L’armée de Terre peine toujours à trouver des avions pour l’entraînement de ses troupes aéroportées

C’est un problème qui dure. L’an passé, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Thierry Burkhard, avait déploré la difficulté que rencontraient les troupes aéroportées à organiser suffisamment de sauts dans l’année pour maintenir les qualifications de leurs parachutistes.

« Nous sommes descendus au seuil limite de six sauts par an lequel, selon moi, est à peine suffisant pour maintenir les qualifications » car
« lorsqu’il faut faire passer un maximum de gens avec six sauts, ils sont non-équipés. Or, en mission, les parachutistes le sont forcément », avait-il en effet déclaré lors d’une audition parlementaire.

À titre de comparaison, les légionnaires du 2e Régiment Étranger de Parachutistes qui sautèrent sur Kolwezi en 1978 avaient l’occasion de sauter un dizaine de fois dans l’année.

Un an plus tard, le général Bukhard a fait le même constat lors de son dernier passage devant les sénateurs. « Aujourd’hui, le nombre de sauts est insuffisant. Nous ne sommes toutefois pas encore dans la zone rouge. Lorsque nous détenons une expertise, une sorte d’inertie nous permet de maintenir la capacité. Cette situation ne peut néanmoins pas durer trop longtemps », a-t-il dit.

Selon le CEMAT, cet état de fait est la conséquence du « trous que nous n’avons pas réussi à combler entre la fin du C-160 Transall et l’arrivée de l’A400M pour remplir ces missions. »

En réalité, cette situation est à mettre sur le compte des difficultés rencontrées par Airbus dans le développement des capacités tactiques de son avion de transport. Cependant, les choses s’arrangent progressivement, l’A400M ayant récemment été certifié pour le largage simultané de parachutistes via ses deux portes latérales [soit deux fois 58 parachutistes en une seule passe].

Quoi qu’il en soit, « la capacité à entraîner nos troupes aéroportées est insuffisante » et « nous devons impérativement inverser cette tendance », a insisté le général Burkhard, d’autant plus qu’il entend faire « changer d’échelle » l’entraînement de ses troupes. L’externalisation pourrait un palliatif. Mais c’est apparemment plus compliqué…

« Nous n’arrivons toujours pas à passer un contrat pour disposer d’un avion permettant de faire sauter nos parachutistes », a en effet affirmé le CEMAT. « Ce sujet ne concerne pas que l’armée de Terre mais illustre la raison pour laquelle j’estime que notre système est devenu aujourd’hui trop compliqué. J’ai tout de même bon espoir que nous arriverons à débloquer cette situation », a-t-il estimé.

Faire effectuer six sauts par an à un parachutiste ne suffit pas… Encore faut-il qu’il les fasse dans des conditions proches de celles qu’il sera susceptible de rencontrer en opération. « Si ces sauts sont tous réalisés de jour, non équipés, sur une zone de saut reconnue et sans procédures imprévues, ces entraînements ne permettront pas d’acquérir l’expertise et la maîtrise nécessaires », a souligné le général Burkhard.

Cela étant, en septembre, un avis de marché concernant « la location d’avions homologués, avec équipage, dans le cadre de la formation et de l’entraînement du personnel parachutiste de l’armée de Terre et fourniture de prestations associées » a été diffusé par le ministère des Armées.

Divisé en six lots, ce marché visait à trouver des avions ayant la capacité d’emporter 11 à 25 parachutistes pour des sauts en ouverture commandée retardée [SOCR]. Les prestataires intéressés avaient jusqu’au 28 octobre pour déposer leurs offres.

Par ailleurs, il y a visiblement beaucoup moins de problèmes pour l’entraînement aux sauts à ouverture à très grande hauteur [SOTGH], qui sont généralement l’apanage des forces spéciales. « Un système de contractualisation est déjà en place. Les volumes sont moins importants. Je suis donc moins inquiet dans ce domaine », a conclu le général Burkhard.

Photo : © EMA

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