La Grèce a l’intention de se procurer entre 18 et 24 avions F-35A auprès des États-Unis

En octobre, le quotidien grec Estia a indiqué que l’éventualité d’un achat d’avions F-35A pour la force aérienne grecque avait été évoquée à l’occasion d’un déplacement en Grèce effectué quelques semaines plus tôt par Mike Pompeo, le chef de la diplomatique américaine. Et d’expliquer que six appareils, prélevés sur un lot commandé par la Turquie, pourraient être livrés très rapidement, l’achat par Ankara du système russe de défense aérienne S-400 « Triumph » ayant été déterminant dans cette affaire.

En outre, le même quotidien a également affirmé qu’il aurait été aussi été question d’un transfert de la base turque d’Incirlik vers la Crète du dépôt de bombes nucléaires tactiques B-61 mise à la disposition de l’Otan par les États-Unis.

Si la seconde affirmation n’a pas été confirmée, il en va autrement pour la première. Du moins partiellement. En effet, le 16 novembre, l’hebdomadaire Proto Thema a évoqué l’envoi d’une lettre de demande officielle par le ministère grec de la Défense aux autorités américaines pour l’acquisition de 18 à 24 F-35A.

« La décision d’inscrire [la Grèce] dans le programme d’avion de combat F-35 reposera sur divers facteurs tels que le calendrier de livraison des appareils, le plan de remboursement, la configuration de des avions et une combinaison possible pour obtenir un total de 18 à 24 exemplaires [neufs ou utilisés par l’US Air Force, si disponibles] », est-il ainsi affirmé dans cette lettre, signée par Theodoros Lagios, le directeur général de l’armement et des investissements du ministère grec de la Défense.

« Votre réponse immédiate sera appréciée » car « en raison des dispositions budgétaires internes et des règles européennes en matière de déficits, il est essentiel que les premiers F-35 soient livrés en 2021 », poursuit le texte. Et d’assurer que la partie grecque fera « tout son possible pour mettre en oeuvre cet ambitieux programme ».

Lors de la conférence de presse qu’il donna au lendemain de son discours prononcé en septembre, à Thessalonique, au sujet de la politique de défense, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, n’avait pas évoqué l’achat d’avions F-35A mais celui de 18 Rafale, dont 12 devant être prélevés sur la flotte mise en oeuvre par l’armée de l’Air & de l’Espace [aAE]. Et d’avancer que les premiers chasseurs-bombardiers français pourraient être livrés d’ici la mi-2021.

« Le choix du Rafale est fait – et je tiens à la souligner – car nous avons déjà des avions français [des Mirage F1 et des Mirage 2000, ndlr] […] La France était prête à céder des Rafale très peu usagés pour en acheter de nouveaux. Nous avons donc eu l’opportunité de renforcer considérablement notre aviation. Il est très facile pour un pilote de Mirage d’être formé au pilotage du Rafale. En d’autres termes, nous ne partons pas de zéro », fit valoir M. Mitsotakis.

Si, pour le moment, aucun contrat n’a été signé sur la livraison de ces 18 Rafale, ce projet d’acquisition ne semble pour autant pas remis en cause.

« Avec l’acquisition immédiate d’un escadron de 18 à 24 chasseurs F-35 de cinquième génération, ainsi que l’ achat de 18 avions de combat français Rafale, le gouvernement grec cherche à compenser l’équilibre des forces avec la Turquie », commente Proto Thema, qui relie la volonté d’Athènes de se procurer des appareils produits par Lockheed-Martin à l’activation du système S-400 par les forces turques.

Pour rappel, en 2019, Washington a décidé d’exclure Ankara du programme F-35 en raison, justement, de cet achat de systèmes S-400, incompatibles avec ceux utilisés par l’Otan.

Quoi qu’il en soit, la Grèce tend à devenir un marché de premier plan pour Lockheed-Martin, qui a déjà obtenu un contrat pour moderniser 85 avions F-16 en les portant au standard « Viper » et pour livrer, via sa filiale Sikorsky, sept hélicoptères MH-60R Seahawk à la marine grecque. Et le groupe américain est également très bien placé pour obtenir la commande de quatre frégates de type MMSC [multi-mission surface combatants], dérivées des navires de la classe Freedom. Navires qui sont pourtant loin d’être à la hauteur des attentes que l’US Navy avait placée en eux.

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