Créé sur mesure, le poste de porte-parole du ministère des Armées revient au polytechnicien Hervé Grandjean

Jusqu’à présent, il revenait au directeur de la Délégation à l’information et à la communication de la Défense [DICoD] d’assurer la fonction de porte-parole du ministère des Armées, conformément à l’article 1er du décret du 27 juillet 1998 portant sur la création de cette structure. Ce rôle a même été confirmé par un arrêté signé le 30 décembre 2019.

Dans son rapport pour avis sur le soutien et la logistique interarmées, le député Claude de Ganay s’était fait le relai de plusieurs correspondants et organes de presse en affirmant que cette fonction de porte-parole n’était « pas pleinement assurée ».

« Dès lors que le porte-parole de la ministre des armées ne répond pas aux attentes des journalistes de défense, comment ces derniers peuvent-ils assurer leur mission légitime d’information – qui, pour certains, constitue un véritable contre-pouvoir? », s’était alors interrogé le député, estimant que « la mission de porte-parolat est essentielle au ministère des Armées comme dans tous les ministères régaliens. »

« Si la DICoD reste une structure ad hoc […], c’est en raison de l’importance capitale de sa fonction de porte-parole. Négliger la fonction de porte-parole de cette structure remet en cause les fondements de cette dernière », avait également souligné M. de Ganay, avant de considérer qu’il « serait approprié que le profil professionnel du porte-parole du ministre des armées présente un parcours éprouvé dans le domaine de la communication de crise et la communication institutionnelle. »

Les journalistes [et le député] ont été entendus. Le 1er novembre, le Journal Officiel a publié un « avis de vacance d’un emploi d’expert de haut niveau ‘porte-parole du ministère des Armées' » pour une durée d’au moins trois ans.

« Son ou sa titulaire a pour mission d’exercer au profit de la presse une mission générale d’information sur les activités du ministère des Armées. Il relaie au quotidien auprès de la presse les informations relatives à l’action du ministère des armées, anime le point presse, intervient à l’invitation des médias, et lors d’évènements lui permettant d’accomplir sa mission. La personne titulaire du poste dispose, pour l’exercice de ses attributions, de la délégation à l’information et à la communication de la défense et des organismes d’information et de communication du ministère des armées.
Il se coordonne, en tant que de besoin, avec le service d’information du gouvernement », était-il précisé dans cet avis.

Les candidats devait avoir une « excellente connaissance du ministère des armées et de ses activités », disposer d’une expérience « du pilotage stratégique de politiques publiques » ainsi qu’en matière de relations avec la presse. La clarté d’expression et pédagogie, la capacité à dialoguer avec une grande variété d’interlocuteurs ainsi qu’avec « l’échelon politique » et grand esprit de synthèse étaient les qualités souhaitées.

Quant à la rémunération, l’avis évoquait une rémunération comprenant une part fixe comprise entre 90.781 et 118.725 euros [en fonction de l’expérience] et d’un » complément indemnitaire annuel » éventuellement versé « sous réserve de la manière de servir au cours de l’année N-1 et des résultats de l’exercice ministériel d’harmonisation. »

La recherche du candidat « idéal » n’aura pas duré longtemps. En effet, ce 10 décembre, le ministère des Armées a annoncé que l’ingénieur en chef de l’armement Hervé Grandjean prendra ses fonctions de porte-parole, sous l’autorité de la ministre, à compter du 1er janvier 2021.

« Il succède dans cette fonction à Yasmine-Eva Farès Emery, qui conserve ses attributions de déléguée à l’information et à la communication de défense », précise le communiqué.

Selon sa biographie, Hervé Grandjean est diplômé de l’École Polytechnique et de l’École nationale supérieure de techniques avancées – Paris. Il est en outre docteur en mécanique des fluides et lauréat du prix de thèse de l’académie de Marine.

Ayant commencé sa carrière en 2007 au sein de la Marine nationale, en tant qu’ingénieur chargé de l’entretien des patrouilleurs de haute mer puis des frégates anti sous-marines, il a occupé le poste d’adjoint au directeur scientifique de l’ENSTA Bretagne entre 2009 et 2012, puis celui de sous-directeur d’un centre d’essais de la Direction générale de l’armement [DGA] spécialisé en hydrodynamique, avant de devenir rapporteur de la mission conduite par Bernard Attali sur l’École polytechnique en 2015.

En 2016, Hervé Grandjean s’est occupé du programme « Flotte Logistique » puis a rejoint, l’année suivante, le cabinet de la ministre des Armées en tant que conseiller pour les affaires industrielles. À ce titre, il a notamment coordonné la réforme du maintien en condition opérationnelle aéronautique, la stratégie spatiale de défense, la stratégie énergétique du ministère des Armées, ainsi que les grands programmes d’armements [système de combat aérien du futur, porte-avions de nouvelle génération, drone européen].

Photo : © Ministère des Armées

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