Le président Erdogan sollicite son Parlement pour envoyer des soldats surveiller le cessez-le-feu au Haut-Karabakh

Le 14 novembre, l’Arménie a admis avoir perdu plus de 2.300 soldas lors de l’offensive lancée six semaines plus tôt au Haut-Karabakh par l’Azerbaïdhan. Ce qui explique en grande partie la raison pour laquelle Erevan a accepté un cessez-le-feu, via un accord négocié avec Bakou, sous l’égide de la Russie, ses forces ainsi que celles de la République séparatiste d’Artsakh [autre nom du Haut-Karabakh, ndlr] ayant été surclassées par leurs homologues azerbaïdjanaises, grâce à l’appui de la Turquie.

L’accord convenu entre Erevan et Bakou prévoit de figer les positions des belligérants [ce qui permet à l’Azerbaïdjan de conserver ses gains territoriaux] et de déployer une force d’interposition d’environ 2.000 soldats russes pendant cinq ans renouvelables sur la ligne de contact et le long du couloir de Lachin, qui relie l’Arménie au Haut-Karabakh. Le quartier général de cette dernière sera installé dans le secteur de Stepanakert, la capitale de la république d’Artsakh.

Alors que les soldats de la 15e brigade de fusiliers motorisés du disctrict militaire central russe commençaient à arriver au Haut-Karabakh, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a évoqué la création d’un « centre d’observation turco-russe » pour surveiller le cessez-le-feu… Ce que l’accord signé par l’Arménie et l’Azerbaïdjan ne prévoit nullement.

Pour autant, ce 16 novembre, M. Erdogan a demandé au Parlement turc l’autorisation d’envoyer des militaires en Azerbaïdjan, dans le cadre d’une mission russo-turque de surveillance du cessez-le-feu au Haut-Karabakh.

Dans sa requête, le président turc explique qu’il s’agit de créer un « centre de coordination » avec la Russie et que ce détachement déployé, pendant au moins un an en Azerbaïdjan, participera aux « activités du centre de coordination qui sera établi avec la Russie » afin d’assurer « le respect du cessez-le-feu. »

La semaine passée, Ankara avait affirmé s’être mis d’accord avec Moscou sur un « memorandum sur la mise en place d’un centre de contrôle du cessez-le-feu au Haut-Karabakh ». Ce que le Kremlin n’a toujours pas confirmé. Et pour cause. Pour qu’un tel contingent turc puisse être surveiller le cessez-le-feu, il faudrait l’accord de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie et de la Russie.

« Cela ne peut pas être un sujet de discussion uniquement entre Moscou et Ankara. L’Arménie et l’Azerbaïdjan doivent accepter » le déploiement de soldats turcs, a ainsi rappelé Dmitri Perskov, le porte-parole de la présidence russe.

Pour rappel, la Russie est un allié de premier plan de l’Arménie, dans le cadre de l’Organisation du traité de sécurité collective [OTSC], au point des troupes russes sont déjà présentes sur le territoire arménien. En outre, avec la France et les États-Unis, elle fait partie du groupe de Minsk, chargé par l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] de trouver une solution pacifique au problème du Haut-Karabakh, région à majorité arménienne ayant fait sécession de l’Azerbaïdjan au début des années 1990.

De son côté, la Turquie est un soutien indéfectible de l’Azerbaïdjan, dont elle a encouragé l’offensive au Haut-Karabakh, jusqu’à enngager dans le conflit des mercenaires recrutés par les groupes syriens pro-turc. Les liens entre les deux pays sont même décrits par la formule « une seule nation, deux États ».

Photo : soldats turcs – archive

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