Le français Naval Group se met en ordre de marche pour vendre deux sous-marins aux Philippines

La marine des Philippines va-t-elle pouvoir enfin acquérir des sous-marins à propulsion diesel-électrique? Cela fait longtemps qu’un tel projet est évoqué… mais les contraintes budgétaires ont fait qu’il a constamment été repoussé à des jours meilleurs. Seulement, les différends territoriaux avec la Chine, notamment au sujet du récif de Scarborough, ont changé la donne. De même que les efforts des autres pays de la région dans ce domaine, le Vietnam et la Malaisie s’étant dotés d’une telle capacité… en partant de rien.

Pendant un temps, la piste russe fut évoquée, Manille ayant songé acquérir au moins un sous-marin appartenant à la classe Kilo. Mais les États-Unis firent rapidement comprendre que cela pouvait nuire aux relations militaires établies depuis 1951 avec les Philippines, à la faveur d’un Traité de défense mutuelle. Aussi, l’hypothèse d’un éventuel achat de sous-marins auprès du français Naval Group prit corps.

En janvier, le Manilla Bulletin a rapporté que le ministre philippin de la Défense, Delfin Lorenzana, aurait déclaré que la « marine [des Philippines] considérait que la France devait être le fournisseur de ses sous-marins ». Ce fut confirmé par la News Agency [PNA] qui, trois mois plus tard, assura que le « Scorpène de Naval Group figurait en tête de liste des plateformes sous-marins envisagées par les responsable de la marine. »

D’où les propos tenus par Pierre-Éric Pommellet, le Pdg de Naval Group, lors du salon Euronaval Online, en octobre. « Nous sommes au début de ce projet, avec des discussions intenses avec le gouvernement des Philippines. Nous explorons des scénarios. Nous ne sommes pas encore en train de définir quel sera le scénario final. Ils veulent créer une force sous-marine, ils sont très intéressés par ce que nous faisons et nos capacités. Nous explorons actuellement différentes possibilités. Je n’en dirai pas davantage », avait-il dit.

Il aura fallu attendre un mois pour en savoir un peu plus. En effet, le 26 novembre, Naval Group a annoncé l’ouverture d’un bureau de représentation à Manille. Une démarche décrite par l’industriel comme étant une « première étape » pour établir un partenariat avec la marine des Philippines.

« Cette ouverture marque le premier pas d’un engagement à long terme de coopération et de partenariat dans le développement des capacités navales du pays », a affirmé Naval Group, qui entend ne pas se limiter aux seuls sous-marins.

« Nous sommes le seul fournisseur avec une expérience préalable dans l’aide à un pays pour développer à partir de zéro une force sous-marine et nous sommes prêts à aider la marine philippine en lui fournissant des sous-marins, mais aussi en mettant en place la formation, les installations et la chaîne d’approvisionnement nécessaires à la mise en œuvre d’une flotte de sous-marins pleinement opérationnelle », a fait valoir Alain Guillou, responsable du développement à l’international de Naval Group, en faisant allusion à la Malaisie.

Pour rappel, l’industriel français a livré deux sous-marins Scorpène à la marine royale malaisienne, qui n’avait alors jamais mis en oeuvre de navires de ce type. La formation des équipages avait été assurée par DCI Navfco, avec l’utilisation du sous-marin Ouessant, qui reprit du service pour l’occasion. Selon la Marine nationale, 146 élèves sous-mariniers avaient ainsi réalisé 1.300 heures de plongée en moyenne à bord de ce dernier, qui a depuis été cédé à la Malaisie, en 2011.

« Le vaste portefeuille de Naval Group ouvre de nombreuses opportunités pour répondre à l’ensemble des besoins navals philippins, du développement des forces navales à la constitution d’une force sous-marine de classe mondiale », a par ailleurs souligné l’industriel français.

Par ailleurs, après l’Inde, l’Australie et la Malaisie, un autre pays de l’espace Indo-Pacifique pourrait acquérir des sous-marins français. En janvier, il avait en effet été rapporté que l’Indonésie s’intéressait au modèle Scorpène. La récente visite de l’ambassadeur indonésien au chantier naval de Cherbourg, la semaine passée, a donné un peu plus de poids à cette éventualité.

En effet, l’ambassade d’Indonésie en France a indiqué, via Twitter, que le diplomate avait discuté avec Naval Group de « la possibilité de coopération franco-indonésienne dans l’industrie de la défense, y compris un renforcement des capacités. »

Pourtant, l’Indonésie conduit déjà un programme visant à doter ses forces navales de six sous-marins de type Nagapasa, en coopération avec le sud-coréenne Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering… Et aux Philippines, ce dernier pourrait contrecarrer les ambitions de Naval Group, étant donné les liens de plus en plus étroits entre la marine des Philippines et l’industrie navale sud-coréenne.

Photo : Naval Group

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