Pour la Force du G5 Sahel, il serait pour le moment « hasardeux » de réduire les effectifs de Barkhane

Lors d’un entretien récemment accordé à Jeune Afrique, le président Macron a de nouveau affirmé qu’il aurait « dans les prochains mois des décisions à prendre pour faire évoluer [la force] Barkhane », après avoir renforcé cette dernière avec l’envoi de 600 soldats supplémentaires après le sommet de Pau, le 13 janvier dernier.

A priori, et après plusieurs succès obtenus dans la région dite des trois frontières [car située aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger] face à l’État islamique au grand Sahara [EIGS] mais aussi face au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM], qui a perdu plusieurs cadres de haut rang ces derniers mois, le scénario envisagé consisterait à réduire l’effectif de Barkhane au niveau auquel il était avant le renfort décidé en janvier. Un tel mouvement serait rendu possible grâce à la montée en puissance du groupement européen de forces spéciales Takuba, dont la mission est d’accompagner les forces armées locales sur le terrain.

Visiblement, pour la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S], mise sur pied pour combattre les groupes armés terroristes [GAT] dans les régions frontalières communes au Mali, au Burkina Faso, à la Mauritanie, au Tchad et au Niger, la perspective d’une réduction des effectifs de Barkhane ne serait pas la chose la plus pertinence à faire actuellement. C’est en effet ce qu’a affirmé son chef d’état-major, le général nigérien Oumarou Namata, qui a profité d’être à Paris pour être auditionné par les députés de la commission de la Défense pour donner un entretien à RFI.

« Barkhane permet de compenser les déficits de nos forces armées nationales. Barkhane est un acteur clé dans la lutte contre le terrorisme. De ce fait, pour nous en tant que force conjointe, ce serait prématuré d’envisager cela et hasardeux pour le G5-Sahel », a en effet estimé le général Namata. Quant au groupement Takuba, il est un « prolongement capacitaire de la force Barkhane. Pour l’heure, [son] apport est certainement très bénéfique, mais Barkhane est un partenaire privilégié pour la force conjointe », a-t-il dit.

Actuellement, le groupement Takuba n’est pas au complet. Il doit prochainement être rejoint par des commandos suédois, tchèques, grecs et peut-être italiens.

Par ailleurs, le général Namata a salué les bons résultats de la récente opération Bourrasque, conduite par Barkhane dans le Liptako-Gourma, avec l’appui de la FC-G5S.

« Notre mission a consisté a effectuer des couvertures, avec des ordres clairs d’interdiction de franchissement du fleuve Niger, qui constitue la frontière naturelle entre le Liptako et le Gourma. Lors de cette opération, nous étions amenés à constituer des groupes de combat mixtes Barkhane/Force conjointe, ce qui auparavant ne s’était jamais produit. L’intégration, l’harmonisation de nos actions est à saluer à ce titre », s’est félicité le général Nigérien.

Ce dernier a en outre confirmé que le Tchad allait bientôt mettre à la disposition de la Force conjointe un bataillon supplémentaire… Celui qui était annoncé en mars dernier, mais qui avait finalement dû être engagé dans l’opération « Colère de Bohoma », lancée contre le groupe jihadiste Boko Haram sur les rives du lac Tchad. Au total, la FC-G5S comptera huit bataillons, déployés selon trois fuseaux [est, centre, ouest].

Cependant, ce renfort ne remédiera pas aux faiblesses capacitaires intrinsèques de cette force conjointe qui, souligne son chef d’état-major, fait toujours « face à certains défis « , notamment au niveau des moyens aériens. « À cette heure, nous n’en disposons pas alors que c’est un élément essentiel pour lutter contre les groupes armés terroristes dans une zone aussi vaste que le Sahel », a-t-il dit. Ce qui vaut aussi pour le renseignement.

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