Face à la Turquie, la Grèce et les Émirats arabes unis ont signé un accord d’assistance mutuelle

La formule « les ennemis de mes ennemis sont mes amis » offre une grille de lecture très réductrice des relations internationales. Mais elle convient assez bien pour décrire les rapports entre la Grèce et les Émirats arabes unis, ces deux pays ayant de nombreux contentieux à régler avec la Turquie.

Récemment, le ministre émirati des Affaires étrangères, Anwar Gargash, a vivement critiqué la présence d’une base turque au Qatar, estimant qu’elle ne pouvait qu’être le ferment d’une déstabilisation du Moyen-Orient. Pour rappel, les Émirats arabes unis sont en froid avec Doha, comme d’ailleurs l’Arabie Saoudite et l’Égypte.

En outre, les Émirats et la Turquie s’affrontent par procuration en Libye, les premiers soutenant l’Armée nationale libyenne [ANL] quand la secone appui militairement le Gouvernement d’union national [GNA], avec lequel elle a signé un accord sur ses frontières maritimes lui permettant d’appuyer des revendications territoriales en Méditerranée orientiale, aux dépens de la Grèce, de la République de Chypre et de l’Égypte.

Dans ces conditions, et comme les eaux qu’elle revendique sont menacées par la Turquie, la Grèce ne peut qu’avoir un intérêt à se rapprocher des Émirats arabes unis. Ce qui s’est traduit par la signature d’un accord renforçant leur coopération militaire, à l’occasion d’une visite faite la semaine passée à Abu Dhabi par Kyriakos Mitsotakis, le Premier ministre grec.

Ainsi, le chef du gouvernement grec et le prince héritier des Émirats arabes unis Mohammed bin Zayed Al Nahyan ont signé un « partenariat stratégique » ainsi qu’un accord sur la « politique étrangère » et la « coopération en matière de défense ».

« Les relations sont approfondies pour atteindre un niveau stratégique, visant à la paix et à la stabilité régionales », a fait valoir le ministère grec des Affaires étrangères, via Twitter.

Dans la déclaration conjointe publiée à l’issue de cette rencontre, les deux dirigeants ont condamné « la violation par la Turquie de la souveraineté et des droits souverains de la Grèce et de Chypre, ainsi que son comportement global agressif au Moyen-Orient, en Méditerranée orientale et dans le Caucase du Sud, en violation flagrante. du droit international. »

Quant au contenu des accords signés, le quotidien I Kathimeriní en a livré la teneur, ce 23 novembre. Ainsi, il serait question d’une « clause d’assistance mutuelle en matière de défense » qui serait « activée en cas de menace pour l’intégrité territoriale de l’un des deux pays. »

Il s’agit « probablement l’élément le plus important de l’accord de coopération en matière de défense et de politique étrangère signé la semaine dernière par la Grèce et les Émirats arabes unis », souligne le journal grec.

Pour rappel, l’été dernier, quand la Turquie venait d’envoyer son navire de recherche sismique Oruç Reis dans les eaux revendiquées par Athènes, les Émirats avaient envoyé quatre chasseur-bombardiers F-16 sur la base de La Sude [Crète].

Étant membre de l’Otan, la Grèce peut faire jouer l’article 5 du Traité de l’Atlantique-Nord, c’est à dire la clause de défense mutuelle entre les alliés, dont fait partie la Turquie… Justement, à ce propos, M. Mitsotakis n’y est pas allé par quatre chemins lors d’un discours prononcé lors de l’ouverture de la 66e session annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’Otan, la semaine passée.

« Les Alliés ne peuvent ignorer les implications géopolitiques de leurs politiques et actions, en particulier lorsqu’elles ont un impact direct sur la sécurité et la cohésion globales de l’Alliance. Les Alliés ne peuvent pas coopérer avec les groupes jihadistes. Ils ne peuvent pas tester le [système russe] S-400. Ces pratiques sapent les valeurs, la solidarité, la cohésion, l’unité et l’efficacité de l’Otan en tant qu’organisation politique et militaire, et vont à l’encontre des objectifs et des intérêts de défense de l’Alliance », a déclaré le Premier ministre grec, en faisant allusion à la Turquie.

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