Taïwan va bientôt lancer la construction de son premier sous-marin

Si l’on s’en tient aux seuls chiffres, on pourrait avoir la faiblesse de penser que les forces taïwanaises sont plutôt bien loties et qu’elles ne feraient pas que de la figuration face à leurs homologues chinoises. Seulement, la vingtaine de navires de premier rang et les quatre sous-marins qu’elles alignent sont anciens. Voire très anciens.

Ainsi en est-il des sous-marins. Les deux plus récents, qui appartiennent à la classe « Zwaardvis » [ou Hai Lung], ont été acquis auprès des Pays-Bas en 1986. Une commande de quatre exemplaire fut un temps envisagée… Mais le gouvernement neérlandais ne donna pas de suite pour ne pas fâcher la Chine avec son immense marché intérieur. Les deux autres appartiennent à la classe Guppy II. Mis en oeuvre par l’US Navy durant la Seconde Guerre Mondiale, ils furent cédés à Taipei dans les années 1970.

Aussi, la marine taïwanaise souffre d’un déficit capacitaire majeure dans le domaine de la lutte sous-marine. Voire critique pour un pays qui, comme l’a souligné une récente étude du Centre d’études supérieures de la Marine [CESM], a besoin de sous-marins « puissants » et « discrets » afin d’être en mesure de « menacer tout bâtiment chinois. »

Or, comme il lui est très compliqué pour d’acquérir des sous-marins auprès des rares pays qui en produisent, Taipei a donc sollicité ses instituts de recherche et ses industries pour répondre aux besoins de ses forces navales. En 2015, un premier contrat d’étude, d’un montant de 94 millions de dollars, fut attribué Ship and Ocean Industries R&D Center, CSBC Corporation Taiwan et à l’Institut national Chung-Shan pour la science et la technologie. L’objectif était alors de construire huit sous-marins à propulsion diesel-électrique… en partant de rien, c’est à dire sans compétences en matière de matériaux, d’acoustique, de capteurs, etc…

Ces difficultés ont-elles été surmontées? En effet, ce 20 novembre, le porte-parole de la présidence taïwanaise, Xavier Chang, a confirmé une information qui circule depuis plusieurs jours, à savoir que le début de la construction du premier sous-marin issu du programme Hai Lung II est imminent.

Selon lui, la présidente Tsai Ing-wen est attendue sur le chantier naval de Kaohsiung, le 24 novembre prochain, pour marquer le lancement de la construction du premier sous-marin taïwanais, lequel doit être livré en 2024.

Évidemment, il est plus que probable que Taïwan a reçu un appui extérieur pour son programme de sous-marin. « Je comprends qu’il est difficile de construire des sous-marins […] Mais la règle de la politique internationale est que vous devez vous aider par vous-mêmes avant d’obtenir l’aide des autres », avait cependant déclaré Tsai Ing-wen, en 2017.

Reste que l’on sait que les États-Unis ont été sollicités, la diplomatie américaine ayant autorisé des « transferts de technologie » vers Taïwan. Lesquels? Rien n’a filtré mais il est possible que ces derniers portent sur les systèmes de combat, les sonars et l’armement, l’industrie navale américaine n’ayant plus construit de sous-marins à propulsion classique depuis longtemps.

Cela étant, les États-Unis n’ont sans doute pas été les seuls à être impliqués… Et la presse locale avance l’hypothèse que Taïwan aurait bénéficié d’une aide de la Corée du Sud, qui a su profiter des transferts de technologie consentis par le groupe allemand ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS] pour développer ses propres savoir-faire. En effet, l’industrie sud-coréenne, en particulier, Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering ainsi que Hyundai Heavy Industries sont désormais en mesure de voler de leurs propres ailes. Quoi qu’il en soit, il sera difficile d’en savoir plus pour le moment.

Le développement d’un système d’armes aussi compliqué qu’un navire de combat ne s’improvise pas. En témoignent les difficultés du National Chung-Shan Institute of Science & Technology [NCSIST] pour mettre au point le radar destiné aux frégates de nouvelle génération commandée par Taipei. D’où un possible recours au français Thales, qui propose le radar Sea Fire 500.

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