Nous voulons pouvoir garder des capacités ISR et de frappe de prochaine génération pendant des périodes plus longues que beaucoup n’imaginent pas possible. L’appareil que nous proposerons aura la capacité de rester engagé dans le combat bien plus longtemps que ceux de la génération actuelle », avait ainsi expliqué David Alexander, dans un entretien donné à Flight Global, en septembre dernier.

S’il ont été incontournables dans les combats contre les organisation terroristes, le MQ-1 Predator et le MQ-9 Reaper risquent fort de ne pas faire long feu dans un conflit de haute intensité, avec des engagements dans des environnements fortement contestés. D’où l’accent mis par le Pentagone sur la furtivité, l’intelligence artificielle et l’endurance ainsi que sur la recherche de nouveaux concepts opérationnels. Cette nouvelle capacité devrait voir le jour en 2030… Soit au moment où l’Eurodrone, le drone MALE européen de 10 tonnes et aux deux moteurs, entrera en service.

En 2013, Airbus, Dassault Aviation et Leonardo annonçèrent leur association pour développer conjointement un tel appareil. Seulement, les choses se gâtèrent par la suite… Et la décision de lancer ce programme n’a toujours pas été prise, notamment en raison d’un désaccord entre les industriels et les clients [France, Allemagne, Espagne, Italie] sur son coût, alors annoncé 30% plus élevé que prévu.

Malgré la pression mise sur les industriels par Florence Parly, la ministre des Armées, et les « discussions viriles » avec la Direction générale de l’armement, aucun accord n’avait pu être trouvé en janvier 2020, contrairement à ce qui avait été espéré.

Finalement, selon le dernier rapport du ministère allemand de la Défense sur les programmes d’armement en cours, la sitation s’est décantée en novembre dernier, avec la finalisation d’un projet de contrat par l’OCCAr [Organisation Conjointe de Coopération en Matière d’Armement] et Airbus Defence & Space en tant que chef de file du projet. Il revient maintenant aux pays clients de donner leur feu vert, ce qui, selon le document, pourrait être fait au cours du premier trimestre 2021. Si tel est le cas, les premiers drones devraient être livrés à partir de 2028, voire 2029… Soit 15 ans, au moins, après la proposition des industriels impliqués.

« Avec l’Eurodrone, l’industrie aéronautique européenne va innover à bien des égards », a souligné le rapport en question. En France, le Délégué général pour l’armement [DGA], Joël Barre, n’avait pas dit autre chose, lors d’une conférence de presse donnée en octobre. Légèrement agacé par une question sur un possible retard technologique de l’Eurodrone au regard du temps mis pour le développer et le produire, il avait insisté sur la sophistication des capteurs de nouvelle génération que cet appareil mettrait en oeuvre.

« Je pense que ce que nous avons maintenant, aujourd’hui sur la table, est une offre juste et raisonnable pour les deux parties, tant pour le client que pour l’industrie », a par ailleurs fait valoir Jana Rosenmann, directrice des systèmes de drones chez Airbus, lors d’un point presse, le 9 décembre.

Quant au montage industriel, Mme Rosenmann a précisé que les 60 Eurodrones susceptibles d’être commandés [20 systèmes de 3 appareils, ndlr], ils seront tous assemblés à Manching, en Allemagne, par souci « d’efficacité » aussi pour des « raisons de coût ». Mais des pièces pourront être fabriquées ailleurs,

« Le fuselage de l’avion sera entièrement intégré et assemblé en Espagne, avant d’être transféré en Allemagne », a ainsi indiqué la responsable d’Airbus. Quant aux 120 moteurs [au minimum, car il faudra en prévoir pour des échanges], on ignore qui les fournira. « Comme nous sommes dans un processus concurrentiel pour le moment, nous ne sommes pas libres de révéler d’autres détails », a-t-elle justifié.

Pour rappel, la France entend se procurer quatre systèmes Eurodrone, comme l’Espagne. L’Allemagne a prévu d’en acquérir 7 tandis que l’Italie envisage d’en commander cinq.

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