Le président Trump ordonne le retrait d’une grande partie des forces américaines de Somalie

Durant la présidence de Barack Obama, et suivant la politique de son prédécesseur, les forces américaines ont mené plusieurs frappes aériennes contre des rassemblements de jihadistes appartenant àaux milices shebab, liées à al-Qaïda. Et plusieurs haut cadre de cette organisation ont été éliminé, comme son chef, Ahmed Abdi Godane, en septembre 2014.

Dès son arrivée à la Maison Blanche, le président Trump a accentué cet effort, en laissant plus de latitude aux chefs militaires sur le terrain. Durant la première année de son mandat, le nombre de frappes aériennes effectués contre les shebabs a ainsi plus que doublé [35 raids contre 15 en 2016]. Cette tendance s’est accentuée par la suite. En 2019, 51 frappes furent menés contre la mouvance jihadiste somalienne. Et, entre janvier et avril 2020, la fréquence a encore augmenté, notamment après une attaque contre une base abritant des militaires de l’US Air Force et des prestataires privés américains au Kenya.

Dans le même temps, les forces spéciales américaines ont reçu la mission de former leurs homologues somaliennes de la Brigade Danab. À cette fin [et pour d’autres missions], le Pentagone a déployé entre 500 et 700 militaires dans le pays. En outre, la CIA y également engagée, comme l’a montré la mort de l’un de ses agents, en novembre dernier, dans des circonstances qui n’ont pas été formellement établie.

Ces efforts s’expliquent par le fait que les États-Unis ont toujours considéré que les milices shebabs comme représentant l’une des menaces « les plus sérieuses » en Afrique. « C’est pourquoi nous nous focalison sur eux », avait ainsi expliqué le général Roger Cloutier, le commandant des forces terrestres de l’US Africom [commandement américain pour l’Afrique, ndlr].

Seulement, la tâche est ardue… Et les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. S’agissant de la formation des forces spéciales somaliennes, un responsables militaire américain expliqua à CNN, en avril 2019, qu’il faudrait encore au moins sept ans d’efforts pour doter la brigade Danab de cinq bataillons [soit 3.000 soldats], capables de combattre efficacement les jihadistes.

Quant aux frappes aériennes, le général Thomas Waldhauser, alors à la tête de l’US Africom, avait expliqué que, si elles « causaient des problèmes » aux shebabs, elles « ne permettraient pas de les vaincre ». Pour cela, avait-il continué, « l’armée nationale somalienne doit se développer, doit intensifier ses efforts et assumer la responsabilité » de la sécurité de son pays…

Par ailleurs, les shebabs font preuve d’une résilience qui a de quoi étonner. Malgré les éliminations ciblées de leurs chefs et les revers subis face à l’AMISOM, la mission de l’Union africaine déployée en Somalie sous l’égide des Nations unies, ces jihadistes continuent de représenter une menace importante, avec des attentats commis régulièrement à Mogadiscio.

« Les conditions de sécurité sont demeurées instables, 270 atteintes à la sécurité ayant été enregistrées par mois en moyenne. Dans la plupart des cas, il s’est agi d’attaques lancées par les shebab, y compris des attaques menées à l’aide d’engins explosifs improvisés », note ainsi Antonio Guterres, dans son dernier rapport trimestriel sur la situation en Somalie, lequel fait figure de copie du précédent…

Et d’insister : « L’augmentation du nombre d’attentats-suicides commis à Mogadiscio, qui visent le personnel du gouvernement et des forces de sécurité et font souvent des victimes civiles, est très préoccupante, tout comme le sont les assassinats ciblés de responsables gouvernementaux ainsi que le risque de voir les shebab perturber les processus électoraux en cours. »

Quoi qu’il en soit, et alors qui doit normalement quitter la Maison Blanche le 20 janvier prochain, le président Trump a décidé de revoir la stratégie somalienne… Ainsi, après le désengagement [partiel] de ses troupes du nord-est de la Syrie et les annonces concernant l’Afghanistan et l’Irak [où il ne devrait plus rester que 2.500 soldats dans chacun ces deux pays d’ici le 15 janvier], il a ordonné le rertrait de la « majorité » des troupes américaines actuellement déployées en Somalie « d’ici début 2021 ». Soit dans les trois semaines à venir.

« Une partie des forces pourront être redéployées en dehors de l’Afrique de l’Est. Toutefois, le reste des forces seront repositionnées de Somalie vers les pays voisins afin de permettre des opérations transfrontalières par les États-Unis et les forces partenaires, pour maintenir la pression sur les organisations extrémistes violentes », a précisé le Pentagone, via un communiqué diffusé le 4 décembre. En clair, les opérations en Somalie seront essentiellement menées depuis le Camp Lemonnier, à Djibouti, et le Kenya…

« Les États-Unis ne se retirent pas ni se désengagent d’Afrique », a-t-il tenu à rassurer, alors que, justement, cette éventualité avait été évoquée au début de cette année, ce qui laissait craindre quelques soucis pour la force française Barkhane au Sahel…

« Nous continuerons d’affaiblir les organisations extrémistes violentes susceptibles de menacer notre territoire », a affirmé le Pentagone, assurant vouloir « conserver la capacité de mener des opérations anti-terroristes ciblées en Somalie ».

Reste à voir comment cette décision sera accueillie. Un rapport de l’inspecteur général du Pentagone publié en novembre insistait ainsi sur le fait que les shebabs restaient « résilients et capables d’attaquer les intérêts occidentaux en Somalie et en Afrique de l’Est ».

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