Décès du général « Chuck » Yeager, légende de l’aviation et premier pilote à avoir franchi le mur du son

Il était une légende de l’aviation. Le général Charles Elwood Yeager, dit « Chuck » s’est éteint à l’âge de 97 ans, le 8 décembre. Son décès a été annoncé par son épouse, Victoria, sur le compte Twitter qu’animait l’aviateur.

« Je vous annonce avec beaucoup de tristesse que l’amour de ma vie, le général Chuck Yeager, est décédé juste avant 21 heures. Une vie incroyable, bien vécue, le plus grand pilote de l’Amérique et son héritage de force, d’aventure et de patriotisme resteront à jamais dans nos mémoires », a écrit Mme Yeager.

Assurément, Chuck Yeager avait l’étoffe dont on fait les héros. Né le 13 février 1923 à Myra [Virginie-Occidentale], il s’intéresse très tôt à la mécanique sous l’influence de son père. Sportif et attiré par les mathématiques, il décide de s’engager au sein de l’US Army Air Corps en tant que mécanicien d’aéronautique. Il a alors seulement 18 ans. La guerre faisant rage et les pilotes étant en nombre insuffisant, il profite du programme « Flying Sergeant Program » pour apprendre à voler.

Lors de sa formation, le jeune sous-officier montre des capacités sortant de l’ordinaire. Une fois son brevet en poche, il est affecté au Royaume-Uni pour piloter un P-51 Mustang. Le 4 mars 1944, il obtient sa première victoire aérienne en envoyant un Messerchmitt Bf-109 au tapis. Douze autres suivront par la suite, dans cinq au cours d’une seule mission… après avoir lui-même été abattu au-dessus de la France. Recueilli par des maquisards, il avait pu être exfiltré par l’Espagne et reprendre ensuite le combat.

À l’époque, un nouveau type d’avions plus rapides car dotés d’un réacteur, commence à apparaître, avec le Me 262 Schwalbe et le Me 163 Komet. Ces appareils ne permettront pas à l’Allemagne nazie de renverser le cours de l’histoire [et Chuck Yeager en inscrira même un à son tableau de chasse]. Reste que cette avancée technologique ouvre la perspective de développer des avions pouvant voler plus vite que la vitesse du son [soit 340 mètres par seconde ou 1.224 km/h]. Aux États-Unis, deux programmes sont alors lancés à cette fin : Douglas D558 pour l’US Navy et le MX-524 [qui deviendra le Bell X-1] pour l’US Army Air Corps.

Pendant que les ingénieurs s’interrogent sur le vol supersonique, Chuck Yeager, devenu capitaine, devient instructeur… puis pilote d’essais à Wright Field [Ohio], là même où le moteur-fusée du Bell X-1 est conçu. Au départ, les essais de cet avion, largué depuis un bombardier B-29, sont confié à Jack Woolams, un pilote de la maison Bell.

Seulement, ce dernier se tue aux commandes d’un P-39 Airacobra. Et celui qui sera désigné pour lui succéder, Chalmers « Slick » Goodlin, fera les frais de bisbilles entre l’industriel et le Pentagone. C’est ainsi que Chuck Yeager sera choisi pour piloter le Bell X-1, et que, le 14 octobre 1947, il deviendra le premier pilote à faire entendre un « bang », alors qu’il n’aurait probablement pas dû voler en raison d’une blessure causée par une mauvaise chute de cheval.

Après cet exploit, immortalisé au cinéma par le film « L’Étoffe des héros », Chuck Yeager poursuit sa carrière de pilote de d’essais pendant temps [il lui arrivera de piloter un MiG-15 capturé en Corée]. Puis, en 1955, il est affecté à la tête du 417th Fighter-Bomber Squadron, basé à Toul-Rosières [France]. Après cette parenthèse, il reprend ses activités de pilote d’essais et frôle la mort en 1963 après avoir perdu le contrôle de son F-104A alors qu’il volait à 108.000 pieds Trois ans après, il prend le commandement du 405th Fighter Wing, avec lequel il effectuera 127 missions de guerre au-dessus du Vietnam. Puis, il prendra sa retraite avec les étoiles de général, en 1975

Mais retraite est un bien grand mot… Après avoir été employé par General Motors, il siègea au sein de la commission formée pour enquêter sur l’exploision de la navette Challenger, en 1986. Puis il établit plusieurs records de vitesse, d’endurance et d’autonomie avec des avions légers, pour le compter de Piper Aicraft, avant de devenir conseiller technique pour des jeux vidéos chez Elelctronic Arts. Toujours alerte et accessible [y compris sur les réseaux sociaux], il repassa même le mur du son… à bord du F-15 Eagle, pour le cinquantière anniversaire de son exploit.

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