Un pétrolier exploité par une société grecque aurait été la cible d’un sabotage en Arabie Saoudite

Le 25 novembre, Parti de Rotterdarm [Pays-Bas] au début du mois, le MT Agrari, un pétrolier battant pavillon de Malte et appartenant à la société grecque TMS Tankers, a été secoué par une explosion alors qu’il se trouvait à proximité du port saoudien d’Al Shuqaiq, à 160 km au nord de la frontière yéménite.

« L’explosion a eu lieu à 3 heures locales, mais les causes n’ont pas encore été identifiées », ont, dans un premier temps, indiqué les autorités saoudiennes, précisant qu’il n’y avait victime parmi les 25 marins du pétrolier.

Mais, par la suite, l’armateur grec a indiqué, auprès de l’agence Associated Press, que la coque du MT Agrari avait été endommagée à environ un mètre au-dessus de sa ligne de flottaison. Et d’évoquer l’effet d’une mine. Ce qu’a confirmé la société de sécurité britannique Ambrey. De son côté, à la tête d’une coalition navale visant à surveiller les détroits d’Ormuz et de Bab el-Mandeb dans le cadre de l’opération « Sentinel », la 5e flotte de l’US Navy a seulement indiqué être au courant de l’incident.

Cette explosion dont le MT Agrari a été la victime est survenue trois jours après le tir d’un missile de croisière contre un site de la compagnie pétrolière Saudi Aramco à Jeddah, dans l’ouest de l’Arabie saoudite, alors que Riyad organisait le sommet du G-20 en format « virtuel ». Cette attaque a été revendiquée par les rebelles Houthis, contre lesquels une coalition sous commandement saoudien intervient au Yémen.

Ce n’est pas la première fois que le secteur pétrolier saoudien est visé. Et l’attaque contre le site de Jeddah, situé 600 km du Yémen, rappelle celles contre les infrastructures prétrolières Abqaïq et Khoureïs, en septembre 2019, dans l’est de l’Arabie Saoudite. À l’époque, les rebelles Houthis, proches de Téhéran, en avait clamé la responsabilité. Ce qui ne semblait pas crédible au regard de leurs capacités militaires.

Aussi, la France et les États-Unis, notamment, accusèrent l’Iran d’en avoir été le responsable. Et un rapport des Nations unies confirma l’origine iranienne des missiles utilisés, sans aller jusqu’à dire qu’ils avaient été effectivement founis par l’Iran aux Houthis.

L’attaque contre le site pétrolier de Jeddah soulève les mêmes interrogations. Cela étant, les Houthis ont affirmé avoir tiré un missile Qods-2, d’une portée d’environ 650 km, soit une distance bien supérieure à celle qu’étaient capables de parcourir ceux utilisés il y a un an.

Quant à l’explosion du MT Agrari, les circonstances dans lesquelles elle s’est produite rappellent les sabotages dont furent victimes plusieurs pétroliers au large des Émirats arabes unis, en mai et en juin 2019. Les États-Unis avaient accusé les Gardiens de la révolution iraniens d’en avoir été les auteurs, en utilisant des mines patelles, c’est à dire des dispositifs que l’on fixe sur la coque d’un navire.

Or, il semblerait que le pétrolier de l’armateur grec ait été victime d’une mine patelle, sa coque ayant été déchirée au-dessus de sa ligne de flottaison. Si, pour le moment, cet acte n’a pas été revendiqué, les rebelles Houthis font figure de principaux suspects. En janvier 2018, leur chef politique, Saleh al-Samad, avait ainsi menacé de « couper la circulation sur la mer Rouge » afin de contraindre la coalition arabe de lever son blocus des ports yéménites. Et, par le passé, le groupe d’experts du comité de sanctions des Nations unies pour le Yémen ont documenté plusieurs attaques de navires civils leur étant attribuées.

Par ailleurs, dotés de missiles anti-navire « Al-Mandab-1 », aux caractéristiques similaires du C-802 chinois, de mines de conception artisanale et même d’embarcation télécommandées chargées d’explosifs, les Houthis ont également attaqué des navires militaires saoudiens et émiratis en mer Rouge. Mais le mouillage de mines aux environs du détroit de Bab el-Mandeb pose une sérieuse menace pour le trafic maritime commercial [ainsi que pour les pêcheurs].

Peu avant l’incident du MT Agrari, la coalition arabe avait indiqué avoir neutralisé cinq mines de « fabrication iranienne mouillées par les Houthis » dans le sud de la mer Rouge. Et de pointer une « menace sérieuse pour la sécurité maritime dans le détroit de Bab el-Mandeb »… Et donc pour le commerce mondial.

Photo : capture d’écran

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