Succès du second tir de qualification du missile franco-britannique « anti-navire léger »

Pour la Marine nationale, le développement d’un missile anti-navire léger [ANL] n’était pas forcément une priorité, contrairement pour la Royal Navy, qui cherchait un successeur à ses Sea Skua et AS15TT. Mais il lui a bien fallu se résoudre à se lancer dans un tel programme, élaboré dans le cadre des accords franco-britanniques de Lancaster House, dont on vient de fêter le dixième anniversaire.

« La volonté politique a soutenu l’anti-navire léger, qui impose désormais au DGA [Délégué général pour l’armement, ndlr] et à moi-même de trouver des solutions non pas techniques, mais d’allocation des crédits dont nous disposons, même si ce programme répond à un besoin militaire avéré », avait en effet déclaré l’amiral Édouard Gullaud, alors chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition parlementaire, en 2013.

Quoi qu’il en soit, le développement de ce missile ANL [ou SeaVenom pour la Royal Navy] a été confié à MBDA, via un contrat de 600 millions d’euros, au titre de l’initiative « One Compex Weapon », sous la direction de la Direction générale de l’armement [DGA].

Visiblement, et malgré les vicissitudes et les contraintes causées par l’épidémie de covid-19, le programme ANL se déroule comme prévu. Après un premier tir de qualification réussi en février dernier, la DGA en a effecté un second, le 17 novembre, au large de l’île du Levant [Var], à partir de l’un de ses hélicoptères banc d’essai. Et cela a de nouveau été un succès. L’annonce en a été faite par Florence Parly, la ministre des Armées, à l’occasion de la Conférence de défense du Conseil franco-britannique, ce 26 novembre.

« Lorsqu’en 2015, la France et le Royaume-Uni ont signé l’accord intergouvernemental soutenant la mise en œuvre du concept ‘one MBDA’, nos deux pays ont accepté un principe de rationalisation industrielle jamais vu en Europe. Ce modèle a aujourd’hui fait ses preuves : je pense par exemple au programme Anti-Navire Léger qui bénéficie pleinement de cette construction industrielle, et j’en profite pour saluer la réussite du deuxième tir de qualification du missile il y a quelques jours », s’est en effet félicitée Mme Parly, qui a profité de l’occasion pour annoncer une coordination plus étroite entre la Marine nationale et la Royal Navy dans leurs déploiements en 2021.

« Après le premier tir de qualification réussi en février 2020, ce second tir est un nouveau succès pour le programme ANL/Sea Venom, qui progresse conformément au calendrier malgré le contexte sanitaire pandémique de Covid-19 particulièrement contraignant pour les équipes », a en ensuite confirmé la DGA.

Le premier tir de qualification avait consisté à tirer un ANL à à très basse puis à moyenne altitude, avec une acquisition automatique de la cible en milieu de course [Lock On After Launch – LOAL], ce qui permit de mettre en oeuvre, pour la première fois, le mode « homme dans la boucle », le missile ayant retransmis les images de l’objectif à l’hélicoptère, l’équipage de ce dernier ayant alors eu la possibilité de modifier le point d’impact de l’engin.

Quant au second, explique la DGA, il avait « pour objet un tir à longue portée en direction de deux cibles maritimes, l’une d’entre elles simulant un navire de guerre, avec vol du missile à très basse altitude et accrochage de la cible en fin de course [mode LOAL] ». Et cela a donc permis, à nouveau, de valider la capacité à modifier la course du missile après son départ, grâce à son autodirecteur infrarouge et à sa liaison de données bidirectionnelle.

« Le pilote a pu sélectionner comme prévu la cible à atteindre entre les deux cibles présentes et choisir le point d’impact pendant le vol du missile », précise la DGA.

Et cette dernière de conclure : « Ce second tir de qualification ouvre désormais « la voie à une prochaine capacité opérationnelle de ce missile sur les hélicoptères Wildcat de la Royal Navy, ainsi que sur les futurs hélicoptères Guépard de la Marine nationale ».

Photo : © DGA

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