La gendarmerie envisage d’autoriser ses réservistes à rester armés, même en civil

Le 17 novembre, le député [LR] Jean-Louis Thiériot a déposé une proposition de loi visant à autoriser les militaires « à porter et à faire usage de leurs armes en dehors du service en cas d’attaque terroriste », en faisant valoir que les policiers et les gendarmes [qui sont aussi des militaires, ndlr] sont déjà « légalement autorisés à porter et à faire usage de leurs armes de dotation en dehors de leur service dans le respect des dispositions de l’article L. 435‑1 du code de la sécurité intérieure. »

S’agissant des gendarmes, un dispositif a été mis en place en février 2018 afin de doter leurs officiers et sous-officiers d’active d’une arme de poing pour toute la durée de leur carrière. « Ces dispositions leur permettent notamment d’être porteur de leur arme de dotation, y compris hors service. S’il n’y a plus d’autorisation préalable, les règles de port et d’emploi ainsi que le contrôle hiérarchique ont été rénovés et renforcés pour mieux encadrer ce nouveau régime », avait ainsi expliqué le ministère de l’Intérieur, à l’époque.

Et il est visiblement question d’aller plus loin si l’on en juge par les propos tenus par le général Christian Rodriguez, le directeur de la Gendarmerie nationale [DGGN], lors de sa dernière audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense. En effet, les gendarmes réservistes pourraient prochainement avoir le même traitement que ceux d’active en matière de port d’arme.

« Je souhaiterai que le réserviste puisse garder son arme chez lui comme il a son uniforme chez lui », a en effet affirmé le général Rodriguez. Mais à la condition que ces gendarmes réservistes soient « à jour dans leur formation au tir », a-t-il précisé. Et cela, évidemment, « dans le cadre de la réglementation actuelle sur la possession d’armes chez soi. »

« Cela permet[trait] de renforcer le maillage et la proximité avec l’élu dans une situation de crise locale », a justifié le DGGN. « J’espère expérimenter ce dispositif dès l’année prochaine », a-t-il conclu sur ce sujet, sans donner plus de détails.

Plus généralement, le général Rodriguez a également dit souhaiter « pouvoir augmenter la maille [des] 30.000 réservistes [de la Gendarmerie] avec un niveau d’emploi de 2.000 par jour. »

« Actuellement nous sommes sur un rythme de 6 à 7.000 par jour, en raison des menaces. C’est l’une des ressources qui permet de répondre à des situations d’urgence. Nous aidons la police à monter sa réserve, mais cela prend du temps. Il faudra aller sur une jauge de 40 à 50.000 mais il faut que le budget suive pour que les réservistes ne se démobilisent pas en étant jamais appelés. Ils ont montré un apport indéniable avec un niveau d’engagement phénoménal », a souligné le DGGN.

Mais encore faut-il que le budget suive. Ce qui n’est pas le cas. « Il y a une constante contradiction entre les priorités affichées et les données budgétaires : d’un côté, l’importance du rôle de la réserve est reconnue par tous. On évoque le passage de 30.000 à 40.000 voire 50.000 réservistes dans la perspective de l’empilement des missions à l’horizon 2024 : coupe du monde de rugby en 2023 et Jeux olympiques de 2024. D’un autre côté, les crédits stagnent à 70 millions d’euros, alors qu’ils étaient de près de 100 millions d’euros il y a deux ans », a en effet souligné le sénateur Philippe Paul, co-rapporteur pour avis des crédits alloués à la Gendarmerie pour 2021.

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