Disparu en mer il y a 60 ans, un avion Aquilon 203 de la Marine a été retrouvé en Méditerranée
Le 13 juin 1960, alors qu’il terminait un stage de qualification à l’appontage sur le porte-avions britanniques HMS Ark Royal au large de la base aéronavale de Hyères, le maître Jean Legouhy, 27 ans, disparaissait dans les flots aux commandes d’un avion SNCASE Aquilon 203 de la Flottille 11F, peu après avoir été catapulté pour rejoindre la terre ferme.
Il aura fallu attendre un peu plus de 60 ans pour retrouver l’épave de l’avion piloté par le maître Legouhy. En effet, le 20 novembre, le navire océanographique « Pourquoi Pas? », alors en mission d’exploration des fonds marins au sud de Porquerolles a repéré les restes relativement bien conservés de l’Aquilon disparu à plus de 2.400 mètres de profondeur, grâce à son robot téléopéré Victor 6000.
« Les inscriptions figurant sur son empennage ont permis de retraver l’histoire de cet aéronef et de son pilote », précise la Marine nationale. Et de souligner que cette épave, qui est aussi la dernière demeure du maître Legouhy, est « désormais protégée au titre du code du patrimoine et de ses dispositions relatives aux biens culturels maritimes. »
L’Aquilon était en réalité la version française du Sea Venom alors en service au sein de la Fleet Air Arm de la Royal Navy. Cet appareil, développé par le constructeur De Haviland, avait été construit par la SNCASE à 121 exemplaires. Il fit entrer l’aéronautique navale dans l’ère de l’aviation à réaction, cette dernière utilisant, jusqu’alors, des Supermarine Seafire F Mk.III, des Chance Vought F-4 Corsair et des Grumman F6F-5 Hellcat.
Le premier Aquilon fit son vol inaugural en 1952. Puis les premieres unités entrèrent en service trois ans plus tard. Plusieurs versions furent produites. L’avion du maître Leghouy était un SE-203. Contrairement aux autres variantes, il s’agissait d’un monoplace taillé pour les missions de chasse de nuit. Il était équipé d’un radar AN/APQ-65 couplé à un calculateur de tir [comme le Grumman F9F-4 Panther, ndlr] et il avait la capacité de tirer deux missiles air-air Matra 511.
Les Aquilon de l’aéronavale auront connu une forte activité durant leur dizaine d’années de service. Ils furent en effet engagés en Algérie ainsi que dans l’opération « Rose-Marie », lancée en même temps que l’opération franco-britannique « Mousquetaire », lors de l’affaire du Canal de Suez.
Photo : © IFREMER
c’est incroyable que l’avion malgré la pression, et les couleurs et inscriptions aient résisté à tant d’années sous, la mer, absence totale de lumière et d’oxygène peut être.. ??
Pour la pression, l’avion n’était pas étanche donc n’a pas pu subir d’implosion en coulant (pression équilibrée entre intérieur et extérieur).
@breer
obscurité totale c’est certain. ce qui doit jouer c’est la présence ou non de courant et comme sur la photo l’avion ne semble pas enfoui sous des sédiments, il ne doit pas y avoir de courant.
Effectivement , de ce que l’on voit , La structure de l’avion a l’air presque intacte . L’amerrissage a sans doute été effectué en douceur…
Un superbe hydro plantage
Pas de courant, très peu d’oxygène, pas de lumière, faune et flore très limitées donc préservation maximum.
@ n
Oui. Mêmes conditions pour le Titanic (en acier nettement plus oxydable et depuis plus longtemps), et il est quasi intact.
Le très faible taux d’oxygène y est pour beaucoup (phénomène bien repéré en archéologie).
@Breer
Ou peinture au plomb???
La pression n’est pas un pb si l’habitacle s’est empli d’eau pendant la descente. Les pressions interne et externe étant équilibrées cela n’apporte pas de force sur la structure.
Il ne me semble pas que les Aquilon de l’Aéronavale furent engagés lors de l’opération de Suez en 1956, contrairement aux Sea Venom britanniques. Même si les aéronefs de la SNCASE entraient en service, la Marine Nationale ne disposait pas, à cette époque, de porte-avion capable de mettre en oeuvre des avions à réaction. Pour le reste, cette découverte est surprenante et l’état de conservation de l’épave l’est tout autant.
@DB >> En effet, le premier appontage « français » d’un Aquilon remonte au 30 mars 1960 sur le Clémenceau, soit plus de 3 ans après les opérations contre l’Égypte. L’opération Musketeer (ou Opération 700) verra quand même l’utilisation de deux porte-avions français, l’Arromanches et le LaFayette, portant entre autres la 14F et ses Corsair. Il est toutefois techniquement possible que des Aquilon aient pu être utilisés à partir d’un porte-avion britannique, mais on ne trouve aucune référence à ce sujet.
Rectification : après vérifications d’usage, il apparaît que des Aquilon ont bien été utilisés pendant la campagne de 1956 contre l’Égypte (Opération 700 et 750 ou Musketeer), notamment lors des opérations « Rose Marie », censées surveiller de nuit les accès maritimes sud de la France en novembre et décembre, par crainte d’incursions égyptiennes. Les Aquilon opéraient à partir de Hyères.
Paix à son âme.
Merci
@L.Lagneau: êtes-vous certain qu’ils ont été employés lors de la crise de Suez? De mémoire, on a envoyé des Mystères, F-84 et des Corsair dash 7 depuis l’Arromanches
@ Waroch,
https://aeronavale.org/lhistoire-de-laeronautique-navale/lalmanach/annee-1956/
@LL
Sauf erreur, il me semble que les Aquilon ont été sur l’opération Rose Marie mais pas sur l’opération Mousquetaire. Rose Marie c’était la surveillance des plages du sud de la France depuis Istres et Hyères, l’état-major craignant des opérations de représailles égyptiennes sur les côtes méditerranéennes françaises.
Les Aquilon ayant des capacités de chasseur tout temps, on a logiquement employé ceux de la 16F de Hyères à la surveillance de nuit des côtes françaises.
Sur Mousquetaire c’était surtout les Corsair, les rois de l’attaque air sol embarquée de l’époque, qu’on a envoyé.
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A noter que cette version 203 de l’Aquilon, celle de cet infortuné pilote, était capable de tirer le premier ‘engin spécial’ air-air français (c’est comme ça qu’on appelait un missile à l’époque), le Matra R511.
@ vrai_chasseur,
Vous avez raison. La formulation initiale prêtait à confusion.
@LL @vrai-chasseur: merci pour vos réponses. On apprend toujours des choses sur ce site 🙂
Les Corsair avaient une livrée particulièrement élégante avec les bandes noires et jaunes de l’opération Mousquetaire. Sacrée machine!
Sa dernière demeure? Il est resté dans son aéronef .. honneur à lui .
C’était le frère de mon grand père c’est bouleversant de savoir qu’on la retrouvé 60ans plus tard
Respect.
@Legouhy
Respect .
Mais est-ce un soulagement ?
Si déjà vous en retirez ça , à mon sens c’ est plutôt bien ; de toute façon , que voulez faire de plus si ce n’ est éventuellement lui offrir une digne sépulture terrestre ?
À votre place , en pareilles circonstances je reconnais que je serais bien embêté ……………
En tout cas , soutien sincère . 🙂
Qu’il repose en paix.
RIP…
Premier au catapultage et décrochage devant la flottille qui a vu les poutre toucher le pont sur un porte-avion britannique. Les avions ont reçus une modification, consistant à ajouter des masselottes sur la profondeur pour que le manche ne vienne pas tout seul en butée arrière lors de l’accélération du catapultage. J’ignore si à l’époque les catapultages s’effectuaient sans mettre les mains sur le manche. Un pilote Allemand a testé avec les mains sur le manche. Belle vidéo sur you-tube sans mal sauf pour l’avion.
@ vno
Un Super-Étendard qui fait un cabré d’enfer au catapultage ?
C’était un pilote américain aux commandes. (tu admettra que c’est infiniment plus plausible ;o)
@vno @Fred
Ben , en fait , il y a eu tellement d’ infos à la con au sujet de sa nationalité , qu’ à la sortie -du moins à notre niveau- nous n’ en savons rien ; apparemment , c’ était un jeune pilote Français mais sans certitude toutefois…………..
https://www.youtube.com/watch?v=xu7jRUHa3-8